La violence conjugale est éminemment présente pour ces femmes ; « Il en existe néanmoins qui montrent que le taux de femmes autochtones victimes de violence est considérablement plus élevé que chez les femmes non autochtones (Statistique Canada, 2006b).
Dans le rapport de Statistique Canada (2006b) intitulé La violence familiale au Canada, on précise que 24 % des femmes autochtones ont dit avoir été victimes de la violence d’un mari ou conjoint de fait actuel ou ancien pendant les cinq années se terminant en 2004. La gravité et l’étendue de la violence conjugale étaient en outre plus prononcées chez les femmes autochtones ; ainsi, elles étaient plus susceptibles de déclarer qu’elles avaient subi les formes de violence les plus sérieuses, soit d’avoir été battues, étranglées, menacées à l’aide d’un couteau ou d’une arme à feu, ou encore agressées sexuellement (54 % des femmes autochtones par rapport à 37 % chez les femmes non autochtones).
Enfin, elles étaient plus nombreuses que les non-Autochtones à avoir subi des blessures en raison de violence conjugale, tandis que le taux d’homicide conjugal s’est révélé plus élevé chez elles que chez les femmes non autochtones ou les hommes autochtones. Selon d’autres rapports, les femmes autochtones sont huit fois plus susceptibles d’être maltraitées que les non autochtones, et 87 % d’entre elles avaient subi des blessures physiques tandis que 57 % avaient été agressées sexuellement (ONWA, 1989). Les enfants autochtones sont témoins de plus de la moitié des actes de violence perpétrés par des adultes à domicile et sont eux-mêmes la cible de mauvais traitements et surtout de viols, près des trois quarts des jeunes filles autochtones de 18 ans ou moins ayant été violées (ONWA et OFIFC, 2007). Des cas connus où des accusations ont été portées contre l’agresseur (261), on a découvert que 23 % des femmes avaient été tuées par un partenaire actuel ou ancien ; que 17 % des accusés étaient des connaissances de la femme ou de la fille, c’est-à-dire un ami, un voisin ou quelqu’un qu’elle connaissait ; et que 16,5 % étaient des étrangers sans lien antérieur avec la victime. Les femmes autochtones étaient trois fois plus susceptibles d’être tuées par un étranger que les non autochtones (AFAC, 2010) En Ontario, huit femmes autochtones sur dix ont été victimes de violence familiale (ONWA, 1989), tandis que chez la population autochtone du nord de la province, on croit que ce pourcentage se situe entre 75 % et 90 % (ONWA et OFIFC, 2007). De plus, dans le nord de l’Ontario, les femmes se disant autochtones étaient plus susceptibles de rapporter qu’elles avaient été victimes de violence conjugale au cours de l’année précédente ou à quelque moment de leur vie que les femmes non autochtones (Cox, Bota, Care, Bretzlaff-Michaud, Sahai et Rowe, 2004). [1]
« Au Canada, les statistiques indiquent que les femmes et les filles autochtones obtiennent certains des pires résultats :Les femmes autochtones âgées de 15 ans et plus sont de trois à cinq fois plus à risque de subir de la violence que les femmes non autochtones ;Le taux de violence conjugale pour les femmes autochtones est trois fois plus élevé que celui des femmes non autochtones ;Près du quart des femmes autochtones ont vécu une certaine forme de violence conjugale au cours des cinq années précédant l’Enquête sociale générale de 2004 ; [2]
L’ampleur du problème de violence envers les femmes ne peut se situer uniquement dans les relations homme-femme. Il faut voir tout le contexte des communautés et toute la situation de marginalisation des nations autochtones. Le Canada a appliqué durant des décennies de la discrimination systémique et des politiques de génocides. Cela crée des climats de frustration et de violence.
