Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Israël - Palestine

Les atrocités actuelles à Gaza : simple reflet de celles commises par les sionistes en 1947-8

Voir en direct les forces militaires israéliennes tirer sur des Gazaouis qui sont tellement affamés qu’ils se lancent désespérément sur un camion d’aide humanitaire...

Ovide Bastien, professeur retraité du Collège Dawson

Voir ces 117 morts et 750 blessés qui s’ajoutent à tant d’autres...

Voir Israël sortir de son chapeau l’allégation peu crédible que ses soldats ne tiraient sur la foule que parce qu’ils se sentaient menacer par des gens qui s’approchaient un peu trop de leurs chars d’assaut...

Voir tout cela est profondément bouleversant et révoltant.

Cette guerre, la plus meurtrière de l’histoire moderne pour enfants, femmes, journalistes, professionnels de la santé et personnel des Nations unies, a déjà fait, dans l’espace de cinq mois, 31 000 morts et 72 000 blessés.

« On veut délibérément faire mourir de faim les Palestiniens  », affirme Michael Fakhri, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation. «  Sinon, pourquoi bloquer systématiquement le passage de l’aide humanitaire à Gaza ? Depuis les mesures provisoires adoptées le 26 janvier par la Cour internationale de justice sommant Israël de débloquer l’aide humanitaire qui entre à Gaza, celle-ci, au lieu d’augmenter, a plutôt été coupé de moitié », poursuit Fakhri. «  Pourquoi détruire délibérément bateaux de pêche artisanale, serres et vergers à Gaza, sinon pour empêcher les gens d’avoir accès à la nourriture ? N’est-ce pas carrément un crime de guerre, et même un génocide ? »

Mardi 5 mars, le Programme alimentaire mondial affirme qu’un convoi de 14 camions transportant de la nourriture destinée au nord de la bande de Gaza, après trois heures d’attente à un poste de contrôle à Wadi Gaza, vient d’être refoulé par les forces de défense israéliennes...

Ce qui se passe sous nos yeux arrache le cœur... Et illustre, de façon on ne peut plus claire, que lorsque le ministre israélien de la défense Yoav Gallant déclarait en octobre dernier, « Nous allons imposer un siège complet à Gaza ... pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant - tout sera fermé  », il pensait bel et bien ce qu’il disait.
Dans un tel contexte, comment douter du bien-fondé de l’accusation de génocide portée par l’Afrique du Sud contre Israël auprès de la Cour internationale de justice ? Comment croire Israël et Washington lorsqu’ils allèguent que cette accusation « est sans aucun fondement factuel  » ?

Atrocités décrites dans le livre The Ethnic Cleansing of Palestine

Dans un article précédent, Gaza : comprendre aujourd’hui en regardant hier, (Presse-toi à gauche, le 5 décembre 2023), je rappelais quelques conclusions de l’enquête que menait les Nations unies à la suite de l’invasion de Gaza par Israël du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009, 1 Des conclusions qui, à mon avis, détruisent, et de façon magistrale, l’allégation d’Israël selon laquelle, dans son invasion actuelle de Gaza, elle ne fait que se défendre tout en respectant scrupuleusement les lois humanitaires, et que le grand nombre de victimes palestiniennes ne provient que du Hamas qui n’hésite pas à utiliser femmes et enfants, et même écoles et hôpitaux, comme boucliers humains. Allégation que le président étatsunien Joe Biden semble avoir fait sienne jeudi soir, 7 mars, dans son discours à la nation, en affirmant que l’opération militaire israélienne est difficile «  étant donné que les membres du Hamas se cachent, comme des lâches, parmi la population civile ».

Dans cet article, je vais décrire, à l’aide de nombreux extraits du livre The Ethnic Cleansing of Palestine (2006) de l’historien juif Ilan Pappé, les atrocités énormes commises en 1947-8 par les sionistes lors de la fondation de l’État juif en Palestine.

J’invite lectrices et lecteurs à évaluer si les atrocités commises aujourd’hui à Gaza ne font pas tout simplement refléter celles subies par Palestiniennes et Palestiniens en 1947-8.

Dans une lettre qu’il adressait à son bras droit Moshe Sharett le 13 décembre 1947, le grand leader sioniste David Ben-Gurion affirmait que les Juifs, pour atteindre leur rêve du grand Israël, pouvaient faire «  tout ce qu’ils voulaient aux Palestiniens ».

