Vous me répondrez que vous auriez bien aimé défendre votre point de vue au conseil des ministres. Mais vous avez dû mettre vos convictions sous le boisseau par solidarité ministérielle. En effet, le programme du Parti québécois ne va pas dans ce sens, et ce depuis le démarrage de l’industrie éolienne à la fin des années 90.
Vous souvenez-nous qu’en octobre 2006 vous aviez réussi à faire adopter par le Conseil national du PQ une résolution préconisant la nationalisation de l’énergie éolienne ? Mais jugeant cette dernière « trop audacieuse », le chef du temps, André Boisclair, avait refusé de s’y soumettre. Depuis lors, la position de votre parti n’a pas changé d’un iota.
Il y aussi eu l’incident de septembre 2013 où vous avez refusé de vous dissocier des propos de l’ex-député Daniel Breton dénonçant les investissements étrangers dans le secteur de l’éolien au Québec. Votre position a créé un imbroglio et un de vos sous-ministres s’est permis de vous contredire. C’est donc dire que votre poids n’était pas bien lourd au sein du cabinet comme on l’a constaté notamment dans le dossier des redevances minières où le ministre des Finances, Nicolas Marceau, vous a damé le pion. Puis s’en sont ensuivies les décisions du gouvernement sur l’exploitation pétrolière de l’île d’Anticosti alors que vous avez dû avaler d’autres couleuvres.
Madame Ouellet, ci-devant ministre des Ressources naturelles, vous êtes une femme intelligente et honnête. Personne n’a jamais pensé que vous êtes restée au cabinet pour conserver votre limousine ministérielle. Il est trop tard pour mettre fin à la contradiction entre vos paroles et vos actes qui a été étalée publiquement durant votre mandat comme ministre. Mais j’espère que vous réalisez maintenant que vous avez servi de caution à un parti qui se prétend faussement progressiste et écologiste. Ne croyez-vous pas qu’il est grand temps, si vous désirez conserver votre crédibilité déjà entachée, d’adopter un véhicule qui corresponde mieux à votre vision ; que ce soit un autre parti ou un mouvement citoyen voué à la défense de l’environnement ?
Paul Cliche,
Montréal, 28 avril 2014