Voici le détail de ce programme :
AOUT
1/ Julia Posca, Guillaume Hébert pour L’IRIS, DÉTOURNEMENT D’ÉTAT
Date de parution : 16 août 2018
« Au tournant des années 1960, tous s’accordaient pour dire que le Québec venait au monde et cela suscitait une forte adhésion de la population. L’époque était largement optimiste. De nos jours, on chercherait en vain de telles espérances. L’époque est au ressentiment et à la résignation, car on ne désire pas l’État néolibéral, on s’y adapte. On le subit comme une fatalité. Tout bilan des quinze années de pouvoir du Parti libéral du Québec doit prendre acte de ce fait objectif et l’expliquer : le Québec d’après 2003 ne sait plus, collectivement, ce qu’il veut. »
Depuis son accession au pouvoir, le PLQ a transformé le Québec en profondeur, si bien qu’aujourd’hui, la quasi-totalité des autres partis emboîtent le pas et acceptent l’héritage laissé par ceux qu’ils aspirent à remplacer. On critique certes les politiques libérales dans leurs menus détails, parfois avec virulence, mais ce n’est souvent que pour mieux en honorer l’esprit. Il va sans dire que ce legs marquera durablement la société québécoise. Mais se porte-t-elle mieux aujourd’hui qu’en 2003 ? Est-ce possible de vivre avec les grands principes qui ont guidé les réformes libérales sans pâtir de leurs conséquences ? Ne devrait-on pas plutôt renoncer à cet héritage ?
Pour répondre à ces questions, Guillaume Hébert et Julia Posca rappellent à notre mémoire les grandes figures du règne libéral (Jean Charest, Monique Jérôme-Forget, Raymond Bachand, Nathalie Normandeau, Tony Tomassi, Philippe Couillard, etc.) et peignent un tableau réaliste et vivant de la révolution (néo)libérale qu’a connue le Québec.
Cet essai a été écrit par Julia Posca et Guillaume Hébert pour l’Institut de recherches et d’informations socioéconomiques (IRIS), un groupe de recherche indépendant et progressiste fondé en 2000 qui propose des analyses à contre-courant des perspectives que défendent les élites.
2/ Julien Lefort-Favreau, PIERRE GUYOTAT POLITIQUE
Date de parution : 23 août 2018
De ses débuts avec Tombeau pour cinq cent mille soldats (1967) et Éden, Éden, Éden (1970), véritables réquisitoires mettant en cause le pouvoir colonial français, jusqu’à sa récente trilogie autobiographique (Coma, 2006 ; Formation, 2007 ; Arrière-fond, 2010) qui témoigne d’une sensibilité à toutes les formes de domination sociale, l’ensemble du travail de Pierre Guyotat est caractérisé par une préoccupation constante pour le politique.
Cet ouvrage observe les modalités d’écriture de l’histoire du sujet en s’articulant autour d’une analyse des politiques de la littérature, telles que définies par Jacques Rancière. Plus qu’une simple monographie d’auteur il propose de réfléchir au couple littérature et politique, car en effet, souligner la cohérence politique et esthétique de l’œuvre de Guyotat ouvre la voie à une autre histoire de la littérature française des cinquante dernières années qui, de Maurice Blanchot à Leslie Kaplan, en passant par Nathalie Quintane, a pensé et remis en question la place de la littérature dans l’espace social en imposant une politique qui noue contestation et recherche formelle, prise en charge des défaites historiques et espérance, affirmation de soi et désir d’anonymat, autobiographie et écriture de l’histoire.
Ce livre pose la question de ce que peut la littérature, il en interroge les moyens politiques, et tente ainsi de déjouer les discours sur la fin de la littérature et de l’histoire, qui sont les deux faces d’une même médaille.
Julien Lefort-Favreau est professeur de littérature contemporaine et de théorie critique au Département d’études françaises de l’Université Queen’s. Il est également directeur du cahier critique de la revue québécoise Liberté.
SEPTEMBRE
1/ Noam Chomsky, QUI MÈNE LE MONDE ?
Date de parution : 06 septembre 2018
Ce livre, publié en anglais en 2017, brosse un portrait d’ensemble de la géopolitique aujourd’hui et une synthèse des rouages politiques qui la sous-tendent, des sanctions américaines contre l’Iran à la politique de torture que pratique l’armée des États-Unis, en passant par la montée en puissance de la Chine. De moins en moins contraintes par la structure que l’on appelle encore démocratique, les puissances mondiales d’aujourd’hui ont un tel potentiel destructeur qu’il est plus urgent que jamais de prêter attention à leurs détracteurs. Noam Chomsky est l’un des plus justes de ces lanceurs d’alerte.
