Édition du 17 décembre 2024

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Le mouvement des femmes dans le monde

Pardonner pour se reconstruire après un trauma : info ou intox ?

C’est une affirmation qu’on trouve sur des sites de coaches de vie, sur les réseaux sociaux et même sur des murs féministes : pardonner aux agresseurs serait un moyen de se reconstruire après une agression, voire le passage indispensable vers une reconstruction.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Exemple trouvé il y a quelques jours sur les réseaux sociaux, ce statut d’une femme qui, parce qu’elle a été victime de violences de la part de son ex-mari, se présente sur sa page d’accueil comme « consultante experte en violences conjugales » et vend son expertise, comme conseil ou conférencière, à des associations, organisations etc. Sur cette page d’accueil, rien n’indique qu’elle ait de quelconques diplômes en psycho-traumatologie ou en psychiatrie, il s’agit apparemment d’une experte auto-proclamée.

Dans ce statut, cette personne raconte comment son ex-mari la battait devant ses enfants, buvait, la soumettait à un contrôle coercitif permanent (espionnait tous ses mouvements, la suivait, la harcelait etc.) et a fini par une double tentative d’assassinat sur elle et sur son père. Ayant appris que cet homme, incarcéré dans une prison américaine, était en mauvaise santé et n’avait peut-être plus très longtemps à vivre, elle a décidé de lui rendre visite, pour lui dire qu’elle lui pardonnait. Et elle rapporte que cet acte l’aurait libérée, parce que selon elle, l’absence de pardon vous emprisonne dans la rancune et la colère.

En quoi la colère ou la rancune envers un meurtrier seraient-elles nécessairement négatives ? Pourquoi faudrait-il nécessairement s’en libérer ? La colère, la rancune sont une réaction normale, saine et totalement justifiée face à un tyran domestique qui vous a violentée pendant des années et a finalement tenté de vous assassiner ; chez une victime de tentative de meurtre, c’est l’absence de colère qui serait anormale et préoccupante.

Plus généralement, ressentir ces émotions face à la violence et à la tyrannie, qu’elle soit domestique ou étatique, est positif puisque cela signale un refus de la loi du plus fort, une sensibilité à l’injustice, la présence d’une éthique chez l’individu qui les éprouve : c’est par ce ressenti de colère et d’indignation que commencent toutes les révoltes contre les systèmes d’oppression. La mansuétude bisounoursienne de cette experte peut à première vue paraître admirable mais elle ne signale en fait que l’internalisation de cette vieille norme sexiste selon laquelle les femmes doivent être douces, indulgentes et pacificatrices et que la colère serait inacceptable chez elles, alors qu’elle est parfaitement licite chez les hommes et même constitutive de leur identité virile : loin de chercher à s’en libérer, au contraire ils l’extériorisent, voire la cultivent et s’en servent comme d’un instrument pour affirmer leur pouvoir. Ce double standard flagrant qui prétend priver les femmes (et elles seules) de leur légitime colère contre leurs agresseurs doit être a priori suspect.

Si cette position n’engageait qu’elle, il n’y aurait rien à en dire mais, en tant qu’« experte en violences conjugales », elle préconise le pardon aux agresseurs comme essentiel dans le processus de reconstruction des victimes : ce dangereux conseil est donc susceptible d’être suivi par les victimes de violences qui la lisent.

Il est important de rappeler que la notion de pardon est à l’origine une invention chrétienne – le pardon est un devoir prescrit aux chrétiens dans le Nouveau testament : le chrétien renonce à juger lui-même la personne qui lui a fait du mal et remet ce jugement à Dieu (par-donner) ; mais si l’on ne croit pas en un Dieu qui punit les méchants, comment justifier le pardon ?

Dans la version moderne du pardon – c’est le cas chez cette « experte en violences conjugales » – il n’est plus question de s’en remettre à Dieu mais, paradoxalement, de se guérir des traumas que les agresseurs vous infligent en leur pardonnant : si l’on pardonne, ce serait d’abord pour son bien. En fait, les psychiatres ne préconisent nullement un quelconque « travail de pardon » pour se reconstruire, la guérison des traumas par le pardon n’est pas un concept clinique, juste un concept d’opinion commune, sans validité médicale.

