La créativité musicale au Québec a connu une régression artistique profonde au cours des dernières années. AspiréEs par l’industrie, les créateurs et créatrices se retrouvent devant le dilemme d’obtenir une visibilité maximale par l’entremise de grosses boîtes de promotions comme Spectra ou Select ou bien être marginaliséEs dans l’entonnoir de l’industrie des arts de la scène. Bien sûr, quelques individus pourront, à force d’efforts et s’appuyant sur des créations originales, connaître un certain succès. Mais ils et elles seront tôt ou tard confrontéEs aux règles de l’industrie. Celles-ci sont simples : offrir des productions accrocheuses qui peuvent se vendre rapidement, consentir à céder les droits sur leurs créations pour toutes sortes d’usages commerciaux et promouvoir leurs productions dans le cadre du marketing conçu par l’industrie.
Outre l’objectif de garnir les bancs du futur Colisée de fans prêts à défiler les dollars pour acheter le dernier spectacle de Marie-Mai ou pour le premier show du petit dernier de Star Académie, pourquoi PKP tient-il tant à compter dans son offre les « talents » de ses artistes ? Parce qu’une fois instrumentaliséEs, ces derniers deviennent le sujet qui peut maximiser l’utilisation des autres plate-formes de Québecor. « Nous allons mettre toute notre "machine" au service de cet amphithéâtre pour en faire un succès. Je pense entre autres aux artistes de la région de Québec qui sont distribués par notre filiale Select tels les Lost Fingers et Jonathan Roy » avant de souligner que « bien sûr, il comptait amener les Star Académie, les Marie-Élaine Thibert, les Marie-Mai » pour les faire « contribuer à la rentabilité du projet ».
Devant une telle liste d’artistes tous plus originaux les uns que les autres, il faut se questionner sur les effets de la présence de ces géants de l’industrie du cash sur le dos de la création. Les œuvres musicales francophones sont de plus en plus formatées pour la diffusion radiophonique. Elles font preuve d’un conformisme gênant même pour le/la mélomane moyenNE. Elles sont interchangeables à volonté. Lorsque la diffusion d’un artiste a atteint le seuil du trop-plein, il peut être remplacé par un autre qui remplira le même créneau. Plusieurs se limitent à reprendre les succès d’autres artistes en les enrobant d’un nouveau vernis. Il s’agit là d’une des facettes de cette nouvelle industrie des arts jetables, inspirée des tendances de la consommation maximale et rapide qui permet de maximiser les profits du promoteurs. L’artiste dont l’oeuvre ne correspond pas à cette recette est généralement réduit au silence et marginalisé.
PKP et Québecor comme gestionnaires du nouveau Colisée nous promettent une fournée de productions artistiques formatées. À tous ceux et celles qui ont développé le goût pour des formes originales d’arts, pour des créations qui interpellent et qui confrontent comme ce devrait être toujours le cas, cet endroit n’est pas conçu pour vous.