Résumons l’article : les entreprises pétrolières seront « partenaires » avec le ministère de l’Environnement ; il est hors de question de freiner le processus de fracturation pour l’exploration du pétrole de schiste en Anticosti ; l’impact de l’exploitation des sables bitumineux ne sera pas pris en compte lors de l’évaluation environnementale québécoise du projet d’inversion du pipeline 9B d’Enbridge. Enfin, parlant d’Anticosti, le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet a déclaré « il y a des gens qui veulent qu’on bloque carrément. Ce n’est pas mon but, ce n’est pas mon travail, ce n’est pas mon mandat ». On se demande bien quel peut-être le mandat du ministère de l’Environnement si ce n’est pas celui de protéger au mieux le territoire. Et il poursuit en attribuant un caractère philisophique à l’opposition marquée d’une grande partie de la population québécoise face à l’arrivée du pétrole des sables bitumineux au Québec.
On croit rêver...
Mais maintenant que la table est mise, philosophons…
Dérive de la mission du ministère de l’Environnement ?
Petit rappel, la mission du ministère de l’Environnement au Québec est d’« Assurer la protection de l’environnement et la conservation de la biodiversité […] », pas d’assurer le développement du pétrole au Québec. Si ce n’est pas le ministère de l’Environnement qui établi une limite (« qui bloque »), qui le fera au sein de notre gouvernement ? Le ministère du Tourisme (Anticosti), de la Santé (qualité de l’air, de l’eau, impacts des changements climatiques) ?
Le monde à l’envers et l’héritage du PQ
Comme disait André Bélisle, président de l’AQLPA, « c’est le monde à l’envers ! Nous sommes stupéfaits. Le ministre de l’Environnement doit assurer le respect de nos engagements en matière de lutte au smog, aux pluies acides et au réchauffement planétaire. Nous croyons que le ministre Blanchet fait fausse route en accompagnant les compagnies pétrolières dans l’augmentation radicale de la production et de l’utilisation du pétrole et ses sous-produits qui sont à la source des problèmes que nous venons d’énumérer. » Est-ce vraiment l’héritage politique que veut laisser le PQ en ouvrant la porte aux pétroles sales de schiste et à celui des sables bitumineux ?
Réchauffement de 4 degrés
Les données dont la science dispose actuellement prévoient un réchauffement planétaire de 4 degrés Celsius, une augmentation aux conséquences catastrophiques. L’Agence internationale de l’énergie affirme que les 2/3 des réserves de combustibles fossiles doivent rester sous terre d’ici 2050 pour éviter l’emballement du climat. Conclusion, on ne peut exploiter toutes les réserves de pétrole, surtout pas les plus polluantes comme les sables bitumineux et le pétrole de schiste. Ceci, le Québec ne peut en faire abstraction.
Pétrole et gaz de schistes : mêmes impacts
L’exploration et l’exploitation du pétrole de schiste présentent essentiellement les mêmes risques que ceux des gaz de schiste. Il importe également de mentionner qu’au Québec, aucune évaluation environnementale n’a été effectuée sur le pétrole de schiste. Nous ne devrions pas mettre en péril le climat, l’air, et l’eau en nous précipitant pour exploiter des énergies sales, quand des solutions et des initiatives moins dommageable existent (comme l’électrification des transports par exemple).
La philosophie du carbone
Nous aimerions que le Ministre précise sa pensée lorsqu’il mentionne que « l’opposition à l’arrivée de pétrole des sables bitumineux au Québec est davantage philosophique ». Les données scientifiques sur les impacts des changements climatiques et de l’exploitation des sables bitumineux sont des plus inquiétantes, concrètes et indéniables. Aussi, le ministre dit qu’il n’a pas l’intention d’inclure de réflexion sur l’impact de l’exploitation des sables bitumineux dans l’évaluation du projet d’inversion du pipeline 9B d’Enbridge, Or, Québec ne peut jouer à l’autruche, une véritable évaluation environnementale exige de regarder l’ensemble du cycle de vie du pétrole, incluant les émissions de carbone liées à sa production. Le gouvernement du Québec a d’ailleurs annoncé dans le cadre de son Budget 2010-2011 une enveloppe budgétaire de 24 M$ visant à favoriser la commercialisation de produits dont l’empreinte carbone a été quantifiée et certifiée (http://www.empreintecarbonequebec.org/fr/faq.php).
L’Union Européenne, la Californie, l’EPA regardent les impacts liés à la production ou souhaitent réduire la teneur en carbone des carburants et même le ministère des Transports du Québec en parle. Québec doit préciser où et quand il fera l’évaluation.
Espérons que le ministre connaissait une journée difficile lors de son entrevue avec Le Devoir et qu’il saura rapidement remettre à l’avant plan la véritable mission du ministère : assurer la protection de l’environnement et la conservation de la biodiversité.
AJOUT LE 2013-05-23 : Le Ministre a apporté des précisions en lien avec l’article du Devoir : https://www.facebook.com/YvesFrancoisBlanchet/posts/10152864610605089 . Ces propos sont rassurants à certains égards, mais quelques questions/inquiétudes restent...