La littérature africaine se démarque
Cela s’est particulièrement remarqué au niveau de la francophonie africaine qui a franchi un important jalon pour la reconnaissance internationale de sa littérature. Le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a obtenu le très prestigieux prix Goncourt pour son œuvre : La Plus Secrète Mémoire des hommes. Conscient qu’il venait de placer une nouvelle borne sur le chemin de la littérature francophone internationale, il a affirmé en recevant ce prix qu’il s’agissait d’un signal important pour les écrivains de l’Afrique subsaharienne, qui sont, selon ses mots, « un réservoir incroyable de talents qui ne demandent qu’à être plus connus. » Parmi les nombreux autres récipiendaires de prix d’importance récemment donnés à d’autres auteurs africains, il faut mentionner le Sénégalais David Diop qui a reçu l’International Booker Prize pour la version anglaise de son livre : Frère d’âme. Non seulement la littérature francophone africaine perce au niveau international, mais elle est honorée même dans ses traductions.
La francophonie scientifique s’affirme
Un autre jalon a été posé au niveau des scientifiques francophones. L’Agence universitaire de la francophonie (AUF), lors de l’assemblée générale tenue du 21 au 24 septembre à Bucarest, en Roumanie, a mis en valeur la « francophonie scientifique », un concept qu’elle veut fédérateur et inclusif qui concerne les systèmes éducatifs dans leur ensemble. L’Agence exprime cette vision mondiale dans sa nouvelle stratégie 2021-2025 : L’AUF révélateur du génie de la francophonie scientifique. Ce document synthétise les résultats d’une consultation ayant mobilisé 139 collaborateurs dans plus de 50 pays de juillet à octobre 2020. Le recteur de l’AUF, Pr. Slim Khalbous, y affirme en introduction qu’il « traite de la difficulté de la valorisation de la recherche francophone, expose le défi de l’employabilité des diplômés universitaires francophones ainsi que l’entrepreneuriat étudiant, revient largement sur la transformation numérique et la gouvernance des structures éducatives et universitaires francophones, détaille les besoins en Formation des formateurs en langue française, insiste sur l’importance de l’internationalisation des universités et de leur ancrage local dans l’espace francophone, et enfin il interroge la Francophonie scientifique de demain. » Ce document stratégique de 232 pages est disponible gratuitement sur le site de l’AUF.
Une francophonie encore plus pertinente
La Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, signait à Genève le 14 avril dernier une entente avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui prévoyait d’intensifier une collaboration dans la promotion de l’équité en matière de vaccins, la lutte contre le paludisme et la santé des populations en général. C’est une importante reconnaissance de l’utilisation de la langue française dans le domaine de la santé. En plus d’améliorer la lutte contre les maladies en Afrique, cette entente doit aussi permettre une collaboration pour la mise en place de l’Académie de l’OMS à Lyon, en France, devant former des agents de santé dans le monde entier. L’OIF joue donc maintenant un rôle de soutien à la croissance mondiale puisque les manques sanitaires, particulièrement en Afrique, ont été identifiés comme en étant des freins.
La croissance de la francophonie a aussi été évidente fin août quand des organismes patronaux de 31 nationalités se sont réunis en France. Près de 600 chefs d’entreprises s’y sont concertés pour bâtir une véritable communauté économique francophone. Les délégations patronales ont d’ailleurs signé dans la matinée du 24 août une déclaration commune visant le renforcement de la francophonie économique.
Le futur prometteur de la Francophonie
Le français est la troisième langue dans le monde au niveau des affaires, la quatrième sur Internet et la cinquième parlée, et ce, sur cinq continents. Il est une des langues officielles des Nations Unies (ONU), de l’Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA), sans compter le Comité olympique international (CIO). Principalement en raison des taux de natalité dans les pays africains, il est estimé qu’il y aurait près de 820 millions de francophones en 2050. Ils devraient alors représenter environ 8 % de la population mondiale. C’est plus du double du nombre actuel.
Cette croissance exceptionnelle nécessite que soient rapidement mises en place des infrastructures permettant à tous ces francophones de vivre dans le meilleur monde possible. En ce sens, l’AUF attaque sur tous les fronts en ce début 2022. Le 8 mars, en association avec Université du Québec à Montréal (UQAM), ses dirigeants annonçaient qu’ils lançaient l’Observatoire francophone pour le développement inclusif par le genre (OFDIG). Cet Observatoire tentera de corriger une situation identifiée comme préoccupante par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). C’est que, selon la tendance actuelle, il faudra 202 ans pour combler l’écart économique entre les femmes et les hommes sur la planète.
L’Agence se démarquait aussi deux jours plus tard. En mission à Bujumbura, sa directrice régionale pour l’Afrique centrale et des Grands Lacs, Aissatou SY Wonyu, présentait le 10 mars sa stratégie quadriennale 2021-2025 qui touche autant l’évolution numérique de ses membres que la recherche, la pédagogie, le réseautage et l’employabilité des francophones. L’AUF aidera les jeunes étudiants burundais en mettant en place un réseau d’assistance et en ouvrant d’autres centres universitaires de la francophonie (CUF) au Burundi. Est visée une augmentation de l’interconnexion entre les centres burundais et les autres centres universitaires internationaux de la francophonie.
En ajoutant à ces implications la mobilisation des chefs d’entreprises francophones du monde entier appuyés par l’OIF, le déploiement des forces de la francophonie mondiale pourrait ressembler en ce début 2022 à un rayon de soleil dans un ciel qui semble plutôt orageux pour l’humanité.
Michel Gourd
Un message, un commentaire ?