Tiré de Courrier international. Légende de la photo : Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le ministre de la Défense Yoav Gallant sur la base militaire de Kirya à Tel Aviv, le 28 octobre 2023. Photo Abir Sultan Pool via Reuters.
Une décision historique. Lundi 20 mai, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan a annoncé qu’il allait demander des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et contre le leader du Hamas, Yahya Sinwar, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, annonce le Washington Post.
Sont également concernés par ces poursuites le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, et deux autres hauts dirigeants du Hamas : Mohammed Deif, le chef des Brigades Al-Qassam, le bras armé du Hamas, et Ismaïl Haniyeh, le leader politique du mouvement palestinien, qui vit en exil à Doha, au Qatar.
“Sur la base des éléments de preuve recueillis et examinés par mon bureau, j’ai des motifs raisonnables de croire que Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre d’Israël, et Yoav Gallant, le ministre de la Défense d’Israël, portent la responsabilité pénale de crimes de guerre et crimes contre humanité commis sur le territoire de l’État de Palestine (dans la bande de Gaza) à partir du 8 octobre 2023 au moins”, est-il écrit dans un communiqué de la CPI, qui siège à La Haye, précise le quotidien suisse le Temps dans le live qu’il consacre à la couverture de l’actualité à Gaza.
Même si cette demande doit encore être approuvée par les juges de la CPI, explique The New York Times, “elle constitue un coup dur pour le gouvernement de Benyamin Nétanyahou et alimentera probablement les critiques internationales à l’égard de la stratégie d’Israël dans sa campagne de sept mois contre le Hamas et des conséquences de la guerre sur Gaza”.
Pressions israéliennes contre la CPI
Israël ne reconnaît pas la Cour pénale internationale – chargée de poursuivre les individus quand la Cour internationale de justice, elle, s’intéresse aux États – mais si ces mandats d’arrêt sont émis, chacun des 123 États membres de la CPI sera tenu d’arrêter les personnes visées qui pénétreraient sur son territoire et de les remettre à la Cour pour qu’elles soient jugées.
On comprend mieux l’inquiétude manifestée récemment par les dirigeants israéliens qui ont multiplié les pressions contre la CPI. Selon le site Axios, le Premier ministre israélien aurait ainsi exhorté le président Joe Biden à “intervenir” pour empêcher la Cour de La Haye d’émettre ces mandats, tout en menaçant de représailles contre l’Autorité palestinienne si la Cour pénale internationale allait de l’avant. “Cela fait plusieurs semaines que le ministère de la Justice [israélien] et les juristes de Tsahal se démènent pour empêcher que cela ne se produise” , expliquait récemment le quotidien Ha’Aretz dans un article traduit sur notre site.
Des manœuvres qui avaient provoqué une réaction rare du procureur Kharim Khan. Le 3 mai, dans un geste inédit, rappelait récemment Al-Jazeera, son bureau avait appelé à mettre fin à ce qu’il considérait comme une “intimidation” visant la CPI. Il sera allé finalement au bout de sa logique.
Lundi 20 mai, les familles des otages israéliens ont été parmi les premières à réagir, pour condamner fermement la décision du procureur de la CPI. “Nous rejetons l’assimilation des dirigeants israéliens aux terroristes du Hamas”, écrit le Forum des otages et familles de disparus, cité sur le live du quotidien Ha’Aretz. Même indignation du côté du chef de l’opposition Yair Lapid, qui qualifie de “désastre” cette annonce.
Courrier international
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