Édition du 17 décembre 2024

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Syndicalisme

La réunion du conseil fédéral la FNEEQ visant à la totalité de la lutte sociale

Ce n’est pas toujours le cas qu’un organisme syndical dépasse les immédiatetés de la lutte pour intégrer la lutte sociale dans sa totalité. Ce texte vise à souligner un tel cas constaté lors du dernier congrès de la FNEEQ.

Kaveh Boveiri

La réunion du conseil fédéral de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec tenu à Trois-Rivières du premier au trois décembre dernier, a été une occasion pour les membres de différents syndicats de cette fédération de se voir en présentiel, pour la première fois depuis le début de la pandémie. Les enjeux discutés ont pris la teinte de ce virus dans la mesure où les enjeux traités allaient audelà de l’amélioration de la condition du travail ou du salaire, thèmes toujours présents dans les syndicats militants. Ce court texte vise à souligner les manières dont ce conseil fédéral de la FNEEQ a réussi à transcender, sans les oublier, ces enjeux immédiats typiques de la lutte de la classe ouvrière.

La mise en cause du système d’éducation actuel en est une première illustration. Ce sujet de discussion fut introduit notamment par les enseignants des sciences humaines au Québec qui sont bien au fait du manque d’enthousiasme de leurs étudiants pour ces sujets jugés inadéquats face à l’utilitarisme immédiat, la marchandisation et le clientélisme de l’éducation. Selon ce critère triple, seuls les sujets qui répondent à un besoin immédiat de la société, qui sont à la mode sur le marché, et intéressent les clients plutôt que les étudiants, ont une valeur. La rentabilité économique est priorisée au détriment de la rentabilité politique et sociale quasi oubliée. Cette caractéristique alarmante du système d’éducation actuel a été le sujet de la discussion à plusieurs reprises pendant le congrès.

La mise en contexte de la lutte des travailleurs en éducation dans d’autres luttes apparemment loin, dont celles des travailleurs d’hôtellerie, est un autre exemple du dépassement remarqué lors de ce congrès. D’ailleurs, l’applaudissement de la salle en présence de trois syndicats de travailleurs d’hôtellerie en témoigne. Il s’apparentait à l’enthousiasme d’un public face à un événement exceptionnel qu’on souhaiterait voir plus souvent. C’était une expression intense de solidarité offerte par la FNEEQ comme un don à ces syndicats.

L’intention de ce geste concret fut d’ailleurs reprise pour intégrer d’autres volets de la lutte sociale. Nous nous limitons à trois points. Le premier est la priorité que FNEEQ attribue à un enjeu touchant et loin d’être résolu au Québec, soit le problème du logement. La Fédération a accueilli chaleureusement un représentant du Réseau solidarité Itinérance du Québec (RSIQ) et une autre du Front d’action en réaménagement urbain (FRAPRU). Elle a affirmé sa solidarité avec l’action de ces organismes tant verbalement qu’avec des dons. En deuxième lieu, l’invitation de Viviane Michel, présidente de Femmes autochtones du Québec est peut-être un point culminant de ce dépassement. Avec sa modestie incroyable, son honnêteté, son humour, son langage simple et transparent, son propos concret, cette femme militante a remarquablement captivé son auditoire. La FNEEQ a répondu en accordant un don à cet organisme. Mais bien que la présentation de Viviane Michel ait probablement été la plus touchante, le cas le plus triste soulevé par la FNEEQ réside dans un lieu très loin : Haïti. Et en accordant un don substantiel pour améliorer la situation horrifique actuelle de ce pays, la FNEEQ a démontré une approche progressiste qui ne néglige aucun volet de la lutte de la classe ouvrière globalement en voyant plus loin que les demandes économiques immédiates bien qu’elles demeurent tout de même primordiales.

Les exemples sont encore nombreux mais il apparaît déjà évident que cet organisme syndical a admirablement intégré la lutte sociale dans sa totalité.

Certes, un autre fournisseur de café que Starbucks aurait pu être choisi et l’eau servie aurait pu être en verres, du robinet, plutôt qu’en bouteilles. Cependant ces points logistiques (obligés en raison de la COVID) apparaissent négligeables comparés à l’achèvement de ce conseil fédéral, un achèvement qui incarne le slogan du congrès de cette année : « La parole est aux actes ».

À propos de l’auteur : Kaveh Boveiri est membre du syndicat des chargés de cours de l’Université de Montréal où il enseigne, et membre du comité de mobilisation du Conseil Central du Montréal Métropolitain (CCMM-CSN). Cependant, dans ce texte, il ne représente ni l’un ni l’autre.

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