Édition du 18 juin 2024

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[Lettre au Ministre des affaires étrangères du Canada, sur l 'intervention occidentale au Mali]

18 janvier 2013

Aux soins de l’honorable John Baird,
Ministre des Affaires étrangères du Canada.

Monsieur le Ministre,

J’aimerais attirer votre attention, Monsieur le Ministre, sur la manière plutôt précipité avec laquelle le gouvernement du Canada a répondu à l’appel de Monsieur Laurent Fabius, votre vis-à-vis aux Affaires étrangères de la République française dans ce qu’il s’avère la reconquête de l’Afrique du Nord par les puissances occidentales.

À la demande expressive de la France, qui, s’aventure dans une déclaration de guerre dans le Sahel le gouvernement du Canada , n’hésitant pas un seul instant,à l’appel formelle à la guerre contre le terrorisme afin de contribuer à nouveau, comme il l’a si bien fait, lors de son soutient à la liquidation du gouvernement de Mouammar Kadhafi en Libye, il y a un an et demie.

Faut-il rappeler que le conflit des peuples nomades du Sahel dont les Touaregs en guerre avec la puissance colonisatrice française date du siècle dernier. Au moment où les empires occidentaux découpèrent le continent africain tel un gâteau de fête dédié aux vainqueurs européen sur l’empire Ottoman déchu. Il ne fût jamais alors question de concéder un espace territoriale afin que les Berbères du désert, puissent coexister dans cet immense espace du Sahel en respectant leur mode de vie basée sur le déplacement selon les saisons et le commerces avec les autres tribus. C’est ainsi que fût scellé leur territoire millénaire,comprit entre les actuels pays du Niger,de l’Algérie, du Mali, de la Libye et du Burkina Faso tombant à coup sûr sous le dictât des empires coloniales dans un premier temps et puis sous les régimes dictatoriales des pays ainsi créés artificiellement par l’Europe.

La population canadienne n’est pas dupe au point de croire en cette urgence du respect des droits humains, Monsieur Baird, sachant bien que les atrocités commises au Nord Mali s’avèrent des faits véridiques incontestables et troublant mais non moins inquiétant que les actes répugnantes perpétrées en République Démocratique du Congo, et en autant d’autres républiques où coulent des rivières de sang pour lesquels le Canada reste de glace.

Ainsi, le gouvernement du Canada, dans cet élan de générosité envers la communauté internationale, en appelle à l’extinction de ce peuple nomade au profit de la vrai motivation qui guide ses réflexes à savoir,obéir aux exigences invoquées par les vrais maître-d’œuvres de cette campagne de propagande articulée par les multinationales occidentales et chinoise (Areva, Somina) œuvrant dans ce carrefour stratégique de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO) immensément riche en ressources souterraines :Uranium, gaz de schiste, or...

Le peuple Touareg, dépossédé au fil des décennies, par les accords de Tamanrasset en 1991 ainsi que les Accords d’Alger en 2006 consistant tous deux à repousser dans le temps, la vraie nature des enjeux régionaux, n’eurent pour effet que de galvaniser le Mouvement National pour la Libération de L’Azawad (1), le Nord Mali, islamisé à forte majorité Touareg. Malheureusement pour ces peuples nomades, l’infiltration de groupes radicales tels que Al-Qaïda au Maghreb Islamique(AQMI) ou encore le Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’ouest (MUJAO) sont des sources de préoccupations plus qu’inquiétantes concernant les violations des droits humains ainsi que les Crimes de Guerre au sens des Statuts de Rome relevé par l’envoyé spéciale du secrétaire des Nations Unies plus tôt en décembre. Il ne faut cependant pas perdre de vue les machinations vicieuses dont les pays impérialistes ont instrumentalisés ces peuples nomades afin de justifier, quel qu’en soit le prix,la réappropriation de son sous-sol en métaux précieux et stratégiques sur le plan militaire (2).

À l’heure actuel, alors que l’ensemble des acteurs de la région ont validé, lors du Conseil de Sécurité, via ses 15 membres permanents, la résolution onusienne 2085 (3) la mise sur pied d’une Mission Internationale de soutient au Mali (MISMA) coordonné par les Nations Unies, écartant de facto, le gouvernement de transition au Mali, sous tutelle internationale, ainsi que toute tentative militaire de ce pays à perpétrer un coup-d’État, laissant ainsi carte blanche aux forces multilatérales (France-États- Unis d’Amérique) le soins de frapper le Nord Mali et d’y éradiquer les présences islamiques hostiles et contraindre les survivants, s’il en reste, à un processus de paix forcé avec La MISMA et la CEDEAO. Cependant, rien de vraiment précis clarifie le futur de ces peuples nomades voués, depuis déjà trop longtemps, à une extinction prochaine puisque rien ne garantit un territoire propre à eux aux confins du Sahel. Le problème demeurant entier et semble relégué à de futurs négociations avec un éventuel nouveau gouvernement Malien, soumit à la politique française, lors des prochaines législatives prévue pour avril 2013.

Dans ce constat peu réjouissant du dénouent de cette crise, je vous interpelle respectueusement , Monsieur le Ministre des Affaires étrangères du Canada ,à jouer un rôle de première place dans un premier temps en dénonçant fortement les ingérences étrangères sur le sol Africain ainsi que les stratégies abjectes du Département, du renseignement et de la sécurité algérienne (DRS) dont la récente prise d’otages bidon, construit de toutes pièces par ceux-ci.

Dans un deuxième temps, exhortant l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour le Sahel, Monsieur Romano Prodi ainsi que Monsieur Pierre Buyoya, représentant du Haut-Commissariat de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, de même que le médiateur pour la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest en la personne de Monsieur Alassane Ouattara, des représentants élus du peuple Touareg et du prochain gouvernement malien à des rencontres visant à établir de véritables pourparlers dans le but éventuel d’une reconnaissance d’un territoire berbère pouvant abriter les peuples nomades avec leurs lois et coutumes en toute légitimité propre à eux.

Copie Conforme : Ministres du gouvernement du Canada, députés-ées de l’opposition officielle à Ottawa (NPD) ainsi que le gouvernement du Québec afin que celui-ci ne puisse se cacher derrière les politiques canadiennes en tant que membre de la francophonie africaine.

Jean Léger

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