« Notre mission est de prendre soin adéquatement de notre monde et on ne nous donne pas les moyens de le faire. Comment peut-on évaluer, en CHSLD, les besoins ou la douleur d’une personne âgée, prendre les moyens nécessaires pour prévenir les chutes et les plaies ou soutenir les familles des patients aux soins palliatifs, lorsqu’on est la seule infimière pour s’occuper de 75 à 100 personnes âgées ou la seule infirmière auxiliaire pour 30 aînés ? », questionne Micheline Barriault.
Elle ajoute que la situation n’est pas mieux dans les autres types de soins. « Comment peut-on évaluer la situation globale de la personne âgée et prendre les actions nécessaires pour maintenir son autonomie lorsqu’on manque de temps, et qu’en centre hospitalier, les personnes âgées retournent à la maison avant même d’être stabilisées ? Tout cela est le quotidien des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes », déplore-t-elle.
Dénonciations au conseil d’administration
Le personnel en soins qui vit ces situations difficiles liées à la maltraitance du réseau de la santé, ne peut plus tolérer l’inacceptable et en a informé le SIIIEQ-CSQ.
« Dans les dernières semaines, nous sommes allés à la rencontre de l’ensemble des infirmières, infirmières auxiliaires, et inhalothérapeutes en Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent, de Gaspé à La Pocatière. Le portrait est loin d’être rose. Nous les avons invitées - et nous les encourageons à nouveau - à nous faire part de toutes les situations de maltraitance liées à la mauvaise gestion du réseau de la santé auxquelles elles sont confrontées. Ces témoignages nous permettent de déposer des plaintes aux conseils d’administration et au ministre Barrette pour que les choses changent. Nous en avons assez de dénoncer, nous voulons passer à l’action », ajoute Micheline Barriault.
Cette nouvelle offensive du SIIIEQ-CSQ s’ajoute à d’autres actions déjà entreprises, dont le dépôt à la Protectrice du citoyen et à la Vérificatrice générale du Québec, en juin dernier, du dossier noir sur l’état de santé du CISSS de la Gaspésie. La présidente du SIIIEQ-CSQ précise que l’enquête de la Protectrice du citoyen est toujours en cours et que les résultats devraient être connus incessamment.
Les impacts réels du désengagement de l’État
Pour sa part, Louise Chabot rappelle que la CSQ a déjà mis en lumière les dégâts causés par le désengagement de l’État et les coupes qui s’élèvent à 19 millions de dollars dans le Bas-Saint-Laurent et à 21 millions en Gaspésie dans le réseau de la santé depuis la mise en place des CISSS.
« Quand nous additionnons le manque d’effectifs grandissant au manque de ressources constant et aux nombreuses réformes inhumaines, nous nous retrouvons avec une somme désastreuse qui a des impacts considérables sur les conditions de travail des infirmières, des infirmières auxiliaires et des inhalothérapeutes et, par le fait même, sur la qualité et la sécurité des soins ! », soutient la présidente de la CSQ.
Un personnel qui a besoin de soutien
La leader syndicale rappelle que le personnel de la santé joue un rôle majeur dans la détection et la prévention des situations de maltraitance envers les personnes aînées.
« Le ministre Gaétan Barrette a reconnu lui-même que le travail des équipes de soins est crucial pour contrer la maltraitance. C’est un pas dans la bonne direction. Maintenant, il doit agir en s’assurant qu’il y ait du personnel en nombre suffisant et en lui offrant des conditions de travail qui lui permette de bien soigner les gens. La CSQ continue d’ailleurs d’exercer des pressions en ce sens », poursuit Louise Chabot.
Une lutte à finir
En terminant, la présidente assure les infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent qu’elles pourront compter sur le SIIIEQ-CSQ pour que ce dossier soit prioritaire.
« La maltraitance envers les aînés dans le réseau de la santé est loin d’être un phénomène à prendre à la légère. Nous allons mener la bataille jusqu’au bout pour que le personnel de la santé de la Gaspésie et du Bas-St-Laurent puisse travailler dans le respect et se consacrer entièrement à sa mission : soigner les gens, et ce, dans des conditions de travail décentes », conclut Micheline Barriault.