C’est indubitablement le parti le plus à droite élu au fédéral depuis que les Conservateurs de RB Bennett ont été au pouvoir entre 1930 et1935. Le contexte de crise globale va les amener à poursuivre leurs objectifs de façon vigoureuse. Ils sont idéologiquement dévoués à l’expansion des profits et du pouvoir du capital (tant au niveau des marchés que de l’appareil d’état) et ils vont faire vivre au secteur public des coupures, de la privatisation et l’introduction des forces du marché dans les services publics.
Ils continueront de s’opposer à toutes les initiatives significatives pour réduire les émissions de gaz à effet de serre qui sont à la source des changements climatiques. Ils sont partisans d’une politique d’immigration raciste basée sur un nombre croissant de personnes admises avec des visas de travail temporaire et sur la décroissance du nombre de personnes admises comme résidents permanents et d’une politique étrangère agressive en tant qu’allié des États-Unis. Leur base militante comprend les éléments les plus réactionnaires, sexistes et hétérosexistes de la société, et ils exercent des pressions pour imposer leurs vues.
2. Les Conservateurs ont gagné une majorité de sièges non parce qu’ils ont convaincu une plus grand nombre de personnes de les soutenir, mais parce qu’ils ont su profiter des particularités de cette version de la démocratie capitaliste qu’est le système uninominal à un tour. Les Conservateurs ont gagné 37,7% du vote populaire en 2008 et 40 % en 2001. Il n’y a pas eu un tournant majeur dans la population mais dans la distribution des sièges à la Chambre des communes.
3. Avec 31% du vote, le NPD atteint son plus haut score (plus de 17,5% de plus qu’en 2008). Cela représente un changement majeur dans les choix de vote pour une très importante partie de la population qui soutient les réformes sociales mineures et défend les programmes sociaux existants dans le cadre du consensus néolibéral définissant les politiques officielles (dont les fondements est la « responsabilité fiscale et l’élimination du déficit »), particulièrement au Québec. Il est significatif que tant de gens aient voté pour un parti perçu comme à gauche.
Mais le NPD a mis de l’avant une plate-forme plus modérée que jamais, dont l’objectif est de remplacer les Libéraux comme le principal parti et comme une alternative à 100% respectable face aux Conservateurs dans la gestion du capitalisme canadien – et non comme un parti social-démocrate s’opposant aux partis du grand capital. C’est pourquoi le soutien au NPD en 2011 n’a pas le même sens que le soutien au NPD aux élections fédérales de 1988 (alors que le NPD avait obtenu 20% du vote, un sommet à ce moment là).
Alors, face aux pressions populaires opposées au libre-échange canado-américain, la campagne menée contre cette entente par Ed Broabent s’opposait aux conservateurs (pro-libre échange) comme étant le parti de Wall Street alors que les libéraux (qui était opposé au libre-échange) était le parti de Bay Street. Rien de tel ne s’est manifesté cette fois-ci. Malheureusement, le vote NPD en 2011 ne représente pas un tournant significatif vers la gauche dans les perceptions du monde du travail ni la croissance d’un quelconque radicalisme dans la société.
4. Les manœuvres des Conservateurs menées depuis fort longtemps pour imposer leurs politiques sans restrictions aucune a soulevé la consternation et l’indignation. Cela a approfondi la polarisation qui peut créer des occasions de mobiliser la résistance contre les attaques de ce gouvernement. Mais de sérieux problèmes du mouvement ouvrier rendront difficiles de canaliser cette colère et cette indignation dans une résistance militante de la classe ouvrière syndiquée ou non syndiquée.
5. La direction du NPD est complètement imbue de crétinisme parlementaire, pour utiliser une vieille expression socialiste, et nous pouvons nous attendre à ce que les députés du NPD critiquent les Conservateurs mais qu’ils ne fassent rien pour mobiliser la population dans les rues et sur les lieux de travail pour essayer d’arrêter les attaques conservatrices. Des grèves majeures contre des coupures dans le secteur public ou de grandes protestations seront probablement considérées par les dirigeants du NPD fédéral de la même façon que leurs pendants provinciaux ont traité les journées d’action en Ontario (1995-1999) et les grèves politiques du secteur public et les quelques « Journée de protestation » en Colombie-Britannique entre 2002 et2005 : une opposition discrète des fidèles du NPD au niveau des bureaucraties syndicales engagées dans un sabotage total de ces actions.
6. Pour tous ceux et celles qui s’opposent de tout cœur au néolibéralisme, le principal défi est de se lier aux gens qui sont indignés par ce que font les Conservateurs et qui veulent des actions pour en finir avec ces attaques. Il sera essentiel de s’opposer aux coupures (plutôt que de demander de plus petites coupures) et aux mesures racistes et anti-immigrantes qui auront un certain soutien parmi les gens qui s’opposent aux politiques conservatrices. Attendre 2015 pour pouvoir jeter les Conservateurs hors du gouvernement est une recette pour la démoralisation et la défaite. Nous devons initier une opposition résolue et mobilisée dans les rues, sur les lieux de travail, sur les campus sans compter sur le NPD et ce qu’il pourrait faire.
7. Pour combattre les Conservateurs, nous avons besoin d’une gauche qui voit l’action collective de lutte comme l’essentiel et qui ne réduit pas la politique aux élections. Cette gauche – la gauche radicale- est à son plus bas dans l’État canadien. Si, avec une nouvelle vague de protestations, cela peut créer de nouvelles occasions de croissance pour la gauche radicale (bien que cela ne soit pas assuré comme les expériences de résistance contre les coupures en Ontario et en Colombie-britannique l’ont démontré). Pour tirer profit de telles occasions, les radicaux doivent trouver les façons de dépasser leur fragmentation, leur marginalisation et leurs divisions politiques.
(traduction Presse-toi à gauche !)
(tiré du blog de New Socialist)