« La question qui donne son titre à ce livre ne peut avoir de réponse simple et définitive. Le monde est trop varié , trop complexe, pour le permettre. En revanche, il est possible de constater les différences flagrantes dans la capacité des différentes nations à façonner l’état du monde et d’identifier ainsi les acteurs plus influents. [...] Les chapitres qui suivent explorent la question de ceux qui mènent le monde, de comment ils procèdent et des conséquences de leurs actes. Nous nous demanderons aussi comment les populations assujetties au pouvoir des affaires et des doctrines nationalistes peuvent espérer le renverser et être à nouveau vivantes et viables. Le temps presse. » [Extrait de l’introduction]
Noam Chomsky, professeur émérite au Massachusetts Institute of Technology (MIT), est un intellectuel et militant reconnu internationalement pour la profondeur de ses réflexions et sa défense radicale de la liberté et de la raison. Sa critique de la politique internationale américaine et du pouvoir des médias a inspiré une foule de penseurs contemporains. Il est considéré comme l’un des pères de la linguistique moderne.
2/ Nick Srnicek, CAPITALISME DE PLATEFORME
Date de parution : 06 septembre 2018
Google et Facebook, Apple et Microsoft, Siemens et GE, Uber et Airbnb : le modèle d’affaire dominant aujourd’hui, celui des plateformes pair-à-pair du capitalisme numérique, s’enrichit principalement par la collecte de données et le statut d’intermédiaire qu’il confère aux entreprises qui l’adoptent et le perfectionnent.
Si elles prospèrent, ces compagnies peuvent créer leur propre marché, voire finir par contrôler une économie entière, une potentiel monopolistique inusité qui s’inscrit dans la logique du capitalisme dit classique, mais soulève d’importantes questions pour quiconque s’applique à imaginer un futur post-capitaliste. C’est ce que démontre Nick Srnicek dans ce texte bref et d’une rare clarté qui retrace la genèse de ce phénomène économique, l’analyse de manière limpide et aborde la question de son impact sur l’avenir.
Spécialiste de l’économie numérique, Nick Srnicek enseigne au King’s College de Londres.
3/ Anne-Cécile Robert, LA STRATÉGIE DE L’ÉMOTION
Date de parution : 19 septembre 2018
Les émotions ont envahi l’espace social jusqu’à écarter les autres modes de connaissance, notamment la raison. S’il est vrai, comme disait Hegel, que « rien de grand ne se fait sans passion », l’empire de l’émotion fabrique des individus sensibles repliés sur eux-mêmes en attendant que la douleur passe, pendant que d’autres agissent sur le monde. À la « stratégie du choc » de Naomi Klein, Anne-Cécile Robert ajoute ici une analyse de la « stratégie de l’émotion » qui fait régresser la société sous nos yeux et transforme des humains maltraités par la société en bourreaux d’eux-mêmes, tout en leur octroyant le droit consolateur, mais démobilisateur, de pleurer. Loin de faire le procès de l’émotion, ce livre analyse son omniprésence dans ses manifestations des plus flagrantes aux plus profondes.
L’idée de ce livre est née d’un papier publié dans le Monde Diplomatique en février 2016 et qui, depuis, a beaucoup circulé et a suscité de nombreuses réactions. Nous avons décidé de proposer à l’auteure d’en faire un bref essai percutant, dans la lignée de La médiocratie, afin d’attirer l’attention sur un phénomène qui met nos démocraties en péril : l’extension du domaine de la larme qui impose l’émotion, sélective et prétendument authentique, comme ersatz d’un lien social à refaire.
Spécialiste de l’Afrique et des institutions européennes, Anne-Cécile Robert est membre du comité de rédaction du Monde Diplomatique. Elle a notamment publié Afriques, années zéro (L’Atalante, 2008), et L’Afrique au secours de l’Occident (Éd. de l’Atelier, 2006).
OCTOBRE
1/ Rolande Pinard, L’ENVERS DU TRAVAIL
Date de parution : 04 octobre 2018
L’envers du travail, c’est le rôle qu’y ont joué les femmes et qui a été ignoré dans l’histoire du travail et dans la branche de la sociologie qui lui est consacrée. La sociologie féministe, elle, s’est généralement contentée de considérer le travail des femmes comme un moyen d’émancipation, sans le critiquer. Or, comprendre le travail d’un point de vue critique implique de tenir compte de ses différents agents à travers les périodes historiques de transformation du capitalisme. Voilà ce que Rolande Pinard, sociologue du travail, s’engage à faire dans cet ouvrage en se concentrant sur les femmes comme sujet historique dans le processus de transformation du sens du travail et en soulignant l’aspect pluridimensionnel de la formation de la classe ouvrière.
Rolande Pinard est sociologue. Elle a longtemps pratiqué la sociologie en milieu syndical. Elle est l’auteure de La révolution du travail. De l’artisan au manager (Presses universitaires de Rennes, 2000).
2/ Ludovic Lamant, BRUXELLES CHANTIERS
Date de parution : 10 octobre 2018
Personne ne comprend plus rien à l’Europe, à ses traités obscurs, à son fonctionnement opaque. Pour prendre la mesure de cette crise et penser des alternatives, il faudrait prendre au mot la « construction européenne » et s’intéresser à ce que l’UE a de plus visible : les bâtiments en dur qui l’hébergent.
Quels imaginaires incarnent ces bâtiments, au service de quelles idéologies ? Existe-t-il un style « UE » comme il existe un style « Empire » ? Si oui, quelles en sont les matières premières, les monuments emblématiques ? Alors que le projet européen, lui, se fissure de partout, cette démarche centrée sur le « décor » repose sur une conviction : on peut identifier, dans le bâti européen, des propositions politiques et des partis pris parfois plus nets que ceux formulés dans les traités.
