Édition du 12 novembre 2024

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Environnement

Un documentaire à voir...

La Ripaille (vidéo)

Dans les coulisses du pouvoir, élus et lobbyistes s’entendent comme larrons en foire.

Montréal, 29 mai 2014. Une semaine avant le dépôt du premier budget du gouvernement Couillard, un souper gastronomique gaspésien rassemble quelques « invités d’honneur ». Dans les coulisses du pouvoir, élus et lobbyistes s’entendent comme larrons en foire. Se gavant de mets délicats et de mauvais jeux de mots, ils se partagent une région en échangeant des promesses et des millions. Business as usual : les grandes décisions se prennent à l’abri de la population. Alors que les coupes s’accumulent sur la table du Premier ministre, le constat n’a jamais été aussi clair : l’austérité, c’est pour les autres.

L’auteur est documentariste.

LA RIPAILLE (bande-annonce 2) from Moïse Marcoux-Chabot on Vimeo.

Table d’honneur

Philippe Couillard, premier ministre du Québec

Christian Gagnon (et sa conjointe), PDG de Ciment McInnis

Alexandre Gagnon, PDG de Pétrolia

Maurice Quesnel, Directeur général de la Chambre de commerce Baie-des-Chaleurs

Jean-Marie Perreault, Président de la Chambre de commerce Baie-des-Chaleurs

Françoise Bertrand, Présidente de la Fédération des Chambres de commerce du Québec

Roch Audet, maire de la ville de Bonaventure

Jonathan Lapierre, maire des Îles-de-la-Madeleine

À propos du tournage

« Le 29 mai en fin d’après-midi, on m’a transmis le carton d’invitation d’un souper gastronomique gaspésien organisé par la Chambre de commerce Baie-des-Chaleurs, qui allait se dérouler à Montréal quelques heures plus tard. Comme je travaille depuis un moment à documenter les enjeux environnementaux de la péninsule gaspésienne, j’ai été intrigué par la présence du premier ministre Philippe Couillard à cette soirée. Je me suis dit qu’il serait intéressant de filmer l’événement et voir qui est prêt à payer 250$ par personne pour souper en compagnie du nouveau chef du Parti libéral du Québec.

Je me suis rasé, j’ai rassemblé en vitesse mon équipement et me suis présenté sur place, au chic Birks Café, alors que les Canadiens de Montréal jouaient leur dernier match des séries quelques rues plus loin. J’ai tenté ma chance et me suis présenté à l’organisateur de la soirée, Maurice Quesnel, lui indiquant mon intention de filmer les allocutions des invités d’honneur et lui demandant permission pour ce faire. Une journaliste et un caméraman de Radio-Canada attendaient déjà à l’entrée pour la même autorisation, que nous avons obtenue à l’arrivée de l’équipe du cabinet de M. Couillard.

L’équipe de Radio-Canada a toutefois quitté rapidement, préférant couvrir un fait divers ailleurs en ville. Pour ma part, ayant reçu la permission sans conditions de M. Quesnel, j’ai passé les heures qui ont suivi à naviguer entre les tables, les serveurs et les convives, captant les discours et l’ambiance de cet événement particulier. »

À propos du titre

RIPAILLE, n.f :

« Repas où l’on mange beaucoup et bien. »
– Le Petit Robert

FAIRE RIPAILLE :

« L’expression “faire ripaille”, apparue en 1585, trouve son origine dans un fait historique. Amédée VIII, duc de Savoie, affligé par la mort de son épouse, Marie de Bourgogne, renonça à la tiare pontificale et décida de vivre une vie d’austérité et de méditations dans un prieuré. Pour cela il fera agrandir le château de Ripaille par la construction de 7 tours et de 7 appartements et y crée un prieuré en souvenir de la mort de son père. Cependant s’il avait fait voeu de chasteté, il faisait de véritables festins entouré de ses seigneurs et compagnons de route. Les banquets ne manquaient pas et le vin de Savoie était servi en abondance. Ainsi l’expression “faire ripaille” est passé dans le langage courant pour désigner un festin, le plus souvent bien arrosé. »

« Tous ceux qui étaient admis dans ce séjour de plaisir étaient logés avec magnificence ; on allait, dit-on, au-devant de tous leurs désirs ; les vins les plus généreux et les mets les plus exquis couvraient leurs tables, et les jeux ou le doux repos succédaient aux jouissances gastronomiques. On voit qu’Amédée et les siens vivaient là plus en honnêtes épicuriens qu’en véritables ermites. […] Six de ses courtisans, comme nous l’avons dit, embrassèrent cette vie religieuse, dont toute l’austérité ne consistait que dans l’extérieur. »
Nouvelles recherches sur le dicton populaire « faire ripaille », par Gabriel Peignot, 1875

Ce qu’on en dit

« C’est un film important pour le Québec. Il explique à lui seul, en 11 minutes seulement, la situation économique, sociale et culturelle de la province. Un tour de force de montage vidéo, à un rythme effréné les images et les déclarations chocs se succèdent. Chaque seconde est cruciale. Chaque mot, chaque phrase est porteuse d’un mépris crasse. L’explication la plus élémentaire des agissements des politiciens. Un film vrai, unique et intelligent qui sait saisir le présent. »
 Charles Hachey, 26 décembre 2014, Le Mouton Noir

« Il n’y est pas question de policiers corrompus, plutôt de politiciens, ici attablés tels les big shots du Temps des bouffons de Pierre Falardeau pour un souper en l’honneur de la profanation d’un territoire fertile en matières premières, la Gaspésie. Vingt ans après les crottés du Beaver’s Club, revoici les mêmes faces complaisantes, boursoufflées d’un rire gras suintant l’opulence, les mêmes jokes plates, la même hypocrisie à ciel ouvert, aucunement dissimulée, tellement tout le monde s’en fout. »
 Jason Béliveau, 16 février 2015, Le Quatre Trois

« Le document n’avait pas eu un grand retentissement à l’époque, mais le contexte d’aujourd’hui lui redonne toute sa pertinence. […] C’est ce qui agace dans la posture actuelle de M. Couillard. Le manque d’explications. Sa fuite. Son déni de ses positions antérieures. Son incohérence. Il rejette le pétrole, mais bénit la cimenterie de Port-Daniel qui deviendra le plus gros pollueur de l’histoire et qui, ironiquement, carburera aux résidus d’hydrocarbures. »
 François Bourque, 17 février 2016, Le Soleil

Générique

Recherche, son, image et montage :
Moïse Marcoux-Chabot

Trame sonore originale :
Sylvain Picard

Illustration de l’affiche :
Audrey Larouche

Productions :
Ceci n’est pas un film 2014

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