Penser le sein féministe démystifie le choix de vivre poitrine plate après une mastectomie, dans le contexte du cancer du sein. Tandis qu’on observe dans le milieu médical une pression croissante pour la reconstruction depuis une dizaine d’années, la mastectomie seule, qui comporte moins de risques physiques et permet une guérison plus rapide après l’opération, reste occultée, autant par les spécialistes que dans la société. C’est en se basant sur son expérience personnelle ainsi que sur le témoignage de plusieurs patientes que Marie-Claude Belzile a conçu cet ouvrage.
L’autrice souhaite susciter une réflexion dans la société québécoise sur l’accueil du corps féminin transformé. La reconstruction mammaire est est envisagée comme une occasion de redonner aux femmes leur corps d’avant, et les chirurgien·nes voient cette procédure comme nécessaire au rétablissement psychologique des patientes. Ils vont même jusqu’à presser les femmes en leur disant qu’elles ne sentiront plus entière si elles refusent la reconstruction. Pourtant acceptant que le corps se transforme constamment au fil du temps, une patiente peut très bien vivre en harmonie avec elle-même et se sentir femme et entière sans ses seins. Il est impératif que les chirurgiens et chirurgiennes le comprennent et cessent d’imposer leur valeurs et leur vision sexiste du corps des femmes dans les salles de consultation.
Durant la soirée, deux invitées prendront également la parole, en plus de l’autrice. Geneviève Rail, professeure à l’Institut Simone de Beauvoir de l’Université Concordia, s’intéresse entre autres aux questions de la corporalité des femmes et aux cancers du sein et gynécologiques chez les communautés LGBTQ. Véronick Raymond, artiste et autrice, a notamment créé une pièce de théâtre documentaire sur le parcours médical féminin en soins de fertilité.
Revue L’Esprit libre
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