« Depuis plusieurs mois, on a pu entendre qu’Anticosti était tantôt un joyau intact, tantôt un désastre écologique. On a parlé aussi d’un gisement potentiel composé essentiellement de gaz puis finalement qu’il s’agirait de pétrole, etc. Avec tout ce qu’on entend, il était important pour Nature Québec de démystifier la situation en se basant notamment sur les nombreuses études parues dans le cadre de l’évaluation environnementale stratégique spécifique à Anticosti », mentionne Sophie Gallais, chargée de projets Aires protégées à Nature Québec. Ces études sont également à la base du rapport gouvernemental concernant l’évaluation environnementale stratégique (EES) spécifique à Anticosti, publié hier.
Anticosti et pétrole : ce qu’il faut savoir
Le rapport décrit en premier lieu les caractéristiques écologiques, culturelles et socioéconomiques de l’île d’Anticosti. Au niveau du patrimoine naturel, il est certes question de l’impact de l’introduction du cerf de Virginie sur la régénération de la forêt mais le rapport traite également de la biodiversité d’intérêt à Anticosti : rivières à saumons, grande diversité d’espèces d’oiseaux, flore particulière, productivité exceptionnelle des eaux marines, etc. À titre d’exemple, quatorze espèces de mammifères marins fréquentent les eaux marines d’Anticosti : du béluga au rorqual bleu, en passant par l’épaulard, les phoques, les dauphins… Les rivières d’Anticosti sont favorables aux salmonidés, notamment le fameux saumon atlantique. Une étude récente a d’ailleurs démontré que « seulement deux bassins versants primaires sur un total de 49 sur l’île d’Anticosti disposeraient de ressources en eau en quantité suffisante pour répondre aux besoins de l’industrie des hydrocarbures, et ce, pour satisfaire au total un maximum de quatre sites de forage exploités simultanément ».
En seconde partie, le rapport revient sur l’historique de la recherche de pétrole sur l’île d’Anticosti depuis le début des années 1960 jusqu’à l’exploration pétrolière d’aujourd’hui. Les techniques d’exploration pétrolière sont ensuite présentées ainsi que les impacts potentiels de ces activités sur le milieu naturel (contamination de l’eau, menaces pour le saumon atlantique), sur la santé humaine, sur la pollution atmosphérique. La fracturation hydraulique est en effet une opération qui nécessite de grandes quantités d’eau et comporte plusieurs risques majeurs. Ces risques sont d’autant plus importants à Anticosti, considérant les particularités de ce milieu insulaire : phénomènes karstiques, systèmes de failles, profondeur du shale de Macasty, etc.
L’encadrement légal des activités d’exploration pétrolière est discuté dans la troisième partie. Puis, les impacts socioéconomiques du développement des hydrocarbures sont soulevés. Il est question des estimations pétrolières et de leurs incertitudes : quelle est la quantité d’hydrocarbures potentiellement en place ? Est-ce du pétrole ou du gaz ? Le rapport se penche aussi sur les retombées et impacts pour la communauté anticostienne ainsi que sur les problèmes de cohabitation avec le récréotourisme (principal moteur économique de l’île) que soulève l’exploitation des hydrocarbures.
Quel avenir pour Anticosti ?
À la lumière des faits, Nature Québec émet plusieurs recommandations. « En premier lieu, nous demandons au gouvernement de ne pas émettre les autorisations pour les activités de forage et de fracturation hydraulique prévues respectivement en 2016 et 2017, en raison leurs impacts potentiels significatifs. Nous demandons également au gouvernement de travailler de concert avec la communauté anticostienne pour développer une vision concertée du développement durable de l’île d’Anticosti. Enfin, un fonds de diversification devrait être constitué pour assurer le maintien d’une communauté insulaire viable », conclut Christian Simard.
Vous pouvez consulter et télécharger le rapport « Anticosti et pétrole : Faits, enjeux et perspectives d’avenir » sur le site de Nature Québec, en cliquant ici.
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