Le RSSS était mal préparé à faire face à la pandémie. Pendant des décennies, la population québécoise a été témoin de compressions budgétaires et de centralisation qui ont malmené le réseau. Les syndicats ont dû dénoncer trop souvent les piètres conditions de travail et les conséquences sur les services à la population. Bien avant la crise, nous constations déjà les importantes difficultés des services publics à attirer la relève et à retenir les personnes les plus expérimentées, et ce, dans toutes les catégories de personnel.
La pandémie naissante annonçant un alourdissement des charges de travail et des conditions de travail du personnel déjà épuisé à cause de la pénurie, le gouvernement de la CAQ décide d’instaurer des primes visant à inciter certains salariés à travailler plus d’heures et à reconnaître leurs efforts extraordinaires dans la lutte à la COVID-19.
Qu’on nous comprenne bien, ces primes sont nécessaires, surtout considérant le retard de leur rémunération en comparaison aux autres salarié-es du Québec, mais elles ne doivent pas qu’être un coup de pub pour François Legault et Christian Dubé. Sans aucune consultation avec les représentantes et les représentants syndicaux ni de portrait complet de ce qui est vécu sur le terrain, le message qui est envoyé par le gouvernement en est un de division et d’iniquité pour les travailleuses et les travailleurs au front depuis près d’un an.
De nombreuses exclues
Comment le ministre justifie-t-il qu’une infirmière ou une préposée aux bénéficiaires qui interagit avec une personne infectée reçoive cette prime, mais pas la physiothérapeute, l’ergothérapeute, ni l’agent d’intervention en milieu psychiatrique qui travaillent auprès de ce même patient ?
Les technologistes et les techniciennes qui travaillent dans les laboratoires de même que le personnel au retraitement des dispositifs médicaux jouent un rôle précieux dans cette crise. La COVID-19, ils ont les deux mains dedans. Et pourtant, le gouvernement fait comme s’il pouvait se passer d’eux.
Comment expliquer que les technologues du secteur de l’imagerie médicale soient exclues de cette prime, alors qu’elles doivent interagir quotidiennement avec des personnes infectées ou à risque de l’être pour passer divers tests diagnostiques ? Que dire de l’agente administrative qui accueille les bénéficiaires à leur arrivée ou qui travaille dans des unités avec des bénéficiaires atteints de la COVID-19 ?
Les perfusionnistes ont un rôle névralgique dans les salles d’opération, et pourtant, elles sont les seules professionnelles des équipes de soins infirmiers à être exclues de cette mesure.
Ce ne sont là que quelques exemples de ces travailleuses et travailleurs que le gouvernement refuse de considérer à leur juste valeur.
Des effets pervers
Une seule absence au travail peut faire perdre accès à la prime. Il est inadmissible qu’une personne qui doit prendre un congé pour le décès d’un proche ou pour des responsabilités familiales perde le bénéfice complet de la prime pour la semaine. Pire encore, qu’une personne infectée par le virus se voie pénalisée de 200 $, suivant son retrait du travail.
Ces situations, sur le terrain, créent de la déception, de l’insatisfaction au travail, de la démotivation chez des dizaines de milliers de personnes. Pire, cela peut inciter le personnel à ne pas déclarer ses symptômes pour ne pas perdre les bénéfices de la prime d’assiduité. Cela va à l’encontre des recommandations de la Santé publique. Pourtant, toutes ces personnes – et plein d’autres – jouent un rôle crucial. Elles sont irremplaçables ! Elles méritent toutes la justice et la reconnaissance.
Il faut rétablir l’équité et redonner confiance en l’avenir à tout le personnel du réseau de la santé et des services sociaux.
Andrée Poirier, présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
Ginette Langlois, présidente de la Fédération des professionnèles (FP–CSN)
Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN)
Claire Montour, présidente de la Fédération de la santé du Québec (FSQ–CSQ)
Frédéric Brisson, président du Conseil provincial des affaires sociales (CPAS-SCFP-FTQ)
Sylvie Nelson, présidente Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES–FTQ)
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