Tiré du blogue de l’auteure.
Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) 268 000 réfugiés vivent en Afrique du Sud. En septembre dernier la vague de xénophobie qui a dévasté les boutiques, les maisons des étrangers qui vivaient là, pour certains depuis des années, a suscité une vague de panique chez tous les ressortissants étrangers Certains ne veulent plus rester en Afrique du Sud et demandent à être rapatriés dans un autre pays.
C’est là que les choses sont devenues compliquées et ont pris une vilaine tournure. Ces personnes qui ont fui leur pays en guerre ou parce qu’elles étaient victimes de persécutions ne peuvent pas être rapatriées dans leur pays d’origine, il faut trouver un pays tiers qui voudra bien les accueillir. Mais de l’aveu même du HCR dans un communiqué du 16 octobre « …le rapatriement dans des pays tiers est une option très limitée pour les réfugiés du monde entier, car le nombre de pays d’accueil a malheureusement globalement chuté ». En octobre 2019, les migrants candidats au rapatriement dans un pays tiers sont allés manifester devant les bureaux du HCR pour exiger une solution rapide.
La police est intervenue pour les chasser et sans réponse précise du HCR, ils sont revenus camper autour de l’Eglise. Les conditions sanitaires et de sécurité ne sont pas suffisantes pour accueillir des centaines de personnes dont des femmes et de jeunes enfants. Pour aggraver encore un peu plus la situation, il y a plusieurs porte-paroles du groupe qui en sont venus aux mains.
Les solutions proposées : relocation des migrants au cas-par-cas ; rapatriement dans le pays d’origine ; réintégration dans la société sud-africaine ont toutes été rejetées, le groupe de migrants demandant un rapatriement de tous dans un pays tiers.
La ville du Cap a porté plainte et refuse de reloger ce groupe au prétexte qu’il n’est pas composé de gens sans abri, et de toute façon, la ville affirme ne pas avoir de lieux pour les accueillir. L’affaire est devant la justice qui rendra son jugement le 17 février. En attendant la ville du Cap offre un arrangement intermédiaire en proposant de transporter par mini bus les 600 réfugiés vers un site à Salt River, un quartier excentré de la ville, afin que le Ministère de l’intérieur procède aux vérifications des papiers et du statut de chacun. Selon un responsable du ministère qui a déjà commencé les vérifications, seulement 68 personnes n’avaient pas de papiers valides.
Le représentant de la ville du Cap affirme ne pas vouloir se « débarrasser des migrants » mais permettre aux commerçants de Greenmarket Square de pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Le Révérend Alan Storey avait ouvert les portes de son église aux migrants chassés par la police devant les bureaux du HCR. Depuis plus de trois mois, 600 personnes vivent dans la rue dans des conditions abjectes ce qui fait dire à un réfugié venu de la République démocratique du Congo « C’est mieux de vivre en prison que de vivre en Afrique du Sud… ce n’est pas humain de dire qu’il n’y a pas de solution ». Où et dans quel pays, ces migrants abandonnés, ballotés d’administration en administration pourront-ils trouver asile et reconstruire leur vie ?
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