Incluant, écrivait-il, «  les faire mourir de faim » !2

Et le 10 mars 1948, il se réunissait avec dix autres leaders sionistes chevronnés et quelques jeunes officiers militaires juifs afin de peaufiner un plan de nettoyage ethnique de la Palestine.

Le soir même, on faisait parvenir des ordres aux unités de combat sur le terrain, précisant les villages précis que chaque unité devait attaquer, accompagnés d’une description détaillée des méthodes à employer :
• Intimidation à grande échelle.
• Siège et bombardement des villages et des villes.
• Expulsion des Palestiniens et incendie et démolition de leurs maisons, propriétés et biens.
• Pose de mines parmi les décombres afin d’empêcher tout retour des habitants expulsés.

Le plan fut exécuté de façon tellement efficace que, dans l’espace de quelques mois, les forces juives avaient déjà détruit la moitié des villages et villes palestiniennes, transformant en réfugiés 750 000 des 900 000 Palestiniens qui vivaient en Palestine.

Ce nettoyage ethnique, rappelle Pappé, prenait généralement la forme suivante : « entrer vers minuit dans un village sans défense, passer quelques heures à tirer sur tous ceux et celles qui osent sortir de leur maison, puis repartir. »
Et les troupes juives, précise-t-il, avaient déjà initié ce nettoyage bien avant la mise au point du grand plan final du 10 mars 1948.

Un premier exemple, Ayyub

En décembre 1947, le village Ayyub, qui a environ 500 habitants, se réunit le soir pour fêter l’ouverture d’une nouvelle école construite grâce aux dons des familles. Vers dix heures, explique Pappé, la joie des habitants est instantanément anéantie lorsqu’une « compagnie de vingt soldats juifs attaque le village - qui, comme tant d’autres villages en décembre 1947, ne dispose d’aucun mécanisme de défense - et commence à tirer au hasard sur plusieurs maisons ». Ayyub sera « par la suite attaqué à trois autres reprises avant d’être complètement évacué par la force et rasé en avril 1948 », poursuit Pappé.

Un deuxième exemple Khisas

Le 18 décembre 1947, des troupes juives attaquent le village Khisas, reconnu pour sa beauté extraordinaire et où vivaient paisiblement ensemble depuis fort longtemps plusieurs centaines de Musulmans et une centaine de Chrétiens. « En pleine nuit, elles font exploser des maisons au hasard alors que les occupants y dorment encore profondément. Quinze villageois, dont cinq enfants, sont tués lors de cette attaque », note Pappé.

Un troisième exemple Shaykh Izz al-Din al-Qassam

Le 31 décembre 1947, des troupes juives attaquent Shaykh Izz al-Din al-Qassam, le village où fut enterré l’un des leaders palestiniens les plus vénérés et les plus charismatiques des années 1930, tué par les Britanniques en 1935. Le commandant des troupes Haim Avinoam, qui a reçu de ses supérieurs l’ordre « d’encercler le village, tuer le plus grand nombre possible d’hommes, endommager les biens, mais sans attaquer femmes et enfants », réussit à tuer, dans une attaque de trois heures, plus de soixante Palestiniens. Cependant, précise Pappé, parmi les victimes « il n’y a pas seulement des hommes ». Plutôt de sévir contre le commandant qui n’a pas respecté au pied de la lettre la consigne, les membres du Conseil que dirige Ben Gurion décident, lors de leur réunion subséquente, que « la distinction hommes-femmes complique inutilement les choses ». Ils « laissent donc tomber cette distinction pour les opérations futures ».

Un quatrième exemple Sa’sa

La nuit du 14 février 1948, les troupes juives attaquent le village palestinien Sa’sa, qui est magnifiquement situé dans la seule partie toujours verte du pays, et qui est un de ces villages palestiniens qui apparaissent assez souvent dans les guides touristiques officiels israéliens. La résistance des habitants se manifeste lorsque les troupes entrent dans le village et commencent à fixer du TNT sur les maisons. « Nous sommes tombés sur un garde arabe, » racontera plus tard Kalman. « Le garde était tellement surpris qu’il n’a pas demandé "min hada ?", "qui est-ce ?", mais "eish hada ?", "qu’est-ce que c’est ?". L’un de nos soldats, qui connaissait l’arabe, a répondu avec humour [sic] "hada esh !" ("c’est [en arabe] du feu [en hébreu]") et l’a criblé de balles  ». Les troupes de Kalman ont pris la rue principale du village et ont fait systématiquement sauter les maisons les unes après les autres, alors que les familles dormaient encore à l’intérieur. «  À la fin, le ciel s’est ouvert », se souvient poétiquement Kalman, alors qu’un tiers du village se trouvait pulvérisé dans les airs. « Nous avons laissé derrière nous 35 maisons démolies et 60 à 80 cadavres (dont un grand nombre d’enfants).  »

