Sous prétexte que le privé, c’est mieux, et que l’État nuit au privé, certains souhaitent transformer l’État à la manière du privé. Simon Tremblay-Pépin, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), invité de SRQ, soutient que les mesures d’austérité entreprises par l’État handicapent l’économie. Pire : l’austérité n’a rien de réel, soutient-il. Elle relève de l’idéologie.
Preuve à l’appui, le jeune chercheur démontre qu’en prétextant la dette pour couper les dépenses, l’intervention de l’État contribue, paradoxalement, à l’endettement accélérée des ménages. Les mesures d’austérité ont un effet positif sur les plus riches et négatif sur les plus pauvres.
L’austérité nuit à l’économie
« Nous sommes des succursales d’entreprises étrangères… et le scénario du Plan Nord ne sauvera pas la périphérie du Québec. Le temps de l’industrialisation est terminé et l’argent ne reste plus dans les régions. » Ce sont les propos livrés par Marc-Urbain Proulx, professeur et chercheur à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).
Les solutions résident, d’après l’économiste, dans la convergence des actions : du municipal et de l’intermunicipal, du secteur public et des expertises qui œuvrent en région. Comment les mettre en mode d’interaction, de vision et d’actions communes ? Toutes les expertises et compétences des régions doivent se mobiliser et se solidariser autour d’une mission partagée.
Le moulin à vent des coupures
On entend bien que le gouvernement agit sur la base d’une idéologie et que ses décisions balancent au gré de l’opinion publique. Le gouvernement actuel a même réussi à convaincre la population que l’État est inefficace. Cette position crée une barrière supplémentaire à la mobilisation citoyenne.
Dans ce cas, les régions rurales doivent-elles travailler à établir un rapport de force pour convaincre le gouvernement, et du même coup la population, de l’inefficacité de ses coupures ? C’est un défi que se sont lancés les participants.
La campagne « Touche pas à mes régions », lancée par SRQ cet automne, a suscité l’intérêt dans les régions, où plusieurs groupes de résistance ont déjà été formés.
Des États généraux
Ce que retient Claire Bolduc, présidente de SRQ, c’est l’idée d’une vision pour la ruralité et surtout, celle de se donner les moyens pour l’appliquer localement. Concrètement, il est prévu de procéder à la révision des structures de SRQ en vue d’un rapprochement avec le monde rural, puis de revoir les modalités de financement de SRQ, et enfin d’identifier les enjeux à prioriser.
Un comité des sages sera rapidement créé pour proposer un plan de match en mars 2015 lors de l’Assemblée générale annuelle. Une proposition fut adoptée unanimement à l’effet de planifier des États généraux dans l’esprit d’un « mouvement » rural porteur d’un projet de société. Ce « mouvement rural » se veut inclusif de tous les acteurs régionaux et nationaux préoccupés de l’avenir du monde rural et des régions.
Un mouvement rural
La présidente Claire Bolduc se dit satisfaite de la réponse des membres. « On doit entendre ça ! 28 organisations nationales qui étaient le fondement de SRQ : est-ce que ce sont toujours ces organisations nationales qui sont la base de la solidarité rurale ? C’est un mouvement rural. Comment on structure un mouvement rural ? »
Un virage important semble s’amorcer pour l’organisme et pour la ruralité du Québec. Une ère de questionnements débute et impliquera des remises en cause relatives à des replis figés depuis des décennies, des replis entretenus par de grandes organisations, nationales comme régionales.
Les chasses gardées ne tiennent plus la route. Comme l’a suggéré Jacques Proulx, membre fondateur de Solidarité rurale du Québec, présent à l’Assemblée, « il faut ouvrir et sortir des silos, penser autrement et surtout, faire différent ». Si le gouvernement pensait faire taire une voix dérangeante en coupant les régions, force est de constater qu’elles n’en sont que plus mobilisées.