Les causes profondes de cette violence seraient liées, estime-ton, à de nombreux facteurs tels que l’érosion de l’identité et la disparition du mode de vie des Autochtones, l’impact prolongé des pensionnats et l’existence d’un "cycle acquis" [3]
« Toutefois, à un niveau plus profond, de nombreuses caractéristiques les distinguent, de sorte que la situation des Autochtones est unique en son genre (Bopp, Bopp et Lane, 2003). Selon l’ONWA (1989), l’incapacité pour les Autochtones de déterminer qui ils sont, les préjugés raciaux et les antécédents de contrôle gouvernemental de la vie sociale, économique et politique des peuples autochtones au moyen d’instruments de réglementation fédérale opprimante (la Loi sur les Indiens) ont été une source de frustration pour les Autochtones, hommes et femmes, ne leur laissant nulle part où se tourner. L’Association explique que « la colère et la frustration continuent de monter, entraînant sur son sillage alcoolisme et violence familiale. Tous ces facteurs contribuent à une faible estime de soi, qui amène à son tour un manque de respect envers les femmes et les enfants » (ONWA, 1989,préface iii, traduction libre). Dans le rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones (CRPA, 1996c), on mentionne parmi les facteurs contribuant au taux élevé de violence dans les communautés autochtones l’éclatement d’une saine vie familiale en raison des pensionnats, le racisme à l’endroit des Autochtones et les incidences du colonialisme sur les valeurs et les cultures traditionnelles. Les mauvais traitements physiques et psychologiques ainsi que l’abus sexuel dont un grand nombre d’Autochtones ont souffert dans les pensionnats ont eu sur eux des conséquences persistantes et les ont empêchés d’être exposés à des exemples de bonne éducation familiale (CRPA, 1996a). Les incidences intergénérationnelles des traumatismes sont souvent à la source de la violence dans les communautés autochtones (FADG, 2005) et sont plus difficiles à mesurer (Brownridge, 2003). [4]
Et ce climat de frustration teinte aussi les services de justice. Quant les femmes veulent porter plainte, la situation est loin d’être facile. « On a demandé aux participantes de parler des obstacles qui les empêchent d’utiliser le système de justice pour faire respecter leurs droits de la personne. Elles ont mentionné un certain nombre de facteurs, dont la complexité des processus de plainte pour discrimination, la barrière linguistique, l’ignorance et le manque de soutien.
Un facteur constamment mentionné était que les femmes autochtones n’osent pas tenir tête à la police ou à des membres puissants de leur communauté dont elles dépendent pour assurer leur subsistance.
La Commission canadienne des droits de la personne a aussi appris que les représailles peuvent prendre diverses formes. Des femmes autochtones ont peur qu’on leur refuse l’accès à d’importants services sociaux et de santé si elles portent plainte. D’autres ont peur que leurs allégations génèrent des comportements d’intimidation ou de violence. D’autres disent qu’elles doivent faire un choix difficile entre garder le silence ou quitter leur communauté.
« Pour vous dire la vérité, certains dirigeants commettent eux-mêmes des actes de violence contre des femmes, a déploré une participante. Le problème est tellement structurel que de nombreuses femmes vivent dans la peur. C’est notre triste réalité, et c’est dur. [5]
Cette violence envers les femmes a atteint un point de non retour avec les féminicides de femmes autochtones. Ces féminicides ont tout à voir avec le racisme envers les Amérindiens et Amérindiennes. D’abord celui des meurtriers pour qui blesser à mort une femme autochtones ne veut rien dire. Puis celui des autorités policières qui prennent ces meurtres à la légère. Quand on est perçues comme des sous-êtres, on n’a que des sous-droits. Cela doit cesser.
« Si elles avaient réussi à documenter environ 582 cas de femmes autochtones et assassinées en date du 31 mars 2010, depuis les 30 dernières années environ, la Gendarmerie royale du Canada, de son côté, dévoilait en mai dernier, dans un rapport rendu public, que « 1017 femmes et fillettes autochtones ont été tuées entre 1980 et 2012, un taux d’homicide au moins 4 fois supérieur à celui de toutes les autres femmes. 46 meurtres de femmes autochtones ont été répertoriés au Québec. Le rapport identifie également 164 cas non résolus de femmes ou de filles autochtones disparues depuis au moins 30 jours » (Amnistie Internationale, 2014). [6]
« Environ 600 femmes autochtones seraient disparues dans les 20 dernières années selon l’Association des Femmes autochtones du Canada, mais d’autres organismes et militantes estiment plutôt le nombre autour de 3000. Les femmes autochtones courent 8 fois plus de risques d’être assassinées que les canadiennes non autochtones. Elles sont également plus susceptibles que celles-ci de mourir assassinées par un étranger. [7]
« Entre 1997 et 2000, le taux d’homicide des femmes autochtones a été presque sept fois plus élevé que celui des femmes non autochtones ; Anciennement connu comme Affaires indiennes et du Nord canadien (AINC), le rapport publié par Amnistie internationale Canada[1] indique que les femmes autochtones âgées entre 25 et 44 ans ayant le statut d’Indien sont cinq fois plus à risque que les autres femmes du même âge de connaître une mort violente ». [8]
Cette situation doit être dénoncée. Les femmes autochtones ont demandé et demandé à monsieur Harper une commission d’enquête pour comprendre les causes de ces meurtres en faisant justice pour ces femmes et en arrêtant leur tueur. Toujours ce gouvernement a refusé de créer une telle commission. Aurait-il fait la même réponse si c’étaient des femmes blanches. chrétiennes et riches de Toronto qui vivraient une telle horreur ?
Et cela va passer sous silence durant cette campagne électorale ? Monsieur Harper doit être dénoncé pour son geste odieux de refus.
Chloé Matte Gagné