Un cinquième exemple Deir Yassin

« Le 9 avril 1948, les forces juives ont occupé le village de Deir Yassin. (...) En faisant irruption dans le village, les soldats juifs, relate Ilan Pappé, ont arrosé les maisons de tirs de mitrailleuses, tuant de nombreux villageois. Les autres villageois ont ensuite été rassemblés en un seul endroit et assassinés de sang-froid, (...) et un certain nombre de femmes ont été violées puis tuées. FahZaydan, qui avait douze ans à l’époque, se souvient de la façon dont il a vu sa famille être assassinée sous ses yeux : Ils nous ont fait sortir les uns après les autres ; ils ont tiré sur un vieil homme et lorsque l’une de ses filles a pleuré, elle a été abattue à son tour. Ils ont ensuite appelé mon frère Muhammad et l’ont abattu devant nous, et lorsque ma mère a crié, se penchant sur lui - portant ma petite sœur Hudra dans ses bras, l’allaitant encore - ils l’ont abattue aussi. »

Les forces juives considéraient tout village palestinien comme une base militaire ennemie, rappelle Ilan Pappé. « Était donc minime pour elles la distinction entre massacrer des gens et les tuer ‘en cours de combat’. Il suffit de savoir que trente bébés figuraient parmi les personnes massacrées à Deir Yassin... », poursuit-il.

Après le village Deir Yassin, les quatre villages palestiniens suivants à subir une attaque des troupes juives furent Qalunya, Saris, Beit Surik et Biddu, relate Pappé. « Passant environ une heure dans chaque village, les unités de la Hagana font sauter les maisons et expulsent les habitants. »

« Le 27 mai 1948, les Égyptiens ont surpris deux Juifs, David Horin et David Mizrachi, en train d’essayer d’injecter les virus de la typhoïde et de la dysenterie dans les puits de Gaza, affirme Ilan Pappé. Le général Yadin a rapporté l’incident à Ben-Gurion, alors Premier ministre d’Israël, qui l’a dûment consigné dans son journal, sans autre commentaire. »
« Entre le 30 mars et le 15 mai, 200 villages ont été occupés et leurs habitants expulsés, poursuit Ilan Pappé. C’est un fait qui doit être répété, car il met à mal le mythe israélien selon lequel les "Arabes" se sont enfuis une fois que l’invasion arabe a commencé. Près de la moitié des villages palestiniens avaient déjà été attaqués lorsque les gouvernements arabes ont finalement décidé, à contrecœur comme nous le savons, d’envoyer leurs troupes. Quatre-vingt-dix autres villages seront anéantis entre le 15 mai et le 11 juin 1948, date à laquelle la première des deux trêves entrera finalement en vigueur. »

«  Ben-Gurion a suivi personnellement l’achat d’une arme particulièrement meurtrière - un lance-flammes - qui serait bientôt utilisée pour incendier les champs et les maisons des Palestiniens, » rappelle Ilan Pappé. « Un professeur de chimie anglo-juif, Sasha Goldberg, a dirigé le projet d’achat puis de fabrication de cette arme, d’abord dans un laboratoire à Londres, puis à Rehovot, au sud de Tel-Aviv, dans ce qui allait devenir l’Institut Weizmann dans les années 1950. »

«  L’histoire orale de la Nakba regorge de témoignages sur les terribles effets de cette arme sur les personnes et les biens,  » note Pappé.

Les Israéliens valorisent énormément l’histoire orale lorsque celle-ci sert à contrecarrer ceux et celles qui prétendent que l’Holocauste n’a jamais eu lieu, note Pappé. Cependant, lorsqu’on utilise cette même histoire orale pour documenter la Nakbah, c’est-à-dire la catastrophe que constitue le nettoyage ethnique de la Palestine, les Israéliens s’y opposent carrément. Cette réalité est tellement occultée en Israël que le ministère de l’Éducation, sous le gouvernement d’Ariel Sharon, supprimait systématiquement tout manuel ou programme scolaire où il était question, même de façon passagère, de la Nakbah. Le gouvernement Sharon a aussi fait parvenir des instructions aux autorités de la radiodiffusion publique, leur demandant d’occulter cette réalité.

