Qu’en est-il vraiment ? Quand on regarde le portrait statistique de qui est syndiqué au Québec, les stéréotypes générationnels sont loin de se confirmer. En lieu et place d’une structure où se sont les baby-boomers qui occuperaient le gros de l’espace, on découvre une réalité bien différente.
Analysons donc le portrait démographique des cohortes syndicales. Le groupe d’âge le plus représenté au sein des effectifs syndiqués n’est pas celui des baby-boomers (55 ans et plus). En fait, cette catégorie d’âge arrive même en 3e position (16,9 %), tandis que les 45-54 se classent en seconde (27,1 %) et les 25-44 ans en première place (46,1 %).
Employé.e.s syndiqué.e.s selon le groupe d’âge, 2013, en % du total
Source : Institut de la statistique du Québec, Travail et rémunération : Annuaire québécois des statistiques du travail, Gouvernement du Québec, 2014, p. 94.
Une description du « syndiqué moyen » en termes démographiques dément donc le stéréotype qui en ferait un travailleur ou une travailleuse plus âgé.e. Il est également intéressant de remarquer que durant les dix dernières années, le vieillissement des cohortes de salarié.e.s syndiqué.e.s a évolué moins rapidement que celui des non syndiqué.e.s.
Variation selon le groupe d’âge des employé.e.s syndiqué.e.s et non syndiqué.e.s, 2003-2013, en %
Source : Institut de la statistique du Québec, Travail et rémunération : Annuaire québécois des statistiques du travail, Gouvernement du Québec, 2014, p. 94.
Chez les jeunes travailleurs et travailleuses (15-24 ans), la tendance des dix dernières années est radicalement différente, selon que l’on soit syndiqué ou non. Le premier groupe a crû de 9,3 % tandis que le second a subi une baisse de 0,8 %. C’est donc dire que, depuis une décennie, les emplois syndiqués semblent, à l’inverse des prétentions de plusieurs, plus accessibles aux jeunes que les emplois non syndiqués.
En fait, il faudrait se poser la question : pourquoi certains tentent-ils de créer une opposition imaginaire entre jeunes et vieux dans le portrait du syndicalisme québécois ? Dans une époque marquée par les écarts de richesse et la flexibilisation du travail, les plus jeunes devraient peut-être se tourner vers leurs patrons et non leurs aîné.e.s s’ils cherchent quelqu’un à blâmer.