Une nouvelle représentation, plus globale est en gestation. Il y a aujourd’hui de manière plus forte, un Nord dans les pays du Sud et un Sud dans les pays du Nord. L’articulation entre les dimensions sociales, géopolitiques et culturelles est en redéfinition. Quand nous parlons de nouvelles générations, ce n’est pas uniquement une question d’âge ou de démographie. Ce sont des nouvelles générations d’un point de vue culturel. Chaque génération est porteuse d’une nouvelle culture qui caractérise les formes d’engagement.
Une nouvelle culture politique
Cette nouvelle génération construit par ses exigences et son inventivité, une nouvelle culture politique. Elle enrichit la manière de relier les déterminants des structurations sociales : les classes et les couches sociales, les religions, les références nationales et culturelles, les appartenances de genre et d’âge, les migrations et les diasporas, les territoires. Elle expérimente de nouvelles formes d’organisation à travers la maîtrise des réseaux numériques et sociaux, l’affirmation de l’auto-organisation et de l’horizontalité. Elle tente de redéfinir, dans les différentes situations, des formes d’autonomie entre les mouvements et les instances politiques. Elle recherche des manières de lier l’individuel et le collectif. C’est peut-être à ce niveau que les réseaux sociaux divers portent de nouvelles cultures, à l’instar des collectifs de logiciels libres capables de mener collectivement des luttes offensives tout en sauvegardant jalousement l’indépendance des individualités. La réappropriation de l’espace public est une revendication de souveraineté populaire. On occupe et on échange, non pas pour le vote, toujours important mais rarement suffisant. Ce n’est pas un changement du rapport au politique mais un processus de redéfinition du politique.
Avec les mouvements
Le choix qui a été mis en avant est celui des mouvements sociaux et citoyens. Chaque mouvement combine une affirmation programmatique, des bases sociales et des actions de terrain, une mobilisation et des luttes, une élaboration et des propositions. L’engagement dans un mouvement relie les pratiques et les théories et redéfini le collectif. Les rapports entre les mouvements sont fondés sur l’égalité et le respect de la diversité. C’est une approche théorique qui doit beaucoup au mouvement des femmes. Par rapport aux droits civiques, le mouvement des femmes a été accusé de diviser le peuple. Par rapport aux droits économiques, il a été interpellé comme devant donner la priorité à la contradiction principale. Par rapport à la décolonisation, l’indépendance devait permettre de tout régler. Les mouvements de femmes ont affirmé qu’elles n’étaient pas une contradiction secondaire et qu’elles ne subordonneraient pas leur lutte à une autre. A leur suite, tous les mouvements ont affirmé la légitimité de leurs luttes comme de toutes les luttes contre toutes les oppressions.
* Ce texte est un extrait d’une intervention de Gustave lors du séminaire organisé par Échanges et Partenariat, juillet 2015.