À côté, et tout autour du chantier, un peu comme les grands arbres qui déploient silencieusement leurs branches aux vents d’automne, les gens retiennent leur souffle et se demandent maintenant quand et où s’arrêtera le saccage sans vergogne de cette place urbaine autrefois si grouillante et si riche d’elle-même.
« Ira-t-on jusqu’à couper les vieux arbres si majestueux et si imposants ? Va-t-on empiéter sur le terrain de la patinoire et sur les espaces toujours accessibles aux enfants, aux amoureux et aux passants ? Mais sacrédiable, quel était donc le besoin de tout jeter à terre, alors qu’on aurait pu construire les logements sociaux en face, sur le terrain de stationnement ? » s’indigne-t-on, dans les chaumières…
De fait, quelle stupidité ! Quel monumental gâchis ! Plus qu’une « occasion ratée », comme l’on écrit de nombreuses personnes de la scène publique, c’est une vraie honte que d’avoir rasé cette exceptionnelle pièce du patrimoine bâti, un ensemble historique qui faisait si brillamment office de marqueur et de plaque tournante dans le quotidien des gens … Au même titre que la taverne Jos Dion, le magasin Latulipe, le patro Laval, l’église St-Sauveur, le boulevard Langelier et la « Pente douce » (côte Belvédère) de Roger Lemelin…
Grandeur du communautaire et petitesse de la Ville
Exception faite de la dernière lettre publique du Supérieur Provincial des Oblats (20 octobre), le Père Luc Tardif, dans laquelle il enjoint le maire Labeaume de revoir ses positions, tout en menaçant de recourir à moyens juridiques pour bloquer le processus de démolition, tout a été dit dans ce dossier. [1]
Tout a été dit sur les raisons sociales, historiques, économiques, politiques, urbanistiques et patrimoniales en faveur du maintien du Centre Durocher. Tout a été dit, redit, rabâché, écrit et débattu dans les journaux, sur les réseaux sociaux, dans les officines, au pub chez Girard-en-face, en assemblée de citoyens-nes, au conseil municipal… Aussi, je n’en rajouterai pas.
Sauf pour dire que j’enrage… Et que, si j’applaudis très fort à la lutte courageuse et désespérée du Comité Populaire St-Sauveur, du journal Droit de Parole, des Oblats, des citoyens-nes du quartier et de leurs alliés (de l’opposition officielle et de l’Université Laval), je n’en reviens pas encore de l’attitude méprisante et irrespectueuse du maire Labeaume et des conseillères Gilbert et Lemieux, ainsi que de l’organisme « communautaire » Action-Habitation, dans cette saga qui aura duré un peu plus de quatre ans. Quatre années d’incompétence et d’incurie, doublées de démagogie et de pure désinformation, le tout déployé de façon brutale et mesquine, avec en filigrane un esprit revanchard à l’endroit du communautaire.
Comme si, parmi l’administration Labeaume, on n’avait pas encore digéré la victoire d’une partie de l’opposition citoyenne dans les récents dossiers de l’Îlot Berthelot (Haute-Ville), ou de l’Îlot Esso (coin de Cartier). Des lieux, des endroits, où la population a eu gain de cause en exerçant démocratiquement son droit de vote par référendum spécial. Un exercice autrement plus utile celui-là, que les sondages biaisés ou les consultations rose bonbon de la Ville en pareille matière. Comme d’ailleurs celui qu’elle s’apprête à faire pour la nouvelle vocation culturelle de l’église St-Sauveur.
Cela dit, l’administration Labeaume s’entête à gouverner selon les sondages des radios poubelle et, à force de navigation à courte vue, le gros Voilier urbain n’en finit plus de tourner sur lui-même et de s’enfoncer dans l’abime. On va de Charybde en Scylla. À preuve, des comptes de taxe vertigineux, un nouvel amphithéâtre déficitaire qui s’avère un éléphant blanc, un « troisième lien » aussi délirant qu’insensé, un système de transport en commun qui ne lève pas, des projets d’écoquartiers escamotés, un nouveau plan de « coloration » de la ville minable et insipide, tout cela, et que sais-je encore, avec en sus le mépris, l’arrogance et un perpétuel déficit démocratique venant d’élu-es déconnecté-es de la base.
Vivement les élections municipales de l’automne 2017, avec le couronnement de François Marchand ou d’Anne Guérette, anybody but Labeaume !
Gilles Simard
Citoyen de Québec et amoureux de sa ville.