Ce concept étant à l’origine constitutif du dogme d’une religion monothéiste, expression archaïque de l’idéologie patriarcale, on peut suspecter a priori son caractère sexiste (bref rappel : une idéologie, en gros, c’est la version de la réalité élaborée par les catégories dominantes pour servir leurs intérêts, imposée à l’ensemble de la société et en particulier aux dominé.es qui, en internalisant ce point de vue, s’identifient à leurs exploiteurs, à leurs opinions et à leurs objectifs et acceptent leur autorité, leur évitant ainsi d’avoir constamment à recourir à la violence pour l’imposer).

Et en effet, passé au crible de l’analyse féministe, le caractère genré et sexiste du concept de pardon saute aux yeux : c’est aux dominé.es et en particulier aux femmes (bien plus souvent victimes des hommes que l’inverse) que l’on demande de pardonner. De pardonner quand leur mari les trompe, les bat, de pardonner des viols conjugaux, de pardonner l’inceste paternel etc. Il s’agit évidemment d’un pardon à sens unique, toujours des femmes vers les hommes, rarement l’inverse : les hommes ne plaisantent pas avec la chasteté et la fidélité des femmes. Autrefois, dans certains pays d’Europe (Italie, Albanie), quand un mari découvrait, ou seulement soupçonnait, que sa femme était infidèle, il pouvait la tuer sans aucune conséquence pénale : il s’agissait d’un crime d’honneur protégé par les codes législatifs d’alors. Bien évidemment, la réciproque n’était pas vraie, une épouse qui tuait son mari pour cause d’infidélité ou de violences était habituellement punie de mort. Un père dont la fille avait « fauté » ou même avait été violée pouvait la tuer pour laver l’honneur de la famille.

Au 19ème siècle, le Code Napoléon reconduit ce double standard : l’adultère du mari n’y est pas une cause de divorce mais l’adultère de la femme si. Jusqu’en 1975, sans avoir d’existence légale, le concept de « crime passionnel » (crime très majoritairement commis par des hommes sur des femmes) avait valeur de circonstance atténuante pour les auteurs de féminicides traduits devant les tribunaux. Encore de nos jours, quand une femme victime des violences de son époux depuis des années finit par se rebeller, et dans une situation qui s’apparente à de la légitime défense, ose le tuer, elle sera plus sévèrement punie qu’un homme ayant assassiné son épouse ou ex. Le féminicide pour cause d’infidélité, réelle ou imaginaire, continue à représenter un pourcentage appréciable du nombre total des féminicides : c’est la troisième cause recensée de ces crimes, avec un pourcentage d’environ 7% du chiffre total ; par contre, les femmes sont censées faire preuve d’indulgence et de compréhension face à ces inévitables « coups de canif dans le contrat » dus à ces fameuses « pulsions incontrôlables » masculines, et ne pas en tenir rigueur à leur compagnon : l’impératif du pardon, concept genré, est une pseudo-morale imposée exclusivement aux dominées par les dominants, et à leur seul bénéfice.

Les avantages de cette morale du pardon à sens unique sont évidents pour les hommes : quoi qu’ils aient fait, quelles que soient les violences et abus divers qu’ils infligent aux femmes pour les garder sous leur contrôle, on doit les excuser, effacer leur ardoise, c’est la religion catholique (c’est-à-dire les hommes qui en élaborent les dogmes et en dirigent les institutions depuis ses origines) qui nous le dit. Et maintenant des « psychologues » et consultant.es en développement personnel recyclent ce « message libérateur ». Car le pardon serait bon pour nous, il nous permettrait d’évacuer nos traumas, de tourner la page, de retrouver la paix. De nombreuses femmes, et même des féministes, acceptent béatement cette mystification patriarcale.

Le pardon n’est bon que pour ceux qui sont pardonnés et qui, après avoir violé et battu des femmes, peuvent dormir la conscience tranquille, sans craindre la rage, la vengeance ou la rébellion de celles qu’ils ont horriblement traitées, ni la sanction de la justice. C’est une façon de supprimer la légitime colère des victimes, de leur intimer de cesser de plomber leur entourage avec leurs griefs et leur ressentiment, de pacifier les relations familiales et sociales sur leur dos, de remettre le compteur à zéro pour les agresseurs, alors que les victimes doivent vivre avec les conséquences de l’agression, souvent ineffaçables, toute leur vie (cauchemars, flashbacks, angoisse, invalidité, addictions etc.).

