Édition du 19 novembre 2024

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Politique québécoise

Les vautours... Réplique du SISP à J-Jacques Samson du Journal de Québec

La mission première de l’État est d’assurer la sécurité de la population. Comment le gouvernement pourra-t-il répondre à cette obligation si l’expertise est détournée aux profits de firmes privées, alors que la recherche du gain pourrait primer sur les intérêts de la population ?

Monsieur Samson, dans votre éditorial du samedi 6 août, vous avez interprété, à votre manière, les actions que mènent depuis plusieurs années les organisations syndicales du secteur public afin de promouvoir les emplois et le maintien de l’expertise au sein du gouvernement. Contrairement à ce que vous laissez entendre, les syndicats et associations ne remettent nullement en question le professionnalisme des corps d’emplois dans le secteur privé liés à l’inspection des infrastructures routières.

Le point de vue sur lequel nous avons été interpellés à intervenir dans les médias demeure la perte d’expertise au sein du ministère des Transports. Une situation qui s’est aggravée depuis la mise en place, il y a presque une décennie, de la politique de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux quittant pour la retraite.

L’effondrement sur l’autoroute 720, heureusement sans blessé ni décès, est un exemple de cette expertise gouvernementale qui a filé au privé. Selon les chiffres cités dans les médias, 90 % des inspections sont réalisées par le privé, alors que 10 % le sont par le MTQ. D’autres gouvernements au Canada ont choisi de conserver leur expertise au sein de l’État. À titre comparatif, l’Ontario garde le contrôle sur la moitié des inspections. Au Québec, non seulement les firmes réalisent les travaux de construction et d’inspection, mais elles se partagent aussi la responsabilité de la surveillance des chantiers.

Pendant ce temps, le ministère des Transports du Québec est dépouillé de ses budgets d’opération et de son personnel, n’étant donc plus en mesure de chapeauter tous ces travaux qui se font à vitesse grand V sur le réseau routier. La mission première de l’État est d’assurer la sécurité de la population. Comment le gouvernement pourra-t-il répondre à cette obligation si l’expertise est détournée aux profits de firmes privées, alors que la recherche du gain pourrait primer sur les intérêts de la population ?

Quant à votre vision des employés de l’État comme étant des derniers de classe récusés par le privé, celle-ci démontre votre méconnaissance du personnel de la fonction publique et de la dualité qui existe entre les secteurs public et privé. Dans presque tous les domaines, le gouvernement du Québec laisse partir, depuis des années, du personnel hautement qualifié au profit du secteur privé qui offre des conditions et des salaires plus alléchants.

Combinez à cela le non-renouvellement des emplois au sein de l’appareil gouvernemental, et vous constaterez que l’expertise se raréfie dans le secteur public. Il devient difficile pour le donneur d’ouvrage qu’est l’État d’évaluer les coûts, la qualité et la surveillance des travaux. Même le ministre Sam Hamad, à la suite de l’incident sur l’autoroute 720, a laissé entendre qu’il révisera tout le processus pour assurer la sécurité du public.

Vous comparez les actions menées par les organisations syndicales souhaitant le maintien de l’expertise dans les ministères et organismes aux agissements de vautours. Or, les organisations syndicales qui représentent les employés de l’État ont à cœur l’intégrité des services publics.

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