« Le projet de lance-flammes, poursuit Pappé, faisait partie d’une unité plus large engagée dans le développement de la guerre biologique sous la direction d’un physico-chimiste appelé Ephraim Katzir (plus tard le président d’Israël qui, dans les années 1980, par un lapsus, a révélé au monde que l’État juif possédait des armes nucléaires). L’unité biologique qu’il dirigeait avec son frère Aharon a commencé à travailler sérieusement en février 1948. Son principal objectif était de créer une arme capable de rendre les gens aveugles. Katzir rapporte à Ben-Gurion : ‘Nous faisons des expériences sur des animaux. Nos chercheurs portaient des masques à gaz et des tenues adéquates. Les résultats sont bons. Les animaux ne sont pas morts (ils ont seulement été aveuglés). Nous pouvons produire 20 kilos par jour de ce produit’. En juin, Katzir a suggéré de l’utiliser sur des êtres humains.  »

Pappé n’affirme pas, cependant, que le gaz mentionné plus haut a bel et bien été utilisé par les troupes juives.
« L’historiographie israélienne officielle décrit le mois suivant, avril 1948, comme un tournant, » poursuit Pappé. « Selon cette version, une communauté juive isolée et menacée en Palestine passait de la défense à l’offensive, après avoir frôlé la défaite. Cependant, la réalité ne pouvait guère être plus différente. Le rapport de force militaire, politique et économique entre les deux communautés était tel que non seulement la majorité des Juifs n’était pas du tout en danger, mais en plus, entre début décembre 1947 et fin mars 1948, leur armée avait pu achever la première étape du nettoyage ethnique de la Palestine, avant même que le plan d’ensemble ne soit mis en œuvre. S’il y a eu un tournant en avril, c’est tout simplement le passage des attaques et contre-attaques sporadiques contre la population civile palestinienne à la méga-opération systématique de nettoyage ethnique qui s’ensuivit, » poursuit Pappé.

«  Pleurer à haute voix tout en assassinant et en expulsant des innocents est une tactique pour faire face aux implications morales du plan de nettoyage ethnique de la Palestine, » affirme Pappé. «  L’autre tactique consiste à déshumaniser les Palestiniens. L’Agence juive avait promis à l’ONU que les Palestiniens allaient devenir des citoyens à part entière de l’État d’Israël. Au lieu de cela, on les a expulsés, emprisonnés ou assassinés.  »

«  Notre armée, » se vante Yossef Weitz, « avance et conquiert les villages palestiniens et leurs habitants s’enfuient comme des souris.  »

Nouveaux nazis

Le 17 octobre 2023, Benjamin Nétanyahou, lors d’une conférence de presse tenue aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, qualifiait le Hamas de "nouveaux nazis".

Son prédécesseur Ben-Gurion, dès janvier 1948, appelait déjà « victimes d’un second Holocauste » les pertes que ses troupes subissaient, affirme Pappé. Les Palestiniens qui résistaient aux tentatives de celles-ci de les déloger des terres et maisons où ils habitaient depuis des centaines d’années, étaient déjà considérés, aussi étrange que cela puisse paraître, de "nouveaux nazis".

«  La tentative de présenter les Palestiniens, et les Arabes en général, comme des nazis était un stratagème délibéré de relations publiques pour s’assurer que, trois ans après l’Holocauste, les soldats juifs ne perdraient pas courage lorsqu’ils recevraient l’ordre de nettoyer, de tuer et de détruire d’autres êtres humains », commente Pappé.

Cette continuité entre hier et aujourd’hui est étonnante ! Dans son discours à la nation du 7 mars, le président Joe Biden se réfère à l’attaque du Hamas du 7 octobre comme «  le pire massacre de Juifs depuis l’Holocauste ». Encore ici l’association entre le Hamas et les nazis est claire. Et si Biden, dans ce discours, s’attarde avec force détails sur les atrocités commise par le Hamas, ce n’est qu’avec une évidente désinvolture qu’il reconnaît que 31 000 Palestiniens, la plupart femmes et enfants, ont été assassinés au cours des derniers cinq mois.

