Édition du 17 décembre 2024

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Environnement

Les arguments en faveur de l'autorisation d'un dépotoir nucléaire sont pleins d'erreurs et d'omissions graves.

Selon des groupes de citoyens, les arguments de l’autorité de réglementation nucléaire en faveur de l’autorisation d’un gigantesque monticule de déchets nucléaires sont truffés d’erreurs et d’omissions graves.

Des groupes de citoyens de l’Ontario et du Québec ont présenté à la CCSN, l’organisme de réglementation nucléaire du Canada, une critique virulente du dossier d’autorisation d’un gigantesque monticule de déchets radioactifs le long de la rivière des Outaouais. Cette critique a été transmise à la présidente de la CCSN, Rumina Velshi, avant l’audience publique sur la demande de permis qui débute mardi le 22 février.

Si elle est approuvée, la décharge géante s’élèvera à 18 mètres de haut et contiendra un million de tonnes de déchets radioactifs et dangereux mélangés. Une partie du contenu resterait dangereusement radioactif pendant des milliers d’années ; cependant, la décharge devrait se détériorer en quelques centaines d’années selon les études produites par le promoteur, les Laboratoires nucléaires canadiens, propriété d’un consortium de multinationales. Les normes de sécurité internationales interdisent l’élimination des déchets radioactifs à longue durée de vie dans les décharges.

La critique citoyenne des principaux documents d’autorisation a relevé onze failles critiques, allant du manque d’informations détaillées sur le contenu de la décharge de déchets radioactifs, comme l’exige le Règlement sur la sûreté et la réglementation nucléaires, jusqu’à de graves lacunes dans le processus de sélection du site de l’installation.

"On ne pourrait pas trouver de pire site pour ce dépotoir", a déclaré Johanna Echlin, de l’Association des propriétaires de chalets de Old Fort William (Québec), l’un des groupes qui ont cosigné la critique des citoyens. "Le site, sur le flanc d’une colline, est entouré sur trois côtés par des zones humides qui se déversent dans la rivière des Outaouais, à un kilomètre de là. La nappe phréatique se trouve à quelques centimètres sous la surface à cet endroit et le substratum rocheux est très fracturé."

L’emplacement de l’installation proposée préoccupe également les collectivités en aval qui tirent leur eau potable de la rivière des Outaouais, notamment Ottawa, Gatineau et Montréal. Ces trois villes font partie des 140 municipalités qui ont adopté des résolutions pour exprimer leur inquiétude au sujet de la décharge proposée. L’Assemblée des Premières Nations a également adopté une résolution s’opposant à ce dépotoir.

Ole Hendrickson, scientifique et chercheur pour le groupe Concerned Citizens of Renfrew County and Area, a déclaré que les documents d’autorisation contenaient un certain nombre d’erreurs graves, notamment une surestimation d’un facteur 1000 de la radioactivité des gisements d’uranium voisins. "Cette surestimation grossière est utilisée par le promoteur et l’organisme de réglementation pour faire valoir que le monticule géant serait moins radioactif que les roches environnantes après quelques centaines d’années", a déclaré Hendrickson. "En fait, les conteneurs de déchets à haute radioactivité dans la décharge dépasseraient les niveaux dans les roches environnantes pendant des milliers d’années."

Le Ralliement contre la pollution radioactive, basé au Québec, a contribué à un certain nombre de conclusions dans la critique. Le groupe est très préoccupé par la présence du cobalt-60 qui fournira à lui seul 98% de la radioactivité initiale du dépotoir, même si sa radioactivité diminuera rapidement par la suite. Les sources de cobalt-60 usagées nécessitent un blindage en plomb parce qu’elles émettent des rayonnements gamma intenses mettant en danger les travailleurs. La physicienne Ginette Charbonneau, porte-parole du Ralliement, affirme que seules les sources de cobalt-60 de faible activité pourraient être acceptées dans un monticule en surface et que les critères d’acceptation de ces déchets dans le dépotoir doivent être resserrés. "Il est aussi hors de question que des substances radioactives à longue durée de vie comme le plutonium soient éliminés dans une décharge", a déclaré Mme Charbonneau. "Il s’agit tout simplement d’une proposition insensée, qui n’est absolument pas conforme aux normes internationales", a-t-elle ajouté.

Les groupes de citoyens affirment que les arguments en faveur de l’approbation de la décharge radioactive géante, appelée installation de gestion des déchets près de la surface (IGDPS) par le promoteur, présentent de si graves lacunes que les commissaires de la CCSN ne pourraient pas prendre une décision d’autorisation judicieuse sur la base du contenu des documents. Ils ont demandé que cette critique des citoyens soit distribuée aux commissaires lors de l’audience du 22 février et que tous les défauts, erreurs et omissions soient entièrement traités avant que la Commission ne soit invitée à prendre une décision sur le permis de la décharge.

Les audiences relatives à l’autorisation de la décharge géante de déchets radioactifs se dérouleront en deux parties. La première aura lieu le 22 février. La deuxième commencera le 31 mai, mais elle devrait durer plusieurs jours car elle inclura des présentations de communautés autochtones, de représentants municipaux, d’ONG et de membres du public. Les demandes d’intervention dans les audiences doivent être soumises par écrit à la CCSN d’ici le 11 avril 2022. Voir l’avis d’audience publique pour plus de détails.

Ginette Charbonneau,
Gilles Provost,
Porte-paroles du Ralliement contre la pollution radioactive

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