Édition du 17 décembre 2024

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Le Parlement algérien vote une loi controversée et verrouille la liberté syndicale

Le 7 mars, le Parlement algérien a voté une loi controversée limitant fortement les libertés syndicales et le droit de grève dans le pays. Les syndicats dénoncent une volonté du gouvernement de “verrouiller le champ des luttes sociales”.

Tiré de Courrier international.

Le très controversé projet de loi relatif au droit syndical a été finalement adopté le 7 mars, après deux jours de débats, par l’Assemblée populaire nationale (APN), rapporte le quotidien arabophone Echorouk. Un texte qui interdit notamment à tout syndicaliste de “faire de la politique”.

À l’issue du vote, le ministre du Travail, Youcef Cherfa, a estimé que la nouvelle loi “devra donner une impulsion au projet sociétal de notre pays, encadrer l’action syndicale, renforcer le rôle des organisations syndicales dans la défense des droits et réaliser la justice sociale”.

Un constat et un enthousiasme que ne partage pas Lyes Merabet, médecin hospitalier et président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP). “Le gouvernement veut remettre en cause le droit à l’exercice syndical et verrouiller le champ des luttes sociales”, a-t-il déclaré au site d’information panarabe Middle East Eye.

Des syndicats représentatifs

Outre l’interdiction pour un syndicaliste de mener une carrière politique, la loi votée mardi par le Parlement exige l’adhésion d’au moins 30 % des travailleurs d’un secteur pour qu’une organisation syndicale soit considérée comme “représentative”.

Dans les jours qui viennent, un second texte devrait également être à l’ordre du jour du Parlement. Selon Middle East Eye, il “limiterait drastiquement le recours à la grève et élargirait la liste des activités jugées sensibles aux hôpitaux, où le débrayage ne sera plus autorisé”.

Dans une interview le 26 février, le président Tebboune a jugé “inconcevable qu’une poignée de personnes se réunissent dans une salle et créent un syndicat sans aucune représentativité”.

Dans ce contexte, Salim Labatcha, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), proche du pouvoir, aurait même été “poussé à la démission”, à la suite de sa position hostile aux deux projets de loi, indique le site d’information panarabe Al-Araby Al-Jadid. “La position de l’UGTA n’était pas conforme aux choix du pouvoir”, résume le syndicaliste Abdelkader Saddouki.

En ralliant la position des syndicats opposés à la réforme, l’UGTA “s’est carrément tiré une balle dans le pied et a précipité sa disgrâce en prenant le risque de prendre le large en nageant dans des eaux qui ne sont pas historiquement les siennes”, estime le quotidien indépendant El-Watan.

Mettre de l’ordre

Toujours est-il que cette réforme permettra de mettre un petit peu d’ordre dans le paysage syndical algérien, composé notamment de syndicats “fantomatique”, explique El-Watan. La loi nouvellement votée poussera “les syndicats à s’agglomérer dans de grandes confédérations, publiques et privées, par secteurs et filières pour dynamiser l’action syndicale et lutter contre l’atomisation du champ syndical”.

En colère, les syndicats autonomes ont affirmé mardi lors d’une conférence de presse que le discours du ministre du Travail était truffé de contrevérités sur les syndicats et dissimulait les violations contenues dans de nombreux articles des deux projets. Ils se disent également déterminés à “poursuivre la lutte”.

Malik Ben Salem

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