Les pressions d’une industrie délinquante
Il y a quelques mois, Greenpeace a appris par le biais d’une demande d’accès à l’information que le Conseil de l’industrie forestière et le géant Produits forestiers Résolu ont fait d’importantes pressions suite à la perte des certificats FSC de Résolu pour que Québec redore l’image de l’industrie à l’international. Dans des notes de rencontre obtenues par Greenpeace et impliquant Résolu, le Conseil de l’industrie forestière, le ministre associé aux forêts, le sous-ministre et plusieurs membres du cabinet du Ministère des Ressources naturelles, nous apprenions que « Résolu et le CIFQ suggèrent que le gouvernement lance une campagne de promotion visant à rétablir la crédibilité des pratiques forestières […] auprès des gros clients de l’industrie ».
Or, plusieurs mois après cette rencontre, après que les certificats environnementaux soient tombés, que les rapports sur le piètre état de nos forêts se multiplient, que la mobilisation autochtone pour une plus grande protection de leur territoire se concrétise devant les tribunaux, qu’une nation entière déclare sa souveraineté sur plus de 80 000 km2 et dénonce les abus de l’industrie forestière et qu’à peine 5% de nos forêts publiques sont protégées de l’industrie, voilà que l’on apprend aujourd’hui que le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs est en pleine tournée internationale pour vanter l’industrie forestière québécoise.
Cette utilisation des fonds publics pour les intérêts d’une compagnie délinquante sont-ils appropriés ?
Des actions, pas de la propagande M. Lessard
Plutôt que de se dépêcher à New York, Atlanta et Denver pour courtiser les grands acheteurs de bois américain, le ministre Lessard ne devrait-il pas aller rencontrer les Atikamekws en Mauricie, là où plus de 600 000 hectares de couvert forestier ont été perdus entre