Tiré de El Watan.
La contestation a éclaté, le 17 octobre 2019, en raison d’une taxe gouvernementale sur l’utilisation de WhatsApp. Si les autorités ont rapidement supprimé cette mesure, le soulèvement a gagné l’ensemble du pays, pour se transformer en révolte sociale et politique revendiquant le départ de l’ensemble de la classe politique. Deux gouvernements ont démissionné depuis le début de la contestation.
Mais les mêmes politiciens, souvent d’anciens acteurs de la guerre civile (1975-1990), les mêmes partis et les mêmes familles détiennent jusque-là le pouvoir. Conformément aux Accords de Taëf d’octobre 1989, qui ont mis fin à cette guerre, la structure du gouvernement du pays est tripartite : elle est partagée entre un président de la République chrétien, un président du Conseil sunnite ainsi qu’un président de la Chambre des députés de confession chiite.
Les pouvoirs du président de la République maronite sont, quant à eux, réduits en faveur du président du Conseil. « Tout au long d’une année catastrophe, les griefs et les demandes légitimes des Libanais n’ont pas été entendus », a observé vendredi le coordinateur spécial de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour le Liban, Jan Kubis. « Tout cela a encore aggravé le manque de confiance des Libanais envers leurs dirigeants », a-t-il ajouté. L’ex-Premier ministre, Saad Hariri, qui a démissionné à l’automne 2019, s’est dit récemment disposé à prendre la tête d’un nouveau gouvernement.
Sur Twitter, le président Michel Aoun a réitéré, hier, son appel aux contestataires pour travailler ensemble pour faire sortir le pays de la crise multidimensionnelle à laquelle elle est confrontée. « Ma main est toujours tendue pour travailler ensemble et concrétiser les appels à des réformes », a-t-il indiqué. Initialement prévues jeudi, des consultations parlementaires visant à désigner le futur chef du gouvernement ont été reportées d’une semaine.
Situation alarmante
Le premier anniversaire de la révolte d’octobre intervient alors que le pays traverse une grave crise économique marquée par un effondrement de la monnaie nationale et des restrictions bancaires sur les retraits et les transferts à l’étranger. Et pour la première fois de son histoire, le pays du Cèdre a annoncé, en mars, être en défaut de paiement. Selon l’agence internationale Standard and Poor’s (S&P), le Liban croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit près de 170% de son produit intérieur brut (PIB). Beyrouth s’est engagé, en 2018, à effectuer des réformes en contrepartie de promesses de prêts et de dons d’un montant total de 11,6 milliards de dollars.
En mai dernier, il a entamé des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir une aide cruciale dans le cadre d’un plan de sauvetage élaboré par le gouvernement. Mais le processus est toujours au point mort. Le pays est classé 138e sur 180 dans l’indice de perception de la corruption de l’organisation non gouvernementale Transparency International. Près de la moitié de la population vit dans la pauvreté et 35% de la population active est au chômage, selon des statistiques officielles.
Des données de l’Administration officielle des statistiques au Liban rendues publiques fin août font état d’une augmentation alarmante de 112,4% des prix à la consommation, contre un peu moins de 90% en juin dernier.
A cela s’ajoutent des dizaines de milliers de licenciements et des coupes salariales dans un pays où désormais la moitié de la population vit dans la pauvreté et la pandémie de Covid-19. Le conflit syrien a débordé sur le pays.
Avec une population de 4,5 millions d’habitants, le Liban dit accueillir 1,5 million de réfugiés syriens, dont près d’un million inscrits auprès de l’ONU. Mais la classe politique demeure toujours en place, ignorant les appels de la rue à la démission et de la communauté internationale à des réformes.
Le gouvernement de Hassan Diab a démissionné dans la foulée de l’explosion, dont la responsabilité est imputée, par une grande partie de l’opinion, à l’incurie des dirigeants.
De l’aveu même des autorités, l’explosion a été provoquée par une énorme quantité de nitrate d’ammonium, stockée depuis plus de six ans « sans mesures de précaution ».
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