De Paris, Omar HADDADOU
Ça se joue dans un mouchoir de poche !
La levée de boucliers et guerre de communiqués interposés entre le camp présidentiel d’Emmanuel Macron et la Nupes, menée par l’Insoumis Mélenchon, au lendemain de l’annonce des résultats des élections législatives par le Ministère de l’Intérieur, a fait la Une des médias français. Avec plus de 20.000 voix d’avance, la coalition présidentielle devance d’un infime empan la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale, 25,66 % des intentions de vote contre 25,75 %. Un score aussitôt dénoncé par Manuel Bompard, Directeur de campagne présidentielle de l’Insoumis Mélenchon, accusant le locataire de la Place Beauvau, Gérard Darmanin, de recourir à « une nouvelle manipulation ».
Le candidat de la Nupes dans les Bouches - du- Rhône, revendique 6.101.698 voix pour sa coalition et n’hésite pas à pointer du doigt le Ministre de l’Intérieur sur le décompte effectif. La saisine du Conseil d’Etat est déjà engagée et sa volonté de mettre au jour une supposée fraude, ne faiblit pas : « Darmanin arrange les résultats à sa sauce pour satisfaire le Pouvoir », s’insurge -t-il, face aux médias. Au cours de ces empoignades politiques, le mot « triche » est lâché par l’Eurodéputé EELV, David Cormand à la radio, comme une grenade dégoupillée dans un espace clos. La presse s’en est saisie derechef : « Ils avaient déjà triché en refusant de mettre une nuance Nupes. On comprend mieux d’ailleurs depuis hier soir pourquoi. C’est le Conseil de l’Etat qui avait contraint le Ministre de l’Intérieur à mettre cette nuance. Ils ont triché ! »
Le ton est monté d’un cran dans les deux camps, et risque de devenir acerbe au fil des heures avant le 2ème tour de ces législatives à couteau tiré, prévues le 19 juin 2022 où l’on connaîtra le nom des 577 députés et ceux de la majorité qui siègeront à l’Assemblée nationale pour les cinq années avenir. Le rappel à l’ordre, hier, du président du groupe la République en Marche (LREM), illustre parfaitement la profondeur de l’antagonisme frontal au sein de la future Assemblée nationale et des clivages intestins qui profitent à Bayrou et Edouard Philippe, pièces-maîtresses pour la consolidation du socle présidentiel : « Ne cherchons pas à rajouter du complot à la culture complotiste qu’on connait dans la France insoumise » s’encolérait le président du groupe LREM à l’Assemblée nationale.
Ce premier round souffre -t- il de manœuvres indélicates ?
Pour la Nupes, il n’y a pas l’once d’un doute et c’est à son leader Jean-Luc Mélenchon qu’échoit l’honneur de crier haro sur l’indélicatesse procédurale en parlant de « bidouille » de Darmanin pour « masquer la lourde défaite du parti macroniste ». A ce propos, le prétendant au perchoir du Palais Bourbon, déclare vivement :« Je laisse le plaisir de la bidouille à Monsieur Darmanin. Depuis hier soir qu’il essaie de tripoter les chiffres. Tout ça, c’est fait pour masquer le fait que le parti macroniste subit une lourde défaite. Il y a une intention que nous ne pourrions pas y arriver. Et ben, si ! Je sais que c’est une manœuvre. Le pire, ce n’est pas leur bidouille, c’est l’impossibilité d’avoir un débat sur la retraite à 65 ans, sur le travail forcé, le RSA, le budget caché de 80 milliards d’euros, sur l’eau, sur les 25 millions d’abstentionnistes… ».
En déplacement ce lundi 13 juin au salon international de défense Eurosatory, Emmanuel n’a pas souhaité s’exprimer sur les résultats du premier tour, quand Mélenchon fait part de sa détermination de mobiliser, dès demain, ses militants (es), notamment les jeunes en vue d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale. Il promet, une fois aux affaires, un gel des prix, une augmentation du Smic (1500 euros) et une revalorisation de l’indice des fonctionnaires, un débat sur la retraite à 60 ans, la titularisation des 800.00 contractuels de la fonction publique, ainsi que d’autres mesures phares, frappées du sceau de la Justice sociale !
O.H
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