Membre de la direction éditoriale de Mediapart, Ludovic Lamant a été correspondant à Bruxelles de 2012 à 2017 pour le journal en ligne, d’où il a couvert le feuilleton des crises européennes. Il est l’auteur de Argentine, histoire, société, culture (La Découverte, 2011) et de Squatter le pouvoir. Les mairies rebelles d’Espagne (Lux, 2016).
3/ Marc Bray, L’ANTIFASCISME
Date de parution : 17 octobre 2018
Depuis que le fascisme existe, un mouvement lui tient tête. Né de la résistance contre Mussolini et Hitler, ce mouvement antifasciste est revenu sur le devant de la scène face à Trump et à la brutale résurgence des mouvements suprémacistes blancs aux États-Unis mais aussi, en Europe, face à l’activité grandissante de l’extrême droite. Dans cette captivante enquête, l’historien et militant Mark Bray donne un aperçu unique de cette lutte essentielle et écrit une histoire transnationale de l’antifascisme. Rédigé à partir d’entretiens menés avec des antifascistes du monde entier, Antifas dresse la liste des tactiques adoptées par le mouvement et en analyse la philosophie. En résulte un éclairant portrait de cette résistance méconnue, souvent mythifiée, qui lutte activement contre le péril brun.
Mark Bray est historien. Ses champs d’étude sont les droits humains, le terrorisme et le radicalisme politique dans l’Europe moderne. Il a été l’un des organisateurs du mouvement Occupy Wall Street. Il a écrit pour plusieurs revues et journaux, tels le Washington Post, Foreign Policy et ROAR Magazine. Il enseigne aujourd’hui à Dartmouth College.
4/ Alain Vadeboncoeur, MALADE ! Récits à savourer en attendant le médecin
(l’Actualité)
Date de parution : 18 octobre 2018
« Je déteste les médecins. Oui. Je sais. Ce livre est écrit par un de ces demi-dieux, mais je m’en fous. Je les déteste. Et je les déteste surtout quand j’en ai besoin. »
— Simon Olivier Fecteau, en préface
Après avoir écrit sur le système de santé (Privé de soins, 2012, Lux), sur la mort (Les acteurs ne savent pas mourir, 2014, Lux) et sur la médecine elle-même (Désordonnances, 2017, Lux), le docteur Alain Vadeboncoeur a eu envie de partager ces moments étranges, surprenants et même parfois cocasses qui parsèment sa vie en médecine d’urgence. Le ton est plus léger, mais le regard est toujours aussi précis et la plume agile pour rendre compte de cet univers à nul autre pareil.
Avec beaucoup d’humanité, il nous raconte les petits travers des gens du métier – notamment les siens ! –, les rencontres loufoques, les contrastes surprenants entre les drames vécus et leurs répercussions abracadabrantes, les langages étranges des patients et des médecins et même comment son préfacier, le comédien et réalisateur Simon Olivier Fecteau a tenté de le tuer un jour. En poursuivant sa toujours vivante exploration du milieu de la santé, Alain Vadeboncoeur nous dévoile le côté givré que les professionnels de la santé ont parfois un peu de difficulté à assumer en public.
Chef du service de médecine d’urgence de l’Institut de cardiologie de Montréal et professeur agrégé de médecine, Alain Vadeboncoeur, bien connu du grand public pour avoir animé l’émission Les docteurs à Radio-Canada, a aussi été président, entre deux réanimations, des Médecins québécois pour le régime public. Chroniqueur au magazine L’Actualité et dans différents médias, il est l’auteur des essais Privé de soins et Les acteurs ne savent pas mourir. On peut le consulter en personne à l’urgence, mais seulement quand ça va vraiment mal.
5/ Fred Dubé, UNE PIPÉE D’OPIUM POUR LES ENFANTS
(Martin Girard)
Date de parution : 31 octobre 2018
Un humoriste qui écrit un livre ? Je pensais même pas que ça savait lire !
« J’ai conçu ce pamphlet humoristique comme une catapulte à marde. J’y plonge Vingt-milles lieues sous les merdes pour faire remonter à la surface les monstres qui hantent nos vies. Je suis un Claude Poirier en habit d’homme-grenouille qui s’est donné pour objectif de faire chier tout le monde et, pourquoi pas, d’être invité à une émission de radio littéraire pour répondre à la question : “Fred, si vous étiez un smoothie, de quelle couleur seriez-vous ?” Au Québec, on est pas un vrai écrivain tant qu’on a pas fait la split à la radio d’État sous les rires de la Staline de la culture. »
Fred Dubé est un humoriste issu de la cuvée 2005 de l’École nationale de l’humour Il fait figure de véritable poil à gratter dans sa profession, n’hésitant jamais à compromettre l’ordre des choses, à questionner le système et à se mettre lui-même en danger. Avec des textes qui braquent la lumière sur les pans les plus ironiques de notre société, il fait le pari de l’irrévérence pour servir un humour sans compromis.
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