De plus, des représentants du syndicat des Teamsters ont visité les lignes de piquetage érigées par les travailleurs de l’usine Molson à Toronto et le climat qui y règne n’annonce rien de bon sur le plan des relations de travail.
En effet, Éric Picotte, le président syndical de la brasserie de la rue Notre-Dame, a rendu visite à ses quelque 300 confrères et consœurs affiliés au syndicat des brasseries (NUPGE) pour les soutenir et prendre le pouls des négociations à venir avec le brasseur.
Ces travailleurs sont en grève depuis le 12 janvier dernier. Ils jugent les concessions demandées par l’employeur inacceptables et ont donc décidé de débrayer.
Molson veut notamment faire cotiser les travailleurs davantage à leur régime de retraite et sabrer leurs avantages sociaux, au point d’éliminer carrément le régime pour les futurs retraités à compter de 2019. Il s’agit d’une décision injuste puisque ces hommes et femmes travaillent toute leur vie pour bénéficier de ces avantages une fois rendus à la retraite.
Par conséquent, la détérioration des conditions est à ce point marquée que les travailleurs n’ont eu d’autre choix que de débrayer.
La construction d’une nouvelle usine à Montréal menace la paix industrielle
La construction d’une éventuelle nouvelle usine à Montréal pourrait directement menacer la paix industrielle entre le brasseur et ses travailleurs affiliés à la Section locale 1999 du syndicat des Teamsters. De plus, le virage canette qu’a pris Molson au cours des dernières années a déjà été lourd de conséquences, ayant suscité la colère des syndiqués et mené à l’abolition de près de 71 emplois à l’usine de la rue Notre-Dame.
Ce virage canette pris par l’entreprise a été décriée par les Teamsters dans le cadre d’une campagne publicitaire menée pendant la période des fêtes de fin d’année en 2015. La canette étant un contenant moins écologique que la bouteille brune décapsulable, les Teamsters avaient aussi entrepris une campagne auprès des élus provinciaux afin de les sensibiliser aux impacts économiques et écologiques découlant de la décision du brasseur.
Les négociations en vue de renouveler la convention collective des travailleurs de Montréal seront entamées l’automne prochain. Le contrat de travail actuellement en vigueur prend fin en décembre 2017. Selon une rumeur qui court, la brasserie annoncera au printemps sa décision concernant le projet de construction d’une nouvelle usine. Les syndiqués craignent notamment que le brasseur décide de ne plus produire que de la bière en canette, ce qui se solderait par de nombreuses pertes d’emplois.
À la lumière des discussions entreprises avec les dirigeants syndicaux de l’usine de Toronto, Éric Picotte craint que Molson adopte la même attitude à la table de négociations.
« Nous n’accepterons pas que les dirigeants de Molson nous forcent à accepter les mêmes concessions que celles demandées des travailleurs en poste à Toronto, a-t-il prévenu. Nous sommes disposés à négocier de bonne foi et avec une ouverture d’esprit, mais à condition que la qualité du travail de nos membres soit reconnue à sa juste valeur et que leurs emplois soient préservés. »
Il est devenu évident au fil du temps, notamment depuis la fusion de Molson avec Coors et le rachat de Miller, que ce sont les dirigeants américains qui dictent les pourparlers. Ces dirigeants américains prônent un stratagème de négociation qui vise à imposer les conditions de travail ou à carrément rejeter les revendications syndicales du revers de la main.
« L’employeur nous a mentionné à plusieurs reprises que ses usines se livraient à une concurrence mutuelle à l’échelle de l’Amérique du Nord, a ajouté le leader syndical. Nous estimons qu’il s’agit d’une stratégie visant à diviser les travailleurs pour ensuite mieux leur imposer des conditions inacceptables. Nous ne tomberons pas dans ce panneau. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous nous sommes rendus à Toronto pour encourager nos confrères et consœurs. »
Bref, la négociation du renouvellement de la convention collective de l’usine de Montréal s’annonce un dossier à suivre.