Afin qu’un cessez-le-feu puisse se réaliser, Biden invite le Hamas à déposer les armes et se rendre, et de libérer les 130 otages israéliens qu’il détient toujours. Et même si le gouvernement Nétanyahou refuse carrément la création d’un État palestinien, vient d’adopter au Knesset le 4 mars une résolution autorisant les colons juifs à construire 3,500 autres maisons en Cisjordanie - où, depuis le 7 octobre, il a détenu sans possibilité de procès plus de 8 000 Palestiniens, dont plusieurs adolescents -, Biden ne demande pas à ce gouvernement de déposer les armes.

Non. Il continue plutôt, comme si de rien n’était, de lui en fournir, comme le rapportait le 6 mars le Guardian !3
Quelle importance doit-on dès lors accorder aux propos de Biden lorsqu’il met de l’avant, dans son discours, la « solution à deux États » ? N’est-ce pas faire preuve d’une hypocrisie consommée que de recourir au transport aérien pour apporter quelques gouttes d’aide humanitaire à une population assiégée qui crève littéralement de faim ? N’est-ce pas faire preuve d’une hypocrisie consommée que d’annoncer, comme le fait Biden dans son discours à la nation, la création d’un port temporaire pour acheminer de l’aide à Gaza ? Un port qui va nécessiter des semaines à construire... Alors que de centaines de camions, chargés d’une immense quantité d’aide humanitaire, attendent, et ce depuis des semaines, à la frontière de Gaza et qu’Israël limite intentionnellement leur entrée ?

En 1947-8, les pertes du côté juif étaient carrément inférieures (400) à celles du côté palestinien (1 500), affirme Pappé dans son livre. Idem aujourd’hui. Les pertes totales du côté des Palestiniens sont de 31 000 à Gaza et 400 en Cisjordanie, et, du côté d’Israël, 1 332.

Ilan Pappé est détesté en Israël

Quoique la qualité académique d’Ilan Pappé est appréciée et reconnue sur le plan international, lectrices et lecteurs ne doivent pas trop s’étonner d’apprendre qu’en Israël, il est très détesté.

Le juif Benny Morris, un historien qui s’est temporairement éloigné de l’idéologie sioniste pour y revenir par la suite, produit une critique cinglante de l’œuvre d’Ilan Pappé. Son très long article s’intitule d’ailleurs « The Liar as Hero ».4 Pour Morris, son ancien collègue de l’Université de Haïfa, Ilan Pappé, ne serait qu’un « menteur devenu héros  ».
Dans un prochain article, je vais décrire, m’inspirant du livre d’Ilan Pappé Out of the Frame : The Struggle for Academic Freedom in Israel (2010), l’évolution intellectuelle qui a conduit Pappé à remettre carrément en question le sionisme dans lequel il a grandi.

Notes
1. HUMAN RIGHTS IN PALESTINE AND OTHER OCCUPIED ARAB TERRITORIES : Report of the United Nations Fact Finding Mission on the Gaza Conflict, le 15 septembre 2009. Consulté le 2 décembre 2023. Vous pouvez télécharger le rapport au complet.
2.Voici le texte original anglais : ‘What do you mean by violent action ?’ Ben-Gurion asked Moshe Sharatt. ‘Destroying the traffic (buses, lorries that carry agricultural products and private cars) … sinking their fishing boats in Jaffa, closing their shops and preventing raw materials from reaching their factories.’ ‘How will they react ?’ asked Ben-Gurion. ‘The initial reaction may be riots, but eventually they will understand the message.’ The main goal was thus to assure that the population would be at the Zionists’ mercy, so their fate could be sealed. Ben-Gurion seemed to like this suggestion, and wrote to Sharett three days later to explain the general idea : the Palestinian community in the Jewish area would be ‘at our mercy’ and anything the Jews wanted could be done to them, including ‘starving them to death’. Israeli State Archives Publications, Political and Diplomatic Documents of the Zionist Central Archives and Israeli State Archives, December 1947-May1948, Jerusalem 1979 (Hebrew), Doc. 45, 14 December 47, p. 60. Cité dans Ilan Pappé, The Ethnic Cleansing of Palestine (p. 36). Oneworld Publications. Édition Kindle.
3.Julian Borger, US uses loophole to keep 100 arms sales to Israel under the radar amid Gaza war – report, The Guardiian, le 6 mars 2024. Consulté le même jour.
4.Benny Morris, The Liar as Hero, The New Republic, le 17 mars, 2011. Consulté le 4 mars 2024.

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