Édition du 17 décembre 2024

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Politique québécoise

L’opposition aux énergies fossiles laisse des traces

Le Québec, pire endroit pour les minières selon l’institut Fraser

L’Institut Fraser nous apprend en ce début de semaine que l’industrie minière n’est pas très fière des réalisations du gouvernement Charest ni de la manière dont il gère l’opposition au gaz de schiste. En effet, le Québec qui représentait un paradis pour les minières jusqu’à tout récemment (jusqu’en 2010, le Québec arrivait en tête des régions préférées de l’industrie minière) vient d’être relégué au rang du pire endroit au Canada par l’Institut Fraser.

L’industrie n’est pas contente

C’est ce que révèle un sondage réalisé par l’Institut Fraser auprès de 478 sociétés pétrolières et gazières actives dans le monde. Ensemble, ces entreprises auraient injecté 60% des sommes dépensées dans ce secteur l’an dernier. Au Canada, le Québec est dorénavant considéré par l’industrie comme un des endroits les moins attrayants pour y investir. Il viendrait à l’avant-dernier rang, devant les Territoires du Nord-Ouest.

Toujours selon l’Institut Fraser, à l’échelle mondiale, le Québec obtient le pire classement depuis qu’il a été inclus dans le sondage, en 2009. Cette année-là, le Québec était classé par l’industrie au 68e rang sur 143 pays ou territoires. L’an dernier, il était 77e sur 133 et cette année, il a dégringolé à la 92e place sur les 136 pays et territoires représentés dans le sondage.

L’article de La Presse à ce sujet reprend nombre d’erreurs et de faussetés. L’article mentionne que le Québec figure à ce classement depuis 2009. Or, le Québec apparaît au classement de 2008 comme le rapportait Radio-Canada le 28 février de cette année alors que l’enquête de l’Institut Fraser soulignait que le Québec possédait un fort potentiel minéral, était apprécié des sociétés minières pour ses politiques stables mises en place par le gouvernement de la province, qui leur offre des certitudes qui réduisent les risques pour les projets à long terme. Le Québec figurait en tête du palmarès en 2008 suivi par le Nevada et la Finlande.

L’article de Gesca poursuit en affirmant qu’en 2009, le Québec était 77e sur 133 et cette année, il a dégringolé à la 92e place sur les 136 pays et territoires représentés dans le sondage. Or, le 15 avril 2010, l’Institut Fraser plaçait le Québec est en tête du classement des dirigeants de l’industrie minière pour la troisième année consécutive alors que l’Ontario et la C.-B. reculaient. Face à ces mensonges et ces imprécisions, doit-on voir de la simple incompétence ou une volonté de manipuler l’opinion publique ? Veut-on mettre de la pression sur le gouvernement Charest pour émousser la réforme de la loi sur les mines ? Prépare t-on un repli de l’industrie tout en planifiant de mettre le blâme sur l’opposition citoyenne au gaz de schiste alors que des signaux font état qu’il y a de l’eau dans le gaz pour cette industrie.

Dessine-moi un puits de gaz de schiste

La multinationale Talisme Energy a récemment poussé l’audace propagandiste jusqu’à distribuer un cahier à colorier portant sur le gaz de schiste à des enfants américains. Décrit dans les moindres détails dans un article du quotidien Le Devoir (22 juin 2011), le cahier contient des illustrations idylliques sur les travaux de fracturation et les retombées de l’exploration du gaz. On y voit une famille heureuse, un décor champêtre, des animaux heureux que presque rien, même pas les travaux de fracturation, ne viennent troubler.

Évidemment, de telles illustrations et les informations qu’on y retrouve tiennent davantage de la propagande et de la désinformation, deux tares dont est taxé le mouvement écologiste et citoyen qui s’oppose à l’exploitation des gaz de schiste. Ce document ne circule pas au Québec actuellement. Toutefois, ça en dit long sur les moyens utilisés par cette industrie pour nous enfoncer dans la gorge l’exploitation des énergies fossiles.