Je me souviens d’avoir vu ma première victime de violences conjugales (je veux dire identifiée publiquement comme telle) alors que j’avais une douzaine d’années : une femme du voisinage, handicapée en chaise roulante qui vivait seule avec sa fille et dont on disait, à mots couverts, qu’elle était paralysée à la suite d’une chute dans un escalier, et que ce serait son ex-mari ivrogne qui la battait régulièrement qui l’aurait poussée. Cette femme aurait-t-elle dû pardonner à celui qui l’avait condamnée à la chaise roulante à vie ?

Les spécialistes en psycho-traumatologie ne disent absolument pas que le pardon soit nécessaire à la reconstruction des victimes ; Alice Miller en particulier insiste sur ce point : « le pardon ne supprime pas la haine latente et la haine de soi-même, il les enfouit de manière très dangereuse » [1]. Et c’est logique : pardonner, c’est poser qu’un acte de volonté, donc conscient, peut faire disparaître un trauma et les émotions intenses qui en découlent – la colère, la haine, l’angoisse – et même en libérer notre inconscient. Or c’est impossible : nous pouvons contrôler nos actes mais pas ce que nous ressentons, et encore moins les affects et les peurs diffuses qui fermentent dans les profondeurs de notre psyché. Pardonner, c’est balayer nos émotions sous le tapis, ce qui augmente leur emprise sur nous, car plus nous les refoulons, plus elles nous influencent, et de façon d’autant plus pernicieuse que cette influence devient indétectable – somatisations, comportements à risques, addictions, automutilation, accès de panique irraisonnés, etc. : le trauma refoulé s’exprime par les symptômes.

Proposer le déni comme méthode de reconstruction est un non-sens thérapeutique parce que ce qu’on refoule essaye désespérément de refaire surface : nous pouvons empêcher nos émotions de contrôler nos comportements, nous pouvons les refouler mais nous ne pouvons pas les éradiquer. Le pardon ne peut pas être une stratégie de résilience à destination des femmes victimes de violences masculines car il ne guérit pas le traumatisme, il le camoufle.

J’ai plusieurs exemples autour de moi de personnes qui ont cru que le pardon pouvait les guérir de leurs traumas, elles ont cru en particulier que pardonner les dispensait de suivre une psychothérapie suite à des violences graves subies dans l’enfance et ont mis en oeuvre des solutions contre-traumatiques qui ont prolongé l’agression initiale (dissociation, évitement social, prise de médicaments au long cours, addictions, refus de se soigner/faux sentiment d’invincibilité–et bien sûr déni). Certaines de ces personnes sont mortes jeunes, après avoir connu de graves problèmes d’alcoolisme et de toxicomanie, de difficultés relationnelles, de dépression, de troubles mentaux et de mal-être général.

Le pardon des agresseurs peut-il être considéré comme une démarche féministe ? Évidemment non, et pour de multiples raisons : pardonner, se réconcilier avec son agresseur, c’est obéir à une injonction patriarcale millénaire qui est un élément essentiel de notre socialisation féminine : dès la cour de récré, nous sommes socialisées à pardonner aux hommes, à minimiser leurs violences (« s’il te harcèle, c’est que tu lui plais »), à toujours les aimer quoi qu’ils nous fassent, à maintenir le lien à tout prix et à ne jamais les rejeter totalement : il est vital pour eux que le lien hétérosexuel ne soit jamais rompu car il est ce qui rend possible notre exploitation. Par définition, nous conformer à ce que les hommes prescrivent aux femmes depuis des siècles ne peut pas être considéré comme féministe.

Cette socialisation au dévouement à sens unique qui dresse les femmes à materner tout le monde en s’oubliant elles-mêmes, à défendre même ceux qui leur font du mal, à nier leurs blessures pour pouvoir pardonner les offenses, à ignorer leurs propres besoins, à piétiner leur dignité et à toujours arrondir les angles pour ne pas faire tanguer la barque nous inculque des comportements-réflexe de soeurs de charité, d’infirmières et de nounous d’autant plus difficiles à contrôler qu’ils ne sont pas conscients : dès que quelqu’un-e semble avoir besoin d’aide, nous volons à son secours, instinctivement–nous avons appris qu’aider est notre vocation, la chose que nous savons faire, notre fonction sociale par excellence. Pardonner c’est assumer les rôles stéréotypiques que le patriarcat nous assigne : soigner, protéger, pacifier – aux dépens de notre santé, de notre protection et de notre paix.

