Non seulement l’objectivité de cette pratique est questionnable, mais celle-ci laisse en silence les résultats des dernières recherches scientifiques qui confirment que le Bti est plus offensif qu’on ne le prétend. En 2022, aucune situation sanitaire ne justifie un insecticide de confort ! Alors pourquoi les gouvernements appuient-ils le Bti ?
Au Canada, c’est l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) qui est chargée d’homologuer les pesticides, dont le Bti. En lisant l’historique des autorisations, on s’aperçoit qu’aucune mise à jour des résultats scientifiques n’a été effectuée depuis des dizaines d’années. Alors que la Cour d’appel fédérale, suite à des pressions faites par le « Safe Food Matters », a demandé à l’ARLA le 2 février dernier de revenir en arrière sur l’autorisation du glyphosate et de réexaminer ses positions, on se demande s’il faudra utiliser les mêmes moyens contre le Bti. Afin de stopper l’épandage d’un produit dont la majeure partie des ingrédients est protégée par le secret industriel, il est urgent que l’ARLA revoie sa façon de faire, fasse ses devoirs et écoute la science au lieu de continuer à subir les pressions de l’industrie.
Contradictions de 2 ministères : le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) nous dit que « lorsqu’une municipalité décide d’utiliser le Bti comme moyen, elle est soumise à un processus d’autorisation rigoureux et de l’avis du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), lequel tient compte des impacts du Bti sur les espèces et les écosystèmes sensibles ». Pourtant, ce dernier ministère, dans son dernier rapport sur le Bti, soit le document "Orientation relative au contrôle des insectes piqueurs à l’aide du Bti”, préconise le principe de précaution et l’utilisation d’alternatives, et ce, suite à des études récemment publiées qui démontrent des effets directs et indirects du Bti sur d’autres espèces.
Pourquoi le MELCC persiste-t-il à faire fi des recommandations du MFFP ? Y aurait-il un lobbyisme efficace qui aiderait le MELCC à plus de “souplesse ” ? C’est ce que le MFFP semble dire dans le même document mentionné plus haut soit « que le lobbying par les différents acteurs influence la prise de décision. »
Chiffres cachés ou ignorés ? Autre fait dérangeant venant du MELCC : ce dernier nous dit que seulement une trentaine de municipalités ont recours annuellement aux services d’arrosage au Bti. Cependant, suite à des recherches exhaustives et rigoureuses, nous arrivons à un total de 103 municipalités touchées d’une façon ou d’une autre par l’épandage de ce pesticide. Parmi les 39 municipalités qui ont obtenu un certificat d’épandage, on en retrouve 21 autres regroupées dans ces certificats. De plus, des municipalités limitrophes à ces 60 municipalités - au nombre de 43 - qui n’ont rien demandé et même qui parfois ne sont pas au courant, se font asperger, question d’efficacité selon les détentrices de certificat.
Le MELCC prétend travailler « … constamment à réduire l’utilisation de pesticides au Québec, autant en milieu agricole qu’en milieu urbain.” Qu’en est-il alors du Bti ? Alors qu’un ministère ne respecte pas les recommandations de l’autre, on constate de plus en plus un manque de transparence et de cohérence. Il est facile de conclure que le gouvernement favorise d’autres intérêts que ceux de protéger nos milieux humides, de stopper le déclin des insectes et des oiseaux. Il est enfin temps d’appliquer le principe de précaution face à cet insecticide de confort dont les impacts sont encore trop peu connus ! L’industrie avant les écosystèmes ?
Danièle Dugré
Christiane Bernier
Coalition biodiversité-Non au Bti
https://www.nonaubti.org
https://www.facebook.com/NonBti
Bibliographie :
Orientation relative au contrôle des insectes piqueurs à l’aide du Bti et du Bsph https://mffp.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/202004-25_DO.pdf
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