Rappelons qu’en 2014, Nature Québec a mobilisé la population dans un vaste débat qui a abouti à l’abandon du controversé projet de terminal pétrolier que voulait construire la compagnie Trans Canada, justement en raison de la présence des bélugas. Des impacts importants pour l’espèce menacée emblématique du fleuve Saint-Laurent ont été évités de justesse par l’obtention d’une injonction en septembre 2014 à l’encontre de travaux préliminaires visant l’installation de ce port pétrolier.
« Il est aberrant de constater que, deux ans après cette saga du port pétrolier de Trans Canada, le gouvernement Couillard récidive avec son projet de favoriser Cacouna comme zone industrialo-portuaire de sa nouvelle stratégie maritime. Cela va à l’encontre de la protection de cet habitat qui constitue la pouponnière des bélugas » souligne Me Michel Bélanger, président de Nature Québec. « Déjà l’été dernier, le gouvernement du Québec avait avancé cette idée, mais nous pensions qu’il avait compris l’importance de protéger cet habitat, surtout que le gouvernement fédéral vient de déposer un projet d’arrêté ministériel pour protéger l’habitat jugé critique pour la survie du béluga du Saint-Laurent. » poursuit Me Bélanger. En effet, le 14 mai dernier, le ministre des Pêches et des Océans du Canada, a publié un projet d’arrêté visant cette population et qui aura pour effet d’activer les interdictions de détruire un élément de l’habitat essentiel prévues par la Loi sur les espèces en péril (LEP).
Le ministre responsable de la stratégie maritime Jean D’Amour tente de se faire rassurant sur le respect des principes du développement durable, mais la nouvelle stratégie maritime ne semble pas intégrer les enjeux écologiques essentiels entourant la protection et l’utilisation durable du Saint-Laurent. « Le cas du béluga en est un exemple flagrant : Quels moyens seront pris pour limiter le dérangement des bélugas femelles et leurs nouveau-nés dans le secteur de la zone industrialo-portuaire de Cacouna ? Comment le gouvernement entend-il atténuer les impacts de l’augmentation du trafic maritime dans le secteur du Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent découlant du développement de la zone industrialo-portuaire à Saguenay ? Comment le développement des croisières d’observation des baleines et l’augmentation des services de traversiers seront-ils encadrés pour réduire les impacts dans l’habitat essentiel du béluga ? Toutes ces questions doivent être abordées dès le début du développement des projets » affirme Marilyn Labrecque, chargée de projet Biodiversité à Nature Québec.
Nature Québec souhaite rappeler au ministre D’Amour ainsi qu’au Premier ministre Couillard leur devoir en matière de protection du béluga et du Saint-Laurent et ce, même à l’intérieur d’une stratégie essentiellement économique.