Les derniers mois ont fourni de multiples occasions pour la droite d’afficher ses couleurs, sans pour autant montrer sa vraie nature… Ces bien-pensants tentent de nous faire croire qu’un État fort constitue une restriction à nos libertés. Tout le monde peut le constater : quand l’État n’est pas là pour réglementer la vie en société, c’est la jungle. Ces gens prétendent que le secteur public est improductif. Pourtant, dans bien des secteurs, tels que les services aux personnes, les études démontrent au contraire que le secteur public est plus efficace, comme je l’ai illustré dans un billet précédent concernant l’hébergement des aînés.
Ils ont le pouvoir de l’argent
Ils répètent dans tous les médias à leur disposition que les syndicats sont trop puissants et que les gouvernements leur donnent tout ce qu’ils demandent. Si c’était vrai, les gouvernements ne toléreraient pas que les lock-out durent plus de deux ans. Si c’était vrai, il ne manquerait pas tant de personnes dans nos écoles, nos hôpitaux et nos services de santé pour répondre à la demande des citoyens. Leurs mantras sont simples : limitons le rôle de l’État, favorisons la concurrence avec l’entreprise privée et affaiblissons les syndicats. Avec de telles politiques, ce ne serait pas tant le citoyen qui s’en porterait mieux que les profits des grandes entreprises.
Ces mythes, dont nous abreuvent quelques politiciens et chroniqueurs, trouvent malheureusement un large écho dans les médias et finissent par être perçus comme des vérités à force d’être répétés sans cesse. La situation n’est pas unique au Québec ; le même type de campagne existe dans plusieurs pays développés.
Ils sont surreprésentés dans les médias
En 2009, la firme Influence Communication nous révélait que le poids média de l’ensemble des organisations syndicales n’était que de 1,4 %. Il y a fort à parier qu’on est toujours dans les mêmes eaux. La présence médiatique de groupes quasi occultes dont on ne connaît pas vraiment les sources de financement ni les intérêts qu’ils représentent (p. ex. l’lnstitut économique de Montréal [IEDM], la Ligue des contribuables du Québec, l’Institut Fraser, le Réseau Liberté-Québec) dépasse largement le poids média syndical alors que le Québec compte plus de 1,5 million de personnes syndiquées.
Malgré les efforts de communication soutenus des organisations syndicales, leur présence dans les médias demeure anémique. Et c’est encore trop pour les ténors du laisser-faire économique. Ces derniers voudraient réduire les droits syndicaux en restreignant notre capacité de nous organiser, en prônant le choix individuel et en limitant notre champ d’intervention.
Ils sont là d’abord et avant tout pour faire du profit
Il faudrait être bien naïf pour croire que le syndicalisme nuit à l’épanouissement du citoyen. Bien au contraire, le monde syndical a été un des meilleurs garants d’une redistribution un peu plus juste de la richesse bien que d’importantes inégalités sociales persistent. L’action du milieu syndical doit contribuer à mettre un frein à l’appétit insatiable des gloutons qui n’en ont que pour l’argent en reléguant l’humain au second plan.
Combien d’industries ont procédé à des fermetures sauvages en jetant leurs travailleurs à la rue sans plus de considération, et ce, après avoir profité de généreuses subventions de nos gouvernements ? Combien de compagnies minières ont laissé des villages déserts en abandonnant les travailleurs à leur sort et en refilant à l’ensemble des contribuables la responsabilité de réparer les dommages environnementaux qu’ils avaient causés ? Sous le couvert de protéger le citoyen écrasé par les impôts, c’est encore plus de ce laisser-faire économique au profit des grandes entreprises que nous propose L’IEDM et ses multiples tentacules.
Pour paraphraser le chansonnier Paul Piché : « Messieurs les importants[1] », vous avez déjà tout ; qu’est-ce qu’on pourrait vous donner de plus ?
[1] Extrait de la chanson Les pleins de Paul Piché.