Lundi dernier, j’écrivais une lettre ouverte au ministre de la Justice Lettre ouverte à monsieur Jean-Marc Fournier.
J’ai bien sûr reçu une réponse standard qui, si l’on excepte la partie accusé de réception et les formules de politesse, ne contient que ceci : « Nous avons pris bonne note des éléments contenus dans votre correspondance et à cet égard, soyez assuré qu’ils bonifieront la réflexion du ministre dans ce dossier. »
Je suis tenté de croire qu’en effet le ministre a bel et bien tenu compte des arguments et qu’il reconnaît implicitement :
1. que d’après les propres critères libéraux, le gouvernement du parti libéral n’a pas la légitimité pour gouverner ;
2. que seule la matraque justifie qu’on doive lui obéir et qu’il faut donc créer un délit d’opinion, ce que fait la loi 78.
La loi 78 en obligeant tous les participants à une manifestation à prendre parti pour les exigences de la police rend coupables tous ceux qui ne se rangent pas de son côté.
Le ministre Fournier a lui-même pris la peine de dire que ce n’était pas « une loi matraque ». Cela signifie, quand on sait que ce gouvernement pratique la novlangue en disant qu’il consulte quand il ne consulte pas (la question de consultation du 6 décembre 2010 contenait déjà la réponse : « il faut augmenter les droits de scolarité »), qu’il négocie quand il ne négocie pas (le gouvernement s’est dit prêt à discuter de tout sauf de la hausse des droits de scolarité, donc du seul sujet sur lequel il fallait négocier), donc quand on comprend son usage de la langue, on voit là que c’est un véritable aveu qu’il s’agit d’une loi matraque, dont le seul but est de faire obéir la population parce qu’il n’y a pas d’argument raisonnable pour considérer ce gouvernement comme respectable.