Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le lièvre, les élections et…. les pets de vaches.

Le 22 janvier dernier, devant les caméras de Radio-Canada, un élu, que l’artiste « Sol » aurait probablement requalifié amusamment de « sinistre dilué aux régions », M. Gaétan Lelièvre, affirmait que le Règlement sur la qualité de l’eau que prépare son collègue M. Y.-F. Blanchet de l’environnement était presque prêt. Prêt pour les élections ? Ou la protection du public ??

Il affirmait :

« C’est un excellent règlement, avec des mesures parmi les plus sévères en Amérique du Nord, mais, qui laisse quand même place à l’exploitation pétrolière de façon responsable. »

Wow ! J’étais sidéré ! Un élu, d’intelligence apparemment à peu près normale, qui dit une telle chose ; renversant ! Aidons un peu :
« Parmi les plus sévères en Amérique du Nord »

Que voulez-vous dire ? Affirmez-vous qu’il est bien qu’il en soit ainsi ? À quoi devons-nous nous comparer pour savoir si nos standards sont raisonnables, sécuritaires ? À ceux des États-Unis d’Amérique ? Ce pays voisin où les lobbys pétroliers ont utilisé Fiston Bush, au début de son mandat, pour exempter l’exploitation des hydrocarbures de schiste du Clean Air Act et du Clean Drinking Water Act ? Lesquelles exemptions ont entraîné les catastrophes environnementales dévoilées par Josh Fox dans Gasland 1 et Gasland 2 ? Moi, pas ministre pantoute, j’y suis allé en Pennsylvanie, tout comme votre collègue Martine Ouellet en 2012, pour constater de « visu »...

Catastrophe !

Ah non ? Dites-moi que ce ne sont pas là les standards des standards dont vous parlez ?

Si nous voyagions jusqu’en Alberta pour visiter une région, de la dimension approximative de la vallée du St-Laurent : on découvrirait une terre dévastée par le déversement de l’équivalent du Lac St-Jean d’eaux irrémédiablement polluées de substances toxiques imprononçables, issues du « traitement » des sables bitumineux, et dont le résidu, le combustible sale que votre gouvernement aimerait voir circuler dans un tuyau à côté de chez moi, s’appelle pétrole. Est-ce cela le point de comparaison ?
Non, non, ce n’est pas ça hein, M. Lelièvre ? Mais alors quel est-il ?
Je vous en suggère un : Le règlement dit de St-Bonaventure sur la protection des eaux potables. Adopté sagement, intelligemment, par 70 municipalités du Québec, en se fondant sur leur pouvoir de légiférer pour protéger leurs eaux. Il est en place, efficace, et, nous l’espérons, sera bientôt déclaré parfaitement légal et légitime par un juge, à Gaspé.

Gaspé, comme un fleuron, résistant à Pétrolia qui veut explorer à coups de foreuse pour voir s’il n’y aurait pas des hydrocarbures dans le proche voisinage d’une résidence de la municipalité. D’ailleurs, on a renommé la compagnie « Pétrol-y-a-t-il ? » sur les marchés financiers, avec un sourire...
Le geste d’autodéfense de Gaspé fut qualifié de valide et de légitime par votre collègue, le ministre Blanchet, « Ministre du Développement pétrolier », oups ! de l’Environnement… Malgré ça, le ministre Blanchet en question, avec votre support, ne s’apprête-t-il pas à enlever aux municipalités leur règlement de protection de l’eau en promulguant un règlement provincial les supplantant ? Moins sévère, faut-il le souligner…
Ne s’apprête-t-il pas à réduire, dans son règlement, les distances séparatrices entre les puits d’eau et les puits pétroliers ? Réduction des deux kilomètres décrétés par les municipalités à 300 mètres prévus dans ledit règlement que vous encensez ?

Il y eut comme ça une ministre libérale qui eut un malaise après avoir respiré des ‘pets de vache’ ! Ah ! Est-ce de cela que vous parlez quand vous dites que le ministre Blanchet a des choses à régler avec le ministre de l’Agriculture ? Le règlement sur l’eau régira sans doute les « pets de vache » mais permettra des forages près des résidences, hein ? Pétrolia peut donc préparer sa grosse foreuse…

Élection oblige, n’est-ce pas ? Il semble toujours bon de casser du sucre sur le dos des agriculteurs à cause de leurs activités polluantes, puis de promettre aux Québécois un pétrole hypothétique, avec tous les impacts à l’environnement que ça implique.

Mais pourquoi ne pas parler des « hauts standards » de nos cousins français ? Ils sont simples : « Non à la fracturation du schiste sur tout le territoire ». Trop dangereux, peut-être !?!... Mais non, monsieur le Ministre, sans doute êtes-vous contraint par la fameuse « solidarité ministérielle » qui oblige à supporter n’importe quoi.

Sachez qu’actuellement les plus hauts standards en Amérique du Nord : c’est au Québec qu’ils existent, par les règlements de Saint-Bonaventure et de Gaspé ! Et si les gazières se retiennent de fracturer le sous-sol québécois et d’empoisonner les eaux souterraines et de surface ainsi que l’air de nos villes c’est simplement qu’elles attendent que votre gouvernement leur donne le champ libre par un règlement accommodant sur l’eau et par un moratoire bidon sur le gaz de schiste, partiel et restreint, apparemment fait sur mesure pour elles.

Informez-vous ou taisez-vous. Un peuple avisé parlera !

Normand Pinard, citoyen de Québec 

http://www.lepharillon.ca/2014/01/15/gaetan-lelievre-attend-le-rapport-de-linrs

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