Le nouveau programme Objectif emploi deviendra, après l’adoption du projet de loi 70, un passage obligé pour toutes les personnes qui présentent une nouvelle demande d’aide sociale. Or hier, le ministre Blais a annoncé la signature d’une entente avec le Réseau des Carrefours jeunesse emploi (RCJEQ), en vertu de laquelle ces organismes se verront confier le mandat de mettre en œuvre ce programme qui se substituera à l’aide sociale pour tous les primodemandeurs.
Ainsi, déplore le SFPQ, la mise en œuvre du programme échappera au contrôle public. « Les CJE deviendront-ils la porte d’entrée pour tous les citoyens demandeurs d’aide ? Quelle entité sera chargée d’appliquer les sanctions prévues au programme ? Le ministre aurait-il l’intention de réserver au personnel du ministère la responsabilité de moduler le montant de l’aide financière accordée aux personnes participantes - y compris couper cette allocation - sans être partie prenante dans le processus d’intervention ? Pourquoi le ministre choisit-il de confier à un réseau parallèle un mandat qui relève pourtant de la fonction publique, où les agentes et agents d’aide possèdent toute l’expertise requise, en plus d’avoir une obligation de transparence, d’imputabilité et d’impartialité ? », questionne Madame Rousseau.
Malheureusement, le travail d’externalisation des services publics est depuis longtemps entamé au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS), dénonce le SFPQ. Dans les centres locaux d’emploi, le personnel en place a chuté de 22 % entre 2011 et 2015. Les agentes et les agents d’aides sont de plus en plus confinés au service téléphonique et sont privés de la possibilité d’offrir de véritables services d’accompagnement. « Les citoyennes et les citoyens du Québec ont le droit d’avoir accès à leur fonction publique, et nos membres ont à cœur de donner des services humains et de qualité pour aider les gens à réintégrer la société et le marché du travail. C’est le sens de leur travail » tient à rappeler la vice-présidente du SFPQ.
Le 7 avril dernier, lors de l’étude détaillée du projet de loi 70, le ministre a laissé entendre que 35 centres locaux d’emploi pourraient être menacés de fermeture. Québec promet un réseau élargi de comptoirs gouvernementaux sous l’égide de Services Québec, où les services se limiteront à l’accueil et à l’aiguillage vers le téléphone et les services en ligne. « Quel sort le ministre Blais réserve-t-il au réseau des centres locaux d’emploi et à l’expertise de ses agentes et agents d’aide qui travaillent depuis 1998 à aider les gens à sortir de la pauvreté et du chômage ? Le développement d’un réseau parallèle ne fera qu’augmenter l’opacité de la reddition de compte, diminuer l’imputabilité et potentiellement faire exploser les coûts. Au fait, M. Blais peut-il faire la démonstration des avantages tant économiques que sociaux de la sous-traitance du programme Objectif emploi ? », demande Maryse Rousseau. Il est urgent que le ministre du MTESS apporte des réponses à ces questions et clarifie ses intentions quant au réseau public des centres locaux d’emploi, martèle le SFPQ.