En ce sens, les 400 délégué-es présents au congrès ont adopté une proposition à l’effet de poursuivre la lutte à l’austérité, notamment en élaborant un plan d’action s’inscrivant dans un cadre stratégique pouvant conduire à l’exercice d’une grève sociale. La lutte à l’austérité devra se continuer sur différents fronts, dans nos milieux de travail bien sûr, mais aussi sur le terrain politique, à la lumière d’expériences d’ici et d’ailleurs. À cet égard, la présentation de Manuel Espinar Añonuevo, militant du parti politique espagnol Podemos, sur la situation en Espagne a été fort enrichissante.
Nos luttes doivent aussi faire la promotion d’alternatives sociales et économiques traduisant nos principes et nos valeurs de solidarité, d’équité et de justice sociale. Ainsi, le congrès a voté afin que le conseil central se donne comme priorité la lutte aux inégalités de revenus et aux paradis fiscaux, tant au Québec et au Canada qu’au plan international. Il a également consolidé la proposition adoptée lors de l’assemblée générale du 6 avril 2016, soit de s’engager dans la lutte pour une hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure. Il faut lancer une sérieuse offensive pour améliorer le sort des travailleuses et travailleurs les plus pauvres, syndiqué-es ou non. Notre autre invité international, Alex Han, représentant du Service Employees International Union, a fait le point sur l’inspirante campagne qui se mène depuis quelques années sur ce sujet aux États-Unis, sur les gains, les défis à relever et l’engagement de son organisation. Le mercredi, nous avons pu assister à plusieurs moments forts du congrès. Nous avons réfléchi ensemble à la manière de poursuivre la lutte à l’austérité, par le biais de trois campagnes menées par la CSN : Un réseau qui fait grandir, sur la préservation du réseau éducatif des services de garde, Notre SAQ, contre la privatisation de la SAQ et Nos musées, un monde à conserver. Cette dernière campagne met en lumière l’importance de la culture et de la création, une dimension essentielle à la vie collective, mais malheureusement trop souvent oubliée.
Par la suite, les délégué-es ont pris part à un exercice en tables rondes visant à élargir et à consolider les solidarités sur une base plus locale, tant pour la poursuite de la lutte à l’austérité que pour le soutien des luttes syndicales. Afin d’alimenter les discussions, deux militants ont présenté les origines de la formation de coalitions locales qui réunissent des syndicats et des groupes populaires, soit le Collectif Ahuntsic Montréal-Nord unis contre l’austérité et la Coalition lavalloise contre l’austérité. Déjà ces réflexions portent fruit. Cet été, des syndicats ont contacté le conseil central afin de joindre les syndicats CSN se trouvant dans leur secteur pour lancer de tels regroupements. De plus, nous avons senti un vent de solidarité intersyndicale dans certaines luttes, notamment en appui au CPE Mini-Fée, venu présenter une question de privilège au congrès et, aussi, en appui au Centre d’hébergement privé Les Jardins de Jouvence lorsque ses travailleuses ont déclenché la grève cet été. Ces gestes concrets de solidarité sont fort réjouissants et nous souhaitons qu’ils se poursuivent.
Le mercredi après-midi, des représentantes et représentants de la Fédération du commerce, de la Fédération de l’industrie manufacturière, de la Fédération nationale des communications et de la Fédération de la construction ont tracé le portrait des luttes à venir dans leur secteur. La CSN est un grand mouvement riche de la diversité de ses syndicats affiliés et nous pensons qu’il y a lieu de tisser des liens encore plus serrés entre tous les syndicats, quelle que soit leur fédération, qu’ils proviennent du secteur privé ou public. En ce sens, nous avons convenu qu’il nous faudra améliorer l’arrimage de nos plans d’action avec nos syndicats du Grand Nord.
Le service de la syndicalisation de la CSN est venu nous entretenir des moyens à mettre de l’avant pour intensifier la syndicalisation dans la région. Celle-ci est en effet un outil puissant pour réduire les inégalités sociales. Malheureusement, si le Québec a toujours le taux de syndicalisation le plus élevé en Amérique du Nord, celui-ci stagne, et même régresse petit à petit. Là également, il faut prendre l’offensive pour renverser la vapeur. Une grande partie des débats ayant porté sur les statuts et règlements, le congrès n’est pas parvenu au bout de son travail pour déterminer les grandes orientations politiques du mandat 2016-2019. Il reste donc fort à faire lors de l’assemblée générale de septembre. Voici quelques exemples de propositions sur lesquelles nous devrons nous pencher : accroître la portée du comité et du réseau de mobilisation ; mettre sur pied un groupe de travail qui entreprendra un vaste chantier de réflexion sur des alternatives socioéconomiques à l’austérité, pour mettre NOS solutions de l’avant, entre autres en ce qui a trait au développement territorial ; poursuivre la réflexion sur la démocratie syndicale que nous avons amorcée au cours du mandat ; inviter les syndicats à participer largement aux états généraux du syndicalisme régionaux lancés au printemps par le Comité intersyndical du Montréal métropolitain et bien d’autres choses encore…
Le rôle historique de résistance, de contestation et de combativité du conseil central lui confère une place particulière dans le paysage syndical et politique. Le conseil central, c’est d’abord et avant tout une force collective inestimable. L’ennemi est de taille et il est coriace. Mais ce serait bien mal nous connaître que d’imaginer que l’on puisse baisser les bras face aux patrons, face à la classe dominante, le fameux 1% des plus riches et des plus puissants et face aux gouvernements, tant à Québec qu’à Ottawa, qui modèlent les politiques pour répondre à leurs désirs et à leurs besoins. Ce serait bien mal nous connaître parce que, au conseil central, les luttes sociales, c’est un engagement central !