Il n’y a rien de mal en soi dans le care et la solidarité, ce qui pose problème d’un point de vue féministe c’est, outre leur non-réciprocité, le caractère de réflexe non analysé de ces comportements, le fait que nous les adoptons systématiquement et sans réfléchir, dans des situations où ils sont inadaptés, voire contre-productifs : pardonner à un repris de justice meurtrier qui n’a cessé d’être dangereux que parce qu’il est incarcéré, qui vous a battue et terrorisée pendant des années, a traumatisé vos enfants témoins de ces violences et a tenté de vous assassiner, ainsi que votre père, ce n’est pas de la bonté, c’est du masochisme.

Cela devrait être évident : dans la mesure où le pardon libère les agresseurs de toute responsabilité et protège leur impunité, il ne peut qu’être dommageable pour les victimes. En pardonnant à son agresseur, une femme se soumet à sa volonté, répétant ainsi le schéma de l’agression. Qui plus est, en introjectant la volonté destructrice de son bourreau, elle s’auto-victimise, continuant ainsi le « travail » de destruction à sa place. Une victimisation étant toujours une humiliation – le violeur, le batteur vous a rabaissée, vous a utilisée comme objet pour sa gratification sexuelle et narcissique, il s’est servi de vous ; quand vous lui pardonnez, vous vous humiliez à nouveau, vous ravalez votre fierté, vous vous rabaissez devant lui – mais cette fois-ci, il ne vous force pas, votre soumission est volontaire. La soumission volontaire est le degré ultime de la soumission : l’agresseur ne contrôle pas seulement votre comportement, il s’est installé dans votre tête (la « colonisation psychique »), il contrôle vos pensées et n’a même plus besoin de recourir à la coercition et à la violence pour vous faire faire ce qu’il veut.

En fait, le besoin de cette femme de pardonner à tout prix à son ex, de mendier un mot d’excuse de sa part pour se sentir enfin « libérée » et pouvoir tourner la page met en évidence à quel point elle est encore suspendue, comme pendant leur relation, aux moindres faits et gestes de son bourreau, à quel point sa parole est encore importante pour elle, puisqu’elle croit qu’un mot de lui aura le pouvoir magique d’effacer son trauma. A un moment de leur entretien, son ex lui déclare qu’elle « a été une bonne épouse, la meilleure des épouses », et ce compliment lui fait un immense plaisir : avoir été la domestique dévouée de ce criminel pendant des années, et le fait qu’il lui décerne une sorte de médaille pour cela la remplit de fierté, la moindre marque d’approbation de sa part la rend heureuse et efface des années de violences. Ce que signale ce comportement de mendiante, ce n’est pas une libération du trauma, c’est au contraire une situation d’emprise et de « trauma bonding » non résolue : une femme victime d’un syndrome de Stockholm, pleine d’empathie pour son tortionnaire et incapable de rompre ses liens affectifs avec lui.

En pardonnant, une victime reconnait implicitement que sa vie, ses souffrances, son mal-être post-traumatique sont moins importants que la vie, l’avenir et le bien-être de son agresseur : on enseigne aux femmes qu’il ne faut pas dénoncer les violeurs ou les pères incestueux parce qu’elles vont ruiner leur carrière et briser leur famille. Pardonner, c’est reconnaître que protéger les hommes – leur réputation, leur carrière, leur vie – est plus important que se protéger soi-même, c’est valider qu’ils comptent plus que vous. Cette attitude d’abnégation féminine autodestructrice est révélatrice d’une profonde identification masculine : si cette experte a pu vivre de longues années avec un homme violent, c’est qu’elle lui a beaucoup pardonné – beaucoup trop. Lui pardonner de nouveau, c’est continuer à s’écraser devant lui.

