Le Devoir titre que le rapport est « dévastateur » pour les prétentions du promoteur.[2] Non seulement la vaste majorité des mémoires étaient hostiles aux prétentions du promoteur, mais un sondage démontre que 52% des québécois sont défavorables à GNL [3], sans oublier que les trois partis d’opposition sont « contre ».[4] Dans le contexte de la nécessaire relance de l’économie en cette période post-Covid, le gouvernement du Québec doit décider de la marche à suivre au sujet de ce projet d’exploitation d’énergies fossiles.
Après le désistement du Fonds Berckshire-Hathaway de Warren Buffet, GNL Québec est dans une situation financièrement invivable sans un investissement massif du gouvernement. Mais serait-ce une bonne idée ? Déjà, le projet, tel que présenté, utiliserait près de 6 milliards de KW/h d’électricité « verte » pendant des décennies. Selon des groupes environnementaux, « la facture d’électricité de tous les abonnés d’Hydro-Québec augmenterait de près de 10 milliards au cours des 25 premières années du projet . »[5], En d’autres termes, le promoteur s’attend à ce que les Québécois paient une partie de SA facture d’électricité !
Mais GNL Québec n’est pas le seul projet qui réclame l’intervention financière urgente des gouvernements. Le 23 mars, le Journal de Montréal publiait un texte au sujet du projet Goldboro, un terminus gazier qui serait situé près de Halifax et qui veut également exporter du gaz albertain vers l’Allemagne. La présentation du promoteur « qualifie le projet Goldboro de « priorité » pour la relance post-COVID et souligne que l’appui du gouvernement est « critique » ». « Pieridae a d’ores et déjà obtenu une « garantie de prêt non contraignante » de 4,5 G$ US de la part du gouvernement allemand. »[6] Ce compétiteur de GNL Québec veut près de 5,5 milliards de divers gouvernements ! Ça fait beaucoup de « tétage » de subventions pour ces deux projets gaziers, qui produiraient beaucoup, beaucoup de gaz à effet de serre (GES) au niveau de la planète.
À l’autre bout du pays, l’agrandissement de l’oléoduc Trans Mountain semblait trop risqué, sur le plan financier, pour la firme Kinder-Morgan. Notre gentil gouvernement fédéral l’a acheté pour 4,5 milliards de dollars ! Et il est prêt à ajouter un autre 12,6 milliards pour porter sa capacité quotidienne à 800 000 barils/jr. Si Trans Mountain est trop risqué pour la grande entreprise, les contribuables vont généreusement ramasser la facture ! [7]
Au début de la pandémie, les gouvernements ont examiné la possibilité d’un fonds d’urgence d’au moins 15 milliards pour l’industrie pétrolière.[8] Et le Canada a sorti son chéquier ! Selon Energy Policy Tracker, le Canada aurait engagé l’équivalent de 56 milliards (en devises américaines !) pour protéger le domaine de l’énergie.[9] En plus de tous les aides, avantages fiscaux et subventions statutaires pour l’industrie pétrolière et gazière de l’Alberta, son Premier ministre, M. Jason Kenney, veut 30 milliards additionnels pour développer une technologie pour capturer le carbone (en anglais Carbon Capture, utilization and Storage ou CCUS) !![10] Dire qu’un préjugé tenace dans l’ouest canadien proclame haut et fort que les Québécois sont les « spoiled brats of Confederation » ( les bébés gâtés de la confédération ) !
Les « téteux » veulent tous ces milliards pour permettre à l’industrie des fossiles de continuer à produire du pétrole et du gaz tout en faisant semblant de limiter les GES. Capturer le carbone produit par une consommation effréné de pétrole, c’est comme un diabétique qui continue de se gaver compulsivement de sucreries ; une piqûre d’insuline peut aider temporairement la situation, mais le patient doit obligatoirement réduire son apport calorique. Comme moyen pour réduire les GES, la géo-ingénierie est un pari risqué. [11]
Pour sortir de la déprime post-Covid et relancer une économie plus respectueuse de l’Accord de Paris, les gouvernements provinciaux ont présenté leurs budgets ; le gouvernement fédéral doit faire de même le 19 avril. Les ministres des finances doivent faire face à une pléthore de groupes qui réclament de l’argent public pour toutes sortes de raisons ; les téteux de l’industrie pétrolière sont les plus gourmands et les moins méritants ! Pour respecter l’Accord de Paris et limiter les dégâts engendrés par les changements climatiques, je rappellerai aux « téteux de subventions » qu’il y a seulement deux moyens sûrs pour réduire nos émissions de gaz carbonique : laisser les hydrocarbures dans le sol et planter des arbres !
Gérard Montpetit
le 8 avril 2021
9] https://www.energypolicytracker.org/country/canada
10] https://www.cbc.ca/news/canada/calgary/ucp-federal-government-30-billion-carbon-capture-1.5941518
11] https://www.nationalobserver.com/2021/04/05/opinion/solar-geoengineering-pulling-goalie-hockey-game
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