« Il y a des risques et il faut les évaluer de façon approfondie. On trouve que la réglementation qui nous est proposée aujourd’hui est largement improvisée », indique le juriste et sociologue Richard E. Langelier, qui signe avec quatre autres personnes une analyse du RPEP.
« On s’entend que si on fait de la fracturation et qu’on se dit on a 500 mètres, mais sous le terrain, on va à deux kilomètres, ce n’est pas trop compliqué à comprendre qu’il y a un risque au-delà du 500 mètres », rajoute l’ingénieure et hydrogéologue Chantal Savaria.
Pour Mme Savaria, il faudrait réécrire le règlement : « il faudrait que la zone protectrice tienne compte du rayon du forage ».
Par ailleurs, les auteurs de l’analyse estiment que les municipalités devraient avoir leur mot à dire puisque le règlement leur enlève tout pouvoir dans cette matière. « Je comprends mal l’attitude des unions municipales dans la mesure où il [le règlement] hypothèque les communautés locales de gérer l’eau sur leur territoire », indique M. Langelier.
Selon lui, une centaine de municipalités se rencontreront en septembre et vont lancer un appel aux autres municipalités afin de demander au ministre des Affaires municipales l’autorisation d’être plus sévère pour protéger les sources d’eau.
Par ailleurs, le règlement oblige de suivre un puits fermé sur une dizaine d’années. Insuffisant selon M. Langelier : « Les citoyens devront payer les conséquences si la contamination prend plus d’une dizaine d’années avant de se produire. On prépare des dizaines de Lac-Mégantic, où ce sont les citoyens qui devront les assumer ».
L’étude de l’INRS sur Haldimand 4
L’étude présentée en mai dernier par l’INRS indiquant qu’un forage pétrolier sans fracturation à Haldimand 4 ne mettrait pas à risque les sources d’eau potable du secteur serait non conforme en vertu du nouveau règlement, selon Chantal Savaria, puisqu’elle est basée sur le projet de règlement déposé par l’ancien gouvernement péquiste, en mai 2013. « L’évaluation est non concluante pour n’assurer aucun risque pour l’eau souterraine.
L’étude compte juste du marquage intrinsèque de la molécule d’eau et non pas de la migration des hydrocarbures pétroliers ainsi que des chemins préférentiels issus du forage pétrolier avec ou sans fracturation », analyse Mme Savaria.
Selon elle, l’étude ne tient pas compte de la possibilité de la fracturation et du forage horizontal d’Haldimand 4.
Poursuivre la mobilisation
Avec ces nouvelles analyses, la présidente d’EADG, Lise Chartrand, ne baisse pas les bras. « Les experts sont venus confirmer ce qu’on dit depuis trois ans. Les opérations pétrolières ne pourraient qu’augmenter les risques concrets », dit-elle, à la suite de la présentation des documents.
Elle a déjà demandé une rencontre avec le président de la Conférence régionale des élus Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine afin de faire part de leurs préoccupations. Elle attend un retour d’appel.
« Il faut que les élus s’assoient ensemble et prennent en considération les intérêts des citoyens que ce soit sur l’eau ou la valeur de leurs maisons », dit Mme Chartrand.