La socialisation féminine à l’altruisme sacrificiel est une entreprise de masochisation collective des femmes qui est essentielle au maintien de la domination masculine : elle vise à leur faire internaliser qu’il est normal et inévitable que les hommes les fassent souffrir, qu’elles doivent non seulement subir ces souffrances sans se plaindre et ne jamais se révolter contre leurs oppresseurs mais qu’elles doivent en plus excuser et aimer ceux qui leur font du mal et ne jamais cesser de les soigner et de les guérir. Et même de les guérir des remords que les violences qu’ils leur ont infligées pourraient éventuellement leur inspirer sur le tard : cette femme rend visite dans sa prison à celui qui a essayé de la tuer, pour qu’il puisse mourir l’âme en paix, débarrassé de toute culpabilité.

Et l’experte en violences conjugales plaide pour une « justice restaurative », c’est-à-dire pour qu’une rencontre entre victime et agresseur ait lieu, qu’un dialogue s’instaure entre eux, que la victime comprenne quelles ont été les motivations de l’agression, quelles circonstances, nécessairement atténuantes, ont fait de lui un agresseur, un tel échange devant déboucher sur le pardon et la réconciliation. Mais le plus souvent, les agresseurs ne reconnaissent pas leurs torts, au mieux présentent des excuses insincères, aucune réparation n’est effectuée (une réparation est-elle même possible ?), la confrontation est un échec, et les victimes en sortent déçues voire retraumatisées. Dans le cas de cette experte, quelle crédibilité peut-on accorder aux quelques mots de repentir de son ex, repris de justice incarcéré, malade et âgé qui, s’il était encore libre, jeune et vigoureux, continuerait sans doute à violenter des femmes ?

En réalité, la justice restaurative ne restaure que la tranquillité des hommes violents et la paix sociale et familiale, rien ne change pour la victime, à qui on demande d’oublier son trauma et de se préoccuper avant tout de la rédemption de son agresseur. La justice restaurative envoie le message que la paix sociale et familiale doit passer avant la santé et la sécurité des femmes, et la seule chose qu’elle restaure, c’est l’ordre patriarcal.

Car le pardon et la réconciliation avec les agresseurs, en plus de compromettre la santé mentale des femmes, leur dignité et leur estime de soi, les met directement en danger : il devrait être évident pour cette « spécialiste des violences conjugales » que se réconcilier avec son agresseur, c’est s’exposer à de nouvelles agressions de sa part : si la colère est une protection contre ces agressions, pardonner en prive les femmes. Plus généralement, le pardon, en contribuant à l’impunité des agresseurs et en faisant en sorte que ceux-ci échappent aux conséquences de leurs agressions, encourage la violence masculine. Face à une agression, la justice doit passer et le pardon ne doit en aucun cas s’y substituer. Recommander le pardon aux agresseurs, c’est faire passer le message que, finalement, les violences conjugales, et même une tentative de meurtre, ce n’est pas si grave : cela dédramatise et relativise ces violences et les normalise objectivement.

Il est préoccupant de penser que des femmes suivront les aberrants conseils de cette experte. Dont l’irréflexion évoque la démarche d’une autre experte auto-proclamée, se disant spécialiste de la pédophilie et des thérapies de reconstruction des personnes ayant été victimes de pédocriminels, et qui se vante d’atteindre cet objectif en … mettant en contact des pédophiles et des victimes (oui, vous avez bien lu). Les exposant ainsi, au mieux à une réactivation traumatique voire à une ré-agression par les prédateurs ainsi rencontrés.

Le concept du pardon aux agresseurs comme libérateur du trauma est une aberration : il est insane de croire que c’est l’auteur du trauma qui détient le pouvoir de vous en guérir.

Et quand des personnes, comme cette experte, présentent comme féministes des normes de comportement que l’idéologie dominante (c’est-à-dire patriarcale) prescrit aux femmes depuis des siècles et dont l’observation compromet leur dignité, leur sécurité et leur santé mentale, on doit systématiquement mettre en doute la validité de leurs affirmations.

[1] Miller https://www.alice-miller.com/a-propos-du-pardon/

Francine Sporenda

https://revolutionfeministe.wordpress.com/2022/09/04/pardonner-pour-se-reconstruire-apres-un-trauma-info-ou-itox/

Francine Sporenda

Américaine qui anime le site Révolution féministe.

https://www.facebook.com/RevolutionFeministe/

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