Édition du 1er avril 2025

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Politique canadienne

La course à la chefferie du NPD. À Québec, l'impasse du social-libéralisme par temps de crise

Ce dimanche, 12 février, on était à peine 400 personnes venues écouter les candidat-e-s engagés dans la course à la chefferie du Nouveau Parti Démocratique.

Si on pensait soustraire le personnel du parti, les représentant-e-s des médias, les équipes de chaque candidat-e, le caractère pitoyable de cette salle à demi-vide n’annonçait rien de bon pour le Nouveau Parti démocratique. D’ailleurs, les personnes présentes importaient peu. Elles n’avaient pas droite de parole. Elles n’avaient pas le droit de poser des questions. Elles n’avaient pas le droit d’applaudir sauf à la fin du débat. Elles faisaient partie du décor. Pourquoi ? Parce que la rencontre était télédiffusée en direct et c’est cette télédiffusion qui importait.

Toutes les questions étaient posées par une animatrice professionnelle venue d’Ottawa. D’où les sortait-elle ? Ces questions avaient-elles été négociées par les candidat-e-s ? On l’ignore. La faible maîtrise du français de plusieurs candida-t-es ajoutait un élément de plus à la dimension hors sol de l’exercice. Rien pour nous faire croire à une volonté d’enracinement de cette formation politique au Québec. On avait choisi comme thème du débat : le Canada sur la scène internationale.

Malgré deux heures d’échanges, les débats n’ont pas réellement émergé. On a pu comprendre que Thomas Mulcair ne voulait pas d’une réforme sérieuse de la fiscalité pour la rendre plus progressiste. On a aussi compris que la remise en question des sables bitumineux n’était pas dans ses projets. Il a gardé un silence total sur sa politique au Proche-Orient et n’a pas dit un mot sur la question palestinienne alors qu’il était invité à le faire par une candidate Niki Ashton.

Si les confrontations se sont concentrées essentiellement sur des déclarations visant à mousser les compétences de chacun-e, les démarcations divisaient ceux et celles qui défendaient d’abord une fidélité à la tradition néo-démocrate et ceux qui, particulièrement, Mulcair, laissaient supposer la nécessité d’un recentrage, si on voulait sérieusement que le NPD forme le prochain gouvernement et qu’il puisse remplacer le parti historique de la bourgeoisie canadienne, le Parti libéral du Canada.

Pour ce qui est de la position du Québec dans la politique du NPD, il n’en sera que marginalement question. Ce n’était pas le thème de la discussion. On s’est limité à des déclarations d’ouverture au Québec comme le Québec s’en ai si souvait fait servir. Le thème du fédéralisme asymétrique et de la déclaration de Sherbrooke a bien été évoqué, sans plus. Un autre quasi consensus qui n’a en rien été explicité et qui n’a pas marqué les échanges.

Au Québec, le NPD est la créature d’un vote de circonstance car il est apparu à beaucoup comme une bonne façon de bloquer les Conservateurs et leurs politiques. Depuis, son élection, il s’avère incapable de s’appuyer sur sa députation pour relever le défi de l’enracinement. Congélé par sa course à la direction, le NPD n’a ouvert aucun chantier sur la question nationale du Québec, il n’offre rien de précis pour faire face à la crise économique et à la désindustrialiation, il se montre plus que timide devant les défis écologiques. Il se définit d’abord comme le défenseur des acquis sociaux et du passé « progressiste » du Canada. Il ne veut surtout pas questionner le pouvoir de l’oligarchie régnante dans ce pays. Rien pour soulever un quelconque enthousiasme.

Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

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