Même si M. Péladeau a quitté tout récemment les plus hautes fonctions du groupe de presse Québecor, il en reste un dirigeant très influent à titre de principal actionnaire et de président de son conseil.
La FPJQ ne doute pas des compétences de M. Péladeau pour occuper ses futures fonctions à Hydro-Québec. Mais elle estime que la première ministre du Québec, Mme Pauline Marois, aurait du chercher ailleurs que dans les rangs des patrons de presse pour combler ce poste au sein de l’une des sociétés d’État les plus en vue au Québec. S’il avait fallu que l’ex premier ministre, M. Jean Charest, nomme Paul Desmarais Jr à la tête d’Hydro-Québec, le monde journalistique aurait été tout aussi inquiet, et à raison.
La nomination politique de M. Péladeau place les journalistes de Québecor dans une situation inconfortable. Se sentiront-ils libres de couvrir de manière critique la société d’État ? Pourront-ils la scruter avec la même attention qu’une autre société publique comme Radio-Canada ?
Le public pour sa part se mettra-t-il à entretenir des doutes sur l’impartialité de la couverture journalistique par Québecor des nombreuses controverses auxquelles Hydro-Québec prête flanc ?
C’est Hydro-Québec, récipiendaire du prix de la Noirceur 2009 de la FPJQ, qui s’est battue bec et ongles pour éviter que sa filiale Hydro-Québec International soit assujettie à la Loi sur l’accès à l’information.
C’est aussi Hydro-Québec qui a consacré des énergies considérables à empêcher les journalistes de pouvoir se représenter eux-mêmes en appel devant la Commission d’accès à l’information.
Un patron de presse ne peut pas être des deux côtés en même temps. La FPJQ croit non seulement à l’indépendance des médias par rapport à l’État mais aussi à l’apparence d’indépendance. Cette nomination jette malheureusement une ombre sur cette valeur fondamentale.