Qu’est-ce que le traumatisme vicariant
On confond souvent par erreur le traumatisme vicariant et le choc post-traumatique. Si le deuxième résulte d’une exposition à une situation traumatisante et laisse le témoin dans une grande détresse psychologique, le traumatisme vicariant ne survient pas dans les mêmes conditions. On peut dire que le traumatisme vicariant est plutôt une usure par compassion. À force d’être exposé, à des situations traumatiques, de vie ou de mort, de survie et de décès, de soulagement et de deuil, mais presque toujours de douleur, l’empathie des travailleurs du préhospitalier envers leurs patients devient rapidement une charge psychologique permanente. Souffrir du traumatisme vicariant c’est avoir des symptômes semblables à ceux du choc post-traumatique, sans pouvoir identifier une seule situation traumatique à mettre en cause. Ce trauma a des conséquences psychologiques telles que la diminution de la concentration et de l’estime de soi, ainsi que de nombreux effets sur le travail. C’est le syndrome de la goutte d’eau.
Le traumatisme vicariant et le milieu préhospitaliers
Tous les jours, les intervenants des milieux d’urgence (paramédicaux et RMU) sont témoins de détresse et de la souffrance des personnes qui font appel à leur aide. Les interventions d’urgence viennent souvent avec un grand sentiment d’impuissance, car certains cas sont plus graves, il n’y a rien que les travailleurs puissent faire pour aider le patient. Pour les RMU, ce sentiment est encore plus grand, puisque ceux-ci n’interviennent jamais physiquement auprès du patient et doivent se contenter d’être à l’écoute et d’accueillir les états de crise des patients ou de leurs proches. Pour ces raisons, les employés du milieu préhospitaliers peuvent rapidement devenir des victimes de leurs métiers par leur surexposition à des scènes traumatiques, comme les suicides, les meurtres, les accidents de la route avec ou sans mortalité, les incendies mortels, les décès ou mutilation d’enfant, etc.
Reconnaissance par la CNESST
Ce traumatisme est un fléau dans la communauté des travailleurs médicaux d’urgence et il est grand temps qu’il soit reconnu par la CNESST pour que les travailleurs affectés puissent être accompagnés dans leur guérison. Le taux de suicide est élevé auprès des qui travaillent dans le milieu du préhospitalier et une reconnaissance par la CNESST du traumatisme vicariant aiderait beaucoup de gens. Il faut prendre le problème au sérieux et finalement reconnaitre ce traumatisme comme ce qu’il est : une maladie professionnelle.
Citations
« L’accumulation de situations intenses et traumatiques a un effet à long terme. Il faut commencer à le reconnaitre et à le considérer dans notre approche en santé mentale pour les travailleurs du préhospitalier, le traumatisme vicariant fait des ravages. Notre travail est de sauver des vies, et non d’y laisser la nôtre » nous explique Stéphane Rainville, président de la Fraternité des répartiteurs médicaux d’urgence Laurentides-Lanaudière — FPHQ.
« Tout ce qu’on demande, c’est que le traumatisme vicariant soit reconnu par la CNESST pour que nos travailleurs puissent être soutenus et qu’ils puissent prendre le temps de guérir pour revenir au travail avec leurs pleines capacités afin d’affronter à nouveau les situations traumatiques associées à notre travail », a poursuivi M. Rainville.
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