Édition du 19 novembre 2024

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Afrique

Numsa : fin de la grève dans la métallurgie sud-africaine

Après quatre semaines de grèves, les métallurgistes ont massivement accepté les propositions d’augmentation de salaires négociées entre leur syndicat, Numsa et le patronat. Mais la question de la législation du travail est clairement posée par le gouvernement après deux grèves qui ont gravement affecté l économie sud-africaine.

Pour Irvin Jim, le dirigeant du Numsa, l’accord est « une victoire massive pour les travailleurs ». L’accord, d’une durée de trois ans accorde 10% d’augmentation de salaires chaque année pour les bas salaires et 8% aux salaires plus élevés. La majorité des travailleurs syndiqués au Numsa sont dans la première catégorie, ceux syndiqués à Solidarity, majoritaire chez les travailleurs blancs, l’autre syndicat qui a aussi signé l’accord, dans la seconde catégorie. Le patronat n’a cédé qu’en partie à la revendication de l’interdiction totale du recours aux sous-traitants en acceptant de le limiter.

La question épineuse du recours à la grève pendant les trois années couvertes par l’accord a été tranchée par un compromis qui permet aux travailleurs de faire grève pour des questions autres que celles comprises dans l’accord. La Fédération de la métallurgie et des industries mécaniques, Seifsa, qui regroupe les grandes entreprises, en particulier celles de l’automobile, est la seule organisation patronale a avoir signé l’accord. L’Association nationale de la métallurgie, Neasa, qui regroupe les petites et moyennes entreprises, a refusé de signer l’accord en déclarant que ses adhérents n’avaient pas les moyens d’accorder plus de 8% d’augmentation et que cet accord augmentait les risques de licenciements.

Le principe de la convention collective est menacé par ce refus d’une partie du patronat d’appliquer un accord conclu dans une branche d’activités. Pour éviter tout retard dans l ‘application de cet accord conclu après quatre semaines de grève et l’intervention du Ministre du travail, les syndicats veulent une parution rapide dans le journal officiel sud-africain. Mais cela sera-t-il suffisant pour que les petits patrons obtempèrent et accordent les augmentations ?

Cette grève qui selon le Seifsa a coûté 300 millions de rands par jour, en arrêtant les chaînes de production automobile et le travail des entreprises liées à l’automobile, pose la question des relations dans le monde du travail.

Le Numsa en signant l’accord et en reprenant le travail en a bien conscience en déclarant que « les conventions collectives sont confrontées à de sérieux défis » et en regrettant le manque de soutien du gouvernement aux petites et moyennes entreprises.

Cette grève de quatre semaines qui a suivi celle des mineurs de platine qui a duré cinq semaines, toute deux marquées par des actes de violences, remet en question le droit à la grève. Cyril Ramaphosa, le vice président, voudrait que le grève soit votée à bulletin secret ce qui a provoqué la colère des syndicats. L’Anc à l’issue de son Comité national exécutif a fait cette déclaration : « l’Anc salue l’accord intervenu dans le secteur de la métallurgie…Il est nécessaire d’ouvrir un débat dans la société pour trouver collectivement une solution durable aux grèves qui durent trop longtemps et qui ont un effet négatif sur la vie des travailleurs et sur l’économie. Un tel débat ne doit pas être vu comme une attaque sur les droits des travailleurs à faire grève, mais comme un pas important pour limiter les effets négatifs des grèves trop longues sur les travailleurs et l’économie ».

Le débat est donc ouvert et on peut s’attendre à de vigoureuses discussions entre syndicats, patronat et gouvernement dans les mois à venir.

Jacqueline Dérens

Blogueuse sur le site de Mediapart (France). Ancienne militante contre l’apartheid, fondatrice de l’association RENAPAS - Rencontre nationale avec le peuple d’Afrique du Sud.

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