Plus de 150 organisations syndicales, étudiantes, écologistes, féministes et communautaires ont dit un non retentissant à ce que le gouvernement avait déjà annoncé et elles avaient même présenté des pistes alternatives très précisément définies.
Le ministre des finances a préféré écouter les représentants des banques, des compagnies d’assurances et des organisations patronales de tout genre. Et leur message était clair. Nous voulons payer encore moins d’impôt. Nous voulons que notre gouvernement jugule le déficit en diminuant les dépenses, en incitant les travailleuses et les travailleurs à rester sur le marché du travail au-delà de 60 ans et même de 65 ans pour faire pression à la baisse sur les salaires. Nous voulons la multiplication des partenariats publics-privés. Nous acceptons de prendre le temps de créer l’acceptabilité sociale pour le développement du gaz de schiste et du pétrole. Nous nous réjouissons de la fermeté du gouvernement libéral qui n’a pas hésité à augmenter les frais de scolarité universitaires, à imposer une taxe santé qui ne tient pas compte des revenus, à augmenter les taxes régressives après avoir diminué nos impôts de plusieurs milliards ces dernières années. Ce budget Bachand illustre les choix d’un gouvernement au service des puissances d’argent.
Les représentant-e-s des classes ouvrières et populaires, des femmes, des jeunes et des plus pauvres de cette société ont dénoncé ces choix gouvernementaux. Ils ont expliqué les conséquences économiques et sociales de ces choix. L’Alliance sociale a dénoncé le refus de reporter la date d’échéance pour l’atteinte de l’équilibre budgétaire que s’est fixée le gouvernement libéral. Elle a dénoncé un budget qui va accentuer les inégalités, qui va alourdir l’endettement du plus grand nombre. Le caractère régressif des frais de scolarité est exemplaire à cet égard. Non seulement ces augmentations vont favoriser l’aggravation de l’endettement étudiant, mais elles vont diminuer l’accessibilité des jeunes provenant de familles modestes aux études supérieures.
La Coalition opposée à la privatisation et à la tarification des services publics et les groupes communautaires ont expliqué que ce budget accentuera la pauvreté. Ce budget va retrancher 70 millions dans les sommes devant aller au mal logé. Les groupes de consommateurs ont signalé que ce budget n’a retenu aucune mesure allant dans le sens de l’équité fiscale, le ministre Bachand a refusé me mettre en place un nouveau palier d’imposition et a écarté toute mesure visant le resserrement des avantages fiscaux. Le gouvernement Charest a refusé d’imposer quelque contrôle que ce soit sur les prix des médicaments.
Les groupes écologistes ont souligné que ce budget n’avançait aucune mesure pour favoriser le transport collectif et qu’il projette des dépenses cinq fois plus importantes pour le transport routier que pour le transport en commun. Pour ce qui est de la politique énergétique, non seulement, ce gouvernement a aboli l’Agence de l’efficacité énergétique, mais il se contente de subventions pour l’achat de véhicules électriques. Cette mesure ne constitue en rien une rupture avec la logique de la civilisation de l’automobile responsable d’un gaspillage éhonté d’énergies. En fait, pour ce qui est du développement de la filière des énergies fossiles, le gouvernement a reculé devant la mobilisation pour mieux entreprendre son développement.
Les groupes de femmes ont démontré le caractère patriarcal de ce budget qui rejette sur le dos des femmes des tâches d’aide aux proches qui ne seront pas assumées par les services publics. La privatisation des services publics fait reculer le droit des femmes à l’égalité.
Les groupes populaires en alphabétisation ont dénoncé les coupures dans les fonds consacrés à l’alphabétisation. Des artistes ont bien montré que le budget priorise les projets internationaux d’un petit nombre alors que le conseil des arts et des lettres du Québec souffre d’un manque de ressources.
La « crue des injustices » peut provoquer la débâcle des puissants
La mobilisation citoyenne dans ses dimensions étudiantes, écologistes, féministes, syndicales et communautaires va se poursuivre. Prenons la parole pour exprimer notre refus de leur société, stigmatisons les choix qui sont faits par l’oligarchie régnante et les forces politiques à son service et définissons, ensemble, un projet de société qui correspond à nos aspirations. Car il ne s’agit pas seulement de se débarrasser de Charest, il s’agit de favoriser une rupture avec la domination de l’oligarchie qui domine le Québec et qui pousse la classe politique en place à vendre aux entreprises privées nos richesses et notre avenir.
L’actuelle répartition de la richesse est odieuse. C’est une véritable révolution fiscale qui s’impose. Il faut en tracer collectivement les contours, indiquer ce que serait la répartition de la richesse dans un Québec indépendant et en finir avec le mensonge qui affirme que l’enrichissement de certains est la condition de l’enrichissement du plus grand nombre.
La politique énergétique des profiteurs est destructrice. Leur capitalisme vert est une farce monumentale. Leur développement durable ne vise rien d’autre que la défense de leurs intérêts. Disons-le haut et fort, il ne s’agit pas d’assurer l’exploitation sécuritaire des gaz de schiste ou du pétrole dans le St-Laurent. Il faut sortir de l’exploitation des énergies fossiles. Et ceci ne pourra se faire que si le gouvernement est le maître d’oeuvre de la politique énergétique. Car seul, il peut se permettre de faire des investissements importants qui ne seront pas immédiatement rentables qui permettront de faire le tournant essentiel. Sortons du nucléaire maintenant et dénonçons les mensonges du lobby de l’énergie atomique.
Finissons-en avec l’investissement dans les industries de guerre qui priorise le gouvernement fédéral. Et affirmons haut et clair que le Québec que nous voulons en finira avec la production militaire et travaillera à la reconversion industrielle nécessaire.
Généralisons l’équité salariale à tous les secteurs, étendons l’égalité de genre dans toutes les institutions... Redéfinissons des institutions politiques qui permettent la concentration des pouvoirs dans les mains d’un premier ministre qui impose ses vues à l’ensemble de la population envers et contre elle.
Bref, passons à l’action politique, sur les terrains électoral, social et culturel. Passons sur le terrain, où il ne s’agit plus seulement d’influencer l’oligarchie régnante, mais de remettre en question son règne lui-même !