Tiré de Courrier international.
Le gouvernement canadien a dévoilé le 27 novembre “la très attendue stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique, écrit Le Devoir, qui prévoit un investissement de près de 2,3 milliards de dollars [canadiens] dans la région sur les cinq prochaines années”. Soit 1,6 milliard d’euros.
Message central du document rendu public dimanche à Vancouver : Ottawa “prend ses distances avec l’‘empire du Milieu’”, souligne le journal québécois, montrant sa volonté “de diversifier ses relations avec d’autres acteurs de la région, comme l’Inde, l’Indonésie, le Japon et la Corée du Sud”.
Soulignant que cette région indo-pacifique représentera d’ici à 2040 plus de la moitié de l’économie mondiale et qu’elle abrite six des treize principaux partenaires commerciaux du Canada, le document de 26 pages appelle à saisir ces occasions pour “bâtir [sa] prospérité future”.
La stratégie est construite autour de cinq grands objectifs, rapporte Radio-Canada : “la paix, la résilience de la chaîne d’approvisionnement, les droits de la personne et des femmes, les changements climatiques, ainsi que l’accroissement de la présence du Canada dans le monde”.
Une Chine “de plus en plus perturbatrice”
Le document contient des mots durs envers la Chine, mentionnée plus d’une cinquantaine de fois. Un pays qui est le deuxième partenaire commercial canadien en importance, mais avec lequel Ottawa est en brouille depuis l’affaire Huawei.
On y lit que “la Chine est une puissance mondiale de plus en plus perturbatrice”, dont l’essor a été “rendu possible par les mêmes règles et normes internationales que ce pays méprise de plus en plus”.
Ottawa continuera de coopérer avec Pékin sur plusieurs fronts, dont le changement climatique et la prolifération nucléaire. Mais la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a été claire devant la presse. Son pays va investir pour augmenter sa présence militaire dans la région sujette, dit-elle, à “des problèmes de plus en plus complexes”. Son document précise :
- “Le Canada continuera également à travailler avec ses partenaires pour repousser toute action unilatérale menaçant le statu quo dans le détroit de Taïwan, ainsi que dans les mers de Chine orientale et de Chine méridionale.”
Vive réaction de Pékin
À Pékin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, cité par le journal chinois Global Times, a pourfendu le document canadien, le qualifiant d’attaque contre la Chine, avant d’avertir :
- “La Chine ne tolérera aucune ingérence extérieure sur les questions liées à l’île de Taïwan, à la région du Xinjiang et à Hong Kong.”
Interrogée par le Toronto Star, une spécialiste des relations avec la Chine à l’université d’Ottawa, Magaret McCuaig-Johnston, juge que cette stratégie montre qu’Ottawa reconnaît que la Chine a changé. Le politologue Dominique Caouette, du Centre d’études asiatiques de l’université de Montréal, salue auprès du Devoir la “lecture exhaustive et compréhensive” que fait le gouvernement de la région indo-pacifique.
Peu impressionné, l’ancien ambassadeur canadien en Chine, David Mulroney, déclare au Globe and Mail que le Canada ne fait ainsi que du rattrapage par rapport aux positions déjà adoptées par ses alliés, en particulier les États-Unis, envers la Chine.
Martin Gauthier
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