Édition du 18 juin 2024

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Féminisme

Mois de l'histoire des Noir.e.s : Mais qui nous protège de la police ?

En ce mois de l’Histoire des Noir.e.s, nous partageons ce texte de notre vice-présidente Marlihan Lopez sur les violences systémiques.

Il y a déjà une semaine que nous avons lancé une nouvelle édition du Mois d’histoire des Noir.e.s. On est en pleine célébration de la culture des communautés Noir.e.s ici au Québéc, de leur héritage et contribution à Tiohtiá:ke / Montréal. On voit des élu.e.s, des porte-paroles de nos institutions publiques, des entreprises, des médias participer aux célébrations !! Mais ils ne peuvent pas célébrer notre culture un jour et continuer à participer à notre déshumanisation l’autre jour ! Vous aimez la diversité des cultures Noires, nos musiques, nos danses, nos bouffes, mais est-ce que vous respectez la vie des Noires, de nos communautés, des personnes noires avec un diversité de parcours et d’expériences ?! Ca ne suffit pas de participer aux Galas, de danser avec nous, de donner des discours vides et banals sans aucune volonté politique, aucun engagement à changer les choses.

Nous continuons à dénoncer sans cesse le racisme systémique, le racisme anti-noir, le profilage raciale. Comment est-ce que nos élu.e.s répondront à nos revendications. Un livre de recettes de la SPVM ne passera plus, des élus dansant le compas ou apprenant des lignes en créole non plus. Pouvoir peinturer les mots : la vie des Noir.e.s compte sur St. Catherine en centre-ville du Montréal n’est pas assez !

Nous exigeons des changements. Nous demandons des actions concrètes pour adresser les violences policières, le profilage raciale et toute autre manifestation de racisme systémique.

Aujourd’hui, nous exprimons notre solidarité et notre soutien à la famille de M. Camara. Nous nous rappelons également de toutes les victimes de violence policière, la liste est longue ! Et je vous rappelle, les interventions policières n’ont pas besoin d’être mortelles pour être violentes.Nous responsabilisons la Ville, notre gouvernement, nos élus, pour leur inaction, leur manque de volonté pour adresser les violences policières.

Mercredi, la SPVM nous parlait du cas de M. Camara comme étant un cas de complexité exceptionnelle. Moi je dirais plutôt un autre cas de COMPLICITÉ EXCEPTIONNELLE ! Complicité de la part des forces de l’ordre, des médias de masse québécois qui continuent à reproduire des discours déshumanisants et racistes qui mettent en danger nos communautés. Dénonçons leur complicité !

La mairesse se soucie du manque de confiance dans les forces de l’ordre, mais il suffit de revoir l’histoire du Québec pour comprendre que nous ne pouvons et nous n’allons pas leur faire confiance. Le mouvement de protestation en cours contre la violence anti-Noirs est indéniablement historique.

La ville, le gouvernement et toutes les institutions publiques sont responsables de nous offrir une ville sécuritaire pour que nos communautés puissent s’épanouir. Mais, la ville continue à investir dans des institutions qui historiquement ont violenté nos communautés. La ville affirme prioriser la sécurité publique. Mais qui nous protège de la police ?

Parce que il n’y a PERSONNE dans nos communautés qui est à l’abris de cette violence, alors laissons de côté tout discours ou politique de respectabilité. L’histoire et l’actualité nous témoigne, on peut être des avocats, des médecins, des chargés de cours, cela ne nous protège pas de la violence policière et du profilage raciale.

Nous devons exiger des réparations ! Exigéons des réparations non seulement pour M. Camera et sa famille mais pour toutes les victimes de violences policières et pour nos communautés qui continuent à endurer les blessures et les inégalités historiques et quotidiennes découlant du racisme systémique. Nous pouvons diminuer la violence dans nos communautés qu’en transformant les conditions qui mènent à la violence. BLM- Montréal et la Coalition pour le definancement de la police continuera à demander la réallocation du budget de la SPVM vers des mesures qui permettraient aux gens de nos communautés d’accéder à des logements sûrs, à des salaires suffisant pour vivre, à des soins de santé mentale, à l’éducation et à la sécurité alimentaire. Nombre de programmes et de services vitaux pour les personnes Autochtones et les Noirs existent déjà, mais demeurent sous-financés ou privés de moyens. Le soutien du public s’accroît pour une exigence nécessaire porteuse d’un réel changement : le définancement de la police et la réallocation des fonds publics vers des ressources qui favorisent véritablement la sécurité de tous.

En redirigeant les fonds prévus pour la police vers ces programmes, nous pourrions ré-imaginer la securité publique et répondre aux besoins essentiels de nos communautés.

Célébrer le Mois d’Histoire des Noir.e.s ici au Quebec, c’est aussi s’assurer que notre mémoire ne nous fasse pas défaut. C’est aussi affronter l’histoire de colonisation et d’esclavage et d’adresser comment les vestiges de ce passé sont encore au centre de notre actualité. Car la violence coloniale et raciste perdure encore. Mais nous continuerons en resistance, en résilience, ensemble pour exiger ce que nous appartient ! RESPECT.

Discours de Marlihan Lopez à la manifestation contre les violences policières, 7 février 2021.

Marlihan Lopez

Militante afroféministe Présidente, Fondation Paroles de femmes. Co-vice-présidente de la Fédération des femmes du Québec.

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