Le gouvernement Harper pousse la complaisance à un niveau record

L’industrie gazière canadienne bénéficie d’une exception à la loi sur l’environnement, qui lui permet d’injecter dans le sous-sol des produits chimiques sans faire de rapport. C’est ce qu’ont appris à leurs dépends trois groupes écologistes auprès du Commissaire à l’environnement fédéral.

Chaque année, les entreprises doivent faire rapport au gouvernement fédéral de leurs rejets polluants dans l’air, l’eau et le sol. Ces rapports sont colligés dans l’Inventaire national des rejets polluants. Chaque année, Environnement Canada publie dans un avis la liste des polluants qui doivent être déclarés. Mais cet avis contient une exception : il « ne s’applique pas à [...] l’activité d’exploration pétrolière ou gazière ou dans le forage de puits de gaz ou de pétrole », peut-on lire à l’annexe 3 du document.

Selon les groupes écologistes, 27 substances utilisées par l’industrie gazière aux États-Unis figurent dans la liste de polluants d’Environnement Canada. Selon Patrick Bonin, de l’AQLPA « ça ressemble étrangement à ce qui s’est passé aux États-Unis avec l’exception au Clean Water Act. » Considérant la proximité du gouvernement Harper et l’industrie fossile, on peut comprendre la complaisance dont bénéficie l’industrie des énergies fossiles.

La balloune pourrait se dégonfler rapidement

Selon le New York Times, l’industrie tient un discours fort différent derrière des portes closes. En effet, les analystes craignent une bulle spéculative. « L’argent [des investisseurs] s’y déverse [même si le gaz de schiste est] intrinsèquement non rentable. [...] Cela rappelle les .com », écrivait, en février, un analyste de la société d’investissement PNC Wealth Management. « Ce qu’il se dit dans le monde des indépendants est que les gisements de gaz de schiste représentent une chaîne de Ponzi géante », faisait valoir une autre personne, employée par IHS Drilling Data, dans un message transmis fin août 2009.

Toujours selon les informations recueillies par le NYT, “s’il y a des puits très généreux, ils sont souvent entourés par de vastes zones embrassant des puits pauvres. Dans certains cas, le forage et l’exploitation coûteraient plus cher que la valeur du gaz que les puits renferment.”

Par ailleurs, on se demande si les compagnies gazières n’exagèrent pas intentionnellement, voire illégalement, la production de leurs puits ainsi que l’importance de leurs réserves puisque la quantité de gaz à extraire de puits majeurs s’avère souvent moindre que ce qu’indiquaient les prévisions des sociétés. Citant un ancien dirigeant d’Enron le NYT mentionne qu’il a écrit en 2009 alors qu’il travaillait pour une société d’énergie : « Je me demande quand ils vont commencer à dire aux gens que ces puits ne sont tout simplement pas ce qu’ils pensaient qu’ils allaient être. » Il a ajouté que le comportement des entreprises de gaz de schiste lui rappelait ce qu’il avait vu quand il travaillait chez Enron.

Les données fournies par l’industrie aux organismes de réglementation d’État et examinées par le New York Times, montrent que de nombreux puits ne sont pas aussi performants que ce à quoi on s’attendait. Toujours selon le NYT, un examen de plus de 9000 puits, en utilisant les données de 2003 à 2009, montre que moins de 10 % des puits avaient permis de récupérer l’argent investi sept ans après le début du forage.

Mais des doutes sur la viabilité de l’industrie sont également soulevés dans les rangs des compagnies d’énergie. « Nos ingénieurs estiment que ces puits ont 20, 30 ans de production devant eux, mais, dans mon esprit, ça doit encore être prouvé », a indiqué, mi-mars, un géologue de Chesapeake Energy à un analyste du gouvernement fédéral. « En fait, je suis assez sceptique moi-même quand on voit le déclin dans la première année de production. » En septembre 2009, un géologue de ConocoPhillips, l’un des plus grands producteurs de gaz naturel dans la région de Barnett, a averti dans une correspondance avec un de ses collègues qu’il pourrait s’agir du « plus grand champ non rentable du monde ».

De telles informations tendent à démontrer que derrière les discours des Bouchard, Caillé, Normandeau et consort, il y a des risques évidents d’une chute brutale de cette industrie et des pertes énormes que le gouvernement Charest se fera un devoir d’assumer.

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