De Paris, Omar HADDADOU
Cœur battant de la contestation, Paris vibrera ce jeudi 19 janvier 2023, Place de la République, à la cadence des plus carillonnantes mobilisations contre la réforme des retraites imposée par le Président Emmanuel Macron. Un aménagement cher au chef de l’Etat, jugé pourtant violent et inéquitable, qui dégagerait 8 Milliards d’euros. D’où l’empressement de l’Exécutif, par la voix de la Première ministre, Elisabeth Borne, de faire passer la pilule, en dépit des 68 % de Français hostiles à cette manœuvre digne d’un démantèlement du système social. La bataille promet des lendemains très agités.
Ce recul de l’âge de départ à la retraite à partir de 64 ans, assorti de l’obligation de justifier d’au moins 44 ans d’activité et non 43, greffé de suppression des régimes spéciaux, est vécu par la majorité des Français comme une trahison, une injustice ! « Travailler plus pour payer mon cercueil ! » s’indignait un citoyen. Pour Matignon, l’urgence de l’allongement des cotisations réside dans le renflouement des caisses de l’Etat : « Si on ne fait rien, les déficits vont se creuser »
En Hexagone, 7 Millions de personnes meurent avant 65 ans. Les plus pauvres, représentant les 25 %, en sont les premières victimes. Ce constat est loin de faire la Une des médias français pour émouvoir les tenants du Pouvoir, dont le halo reste braqué sur le niveau record des 80 Milliards de dividendes versés par les entreprises cotées au CAC 40 (selon une source syndicale).
Seize (16) familles se partagent « le menu fretin », au moment où la précarité et l’inflation, notamment sur les produits énergétiques, vont grandissant. La taxation des superprofits entérinée par le gouvernement n’est qu’une piperie ! Elle ne répond aucunement aux attentes des ONG et des Syndicats qui luttent pour l’étendre, outre le secteur énergétique, aux entreprises de l’Agroalimentaire et à la Finance.
Le forcing de Macron met à mal sa crédibilité, lui qui, le 25 avril 2019 avait promis « de ne pas toucher » les retraites, se dédit éhontément : « Est-ce qu’il faut reculer l’âge légal de la retraite qui est aujourd’hui à 62 ans ? Je ne crois pas. Je ne crois pas pour deux raisons. La première, elle est un peu directe, c’est que je me suis engagé à ne pas le faire. La deuxième, tant qu’on n’a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement, se serait assez hypocrite de décaler l’âge légal ».
En présentant de manière abrupte et circonstanciée, le 10 janvier, son projet de réforme, Elisabeth Borne lance un défi aux Syndicats. Elle table sur l’essoufflement de la grogne sociale en dressant un plaidoyer de sa feuille de route, le 14 janvier 2023, sur les ondes de France-Inter : « Nous ne voulons pas d’un système par capitalisation. Pour l’éviter, il faudra progressivement travailler plus longtemps. Je vais m’employer à convaincre les Français. Ce projet est juste et il permet des progrès sociaux ».
Sa sortie ne tardera pas à faire l’effet d’une bombe. En annonçant la couleur, elle valide le début d’une épreuve d’antagonisme qui ne laissera pas les différentes unions ni l’ancien Président socialiste, François Hollande, indifférents : « Pour qu’une réforme soit acceptée, il faut qu’elle corresponde à une situation d’urgence et il faut aussi qu’elle soit juste. Ces deux conditions ne sont pas réunies. Il y a nécessité de corriger le déficit du système actuel » a fait savoir, ce lundi, le fervent défenseur de la Gauche, croyant à une forte mobilisation le 19 janvier.
Aussitôt la réforme des retraites annoncée, la CGT, FO, la CFDT, la CFE-CGC, FSU, la CFTC, l’Unsa et Solidaires, ont appellé à un débrayage massif à l’échelle nationale. Dans cette bataille de rapports de force, Elisabeth Borne ne semble pas encline à un rétropédalage. L’opposition parle de « déclaration de guerre ».
Il plane comme une odeur pyroclastique en France !
O.H
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