Édition du 29 octobre 2024

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Le lab-école : Le dérapage se poursuit

On apprenait récemment dans le Journal de Montréal que la facture du projet Lab-École avait littéralement explosé. Des 55,6 millions de dollars annoncés lors de la création du projet en 2017, le compteur de la calculatrice oscillerait maintenant autour de 105,9 millions sans même qu’une seule pelletée de terre ait été effectuée. C’est une réelle perte de contrôle ! Comment a-t-on pu en arriver là ? Dans son essence même, le projet Lab-École est l’incarnation d’une vaste campagne publicitaire où l’expertise du privé triomphe sur celle du secteur public… aux frais des contribuables. L’opération marketing a d’ailleurs suscité la sympathie du grand public à plusieurs égards. Confier à des personnalités de renom le soin de définir l’école du futur et ses besoins peut paraître attrayant, mais au-delà de ce projet hautement médiatisé, il faut aussi déceler les enjeux qui passent sous le radar.

Fonçant tête baissée dans la politique spectacle, le gouvernement du Québec a fait le choix de confier l’avenir de l’école publique à des vedettes bien en vue pour obtenir la une des manchettes et inaugurer les bulletins de nouvelles. Sous le feu des projecteurs, le tapis rouge a été déroulé à trois vedettes… comme si ces dernières allaient nous en apprendre plus sur l’école publique que ceux qui y travaillent quotidiennement et qui connaissent le nom des élèves ! L’État a émis publiquement une préférence absolue pour le privé afin de définir l’école de demain. En fin de compte, le personnel n’a pas été partie prenante de l’opération. Tous les œufs ont été mis dans le même panier, sans reconnaître l’apport que le personnel de l’éducation pourrait avoir dans l’avenir des écoles. Ce déni total de l’expertise des employées et employés du secteur public comportait, comme toujours, un scénario écrit d’avance qui a démontré rapidement ses limites. Fondamentalement, le gouvernement a privé les citoyennes et citoyens des services de professionnelles et professionnels hautement qualifiés et, surtout, à moindre coût.

La CSQ a émis depuis longtemps des mises en garde concernant ce projet. L’actualité récente démontre maintenant que nos préoccupations étaient fondées. Si nos établissements scolaires ont certainement besoin d’investissements afin de contrer la décrépitude, il faut aussi savoir investir dans le personnel lorsque c’est nécessaire. Sur cet aspect, il est consternant que l’on doive aujourd’hui rappeler au gouvernement qu’après l’austérité, les décrets et les réformes imposées sans vision au fil des ans, les travailleuses et travailleurs du réseau de l’éducation attendent toujours d’être entendus. Ces derniers détiennent réellement des solutions novatrices capables d’améliorer la vie des élèves. Contribuer à faire de nos écoles des endroits meilleurs, c’est la raison d’être au quotidien du personnel enseignant, du personnel de soutien et du personnel professionnel. Pour faire des changements positifs dans nos écoles, rien de plus simple : il ne suffit que de les écouter !

Sonia Éthier

Présidente de la CSQ (2018-...)

Elle siégeait sur l’exécutif de la CSQ depuis 2015 à titre de première vice-présidente. Enseignante en adaptation scolaire auprès d’élèves en difficulté d’apprentissage, elle a été présidente du Syndicat de l’enseignement du Bas-Richelieu durant neuf ans. Elle milite au sein du mouvement syndical depuis plus de 30 ans.

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