Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Violence faite aux femmes

Le crime misogyne

Certains douloureux « faits divers » sont en réalité des faits de société révélateurs de notre degré de civilisation. Pendant combien de temps nous sommes-nous contentés de fermer la fenêtre pour ne pas entendre les cris de l’enfant battu comme plâtre par le voisin ? Le faisons-nous encore ?

Faut-il rappeler la complaisance dont nous avons jusquà tout récemment enveloppé les rituels d’initiation dans les cégeps et les universités, sous prétexte que c’étaient des processus d’intégration au groupe alors qu’il était connu qu’elles donnaient lieu à des dérapages de nature violente et/ou sexuelle, occasions pour de petits tortionnaires pervers de libérer leurs plus basses pulsions. Que de jeunes femmes, mais aussi de jeunes hommes, ont souffert en silence de ces abus tolérés et même louangés par la société ?

Il en est de même des bizutages militaires qu’on a fait semblant de découvrir au milieu des années 90 alors que toute personne ayant connu un membre des « Forces » savait fort bien que les initiations n’avaient rien d’anodin, la possibilité de filmer à peu de frais et de diffuser à grande échelle ayant fait la différence.

On a ramené récemment la notion de « crime passionnel » dans le cas d’un homme qui a tué sa conjointe et enlevé son enfant. On se rappellera que ce concept servait à diminuer les peines prévues pour les crimes contre la personne en prétextant de l’aveuglement causé par l’amour et la passion.

Comment peut-on oser appeler de l’amour cette façon de considérer les femmes comme une possession destinée à tous les abus de son propriétaire plutôt que comme une personne humaine égale à soi ?

Ce genre de crime n’a rien de passionnel, mais tout de la misogynie. Il s’agit de faire payer les femmes pour toute volonté d’autonomie, de liberté. Maltraiter les esclaves n’a jamais été un crime passionnel, mais toujours un crime contre l’humanité. Décider de détruire les femmes qui résistent au bon vouloir du mâle insulté, s’en prendre à leurs enfants pour bien marquer sa volonté de les atteindre dans tout ce qu’elles chérissent, ce serait de la passion ? Non, c’est de la misogynie pure et simple. On devrait le reconnaître plutôt que de chercher des circonstances atténuantes.

LAGACÉ, Francis

Francis Lagacé

LAGACÉ Francis
8200, rue Hochelaga App. 5
Montréal H1L 2L1
Répondeur ou télécopieur : (514) 723-0415
francis.lagace@gmail.com.
www.francislagace.org
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