Est-ce parce que nous n’enseignons pas assez l’importance du politique par
opposition à la politique politicienne ? Est-ce parce que les médias et une grande partie des élites elles-mêmes considèrent le monde politique comme un cirque ? Est-ce parce qu’on a convaincu la population qu’elle devait être spectatrice alors qu’elle devrait être l’acteur principal ?
Toujours est-il que nous avons ainsi créé des monstres politiques, tel ce Jean Charest qui trouvait tout à fait normal d’appeler un juge pour l’influencer, fin des années 80, et qui s’excusait non d’avoir commis le geste, mais de s’être fait prendre. Tels ces élus municipaux qui estiment dans l’ordre des choses d’utiliser leur position pour se servir dans l’assiette au beurre et au passage graisser les pattes de leurs petits copains. Tels ces péquistes qui trouvaient toutes naturelles les manifestations contre le gouvernement libéral, parce qu’ils croyaient qu’elles étaient en leur faveur, mais insupportable la volonté de manifester pour contester leurs décisions à eux.
C’est une monstruosité que de vouloir asservir la population à la politique politicienne, alors que le printemps érable a été une magnifique révélation de la découverte du politique par un nombre important de citoyennes et de citoyens.
Mais qu’a de plus pressé le gouvernement péquiste ? Pas d’enquêter sur l’épouvantable répression policière ordonnée par le gouvernement précédent ! Non, car cette répression, il la pratique lui-même à son avantage. Sa commission spéciale a pour but de trouver des moyens pour que la population ne prenne plus la rue. En clair, inventez-nous des façons d’étouffer la grogne populaire afin que la seule chose qui compte, le commerce, puisse s’épanouir sans contrainte.
Si nous avions des politiques au gouvernement, plutôt que de petits politiciens, ils chercheraient des moyens pour que la population ait davantage de possibilités de s’investir dans le politique. Ils ouvriraient la possibilité pour les quartiers, les villes et les villages de s’exprimer dans les rues, les chemins, les places publiques. Ils se demanderaient comment créer des mécanismes pour répondre rapidement aux besoins des populations. Ils ne chercheraient pas à inventer des moyens pour réprimer les manifestations avant même qu’elles aient lieu.
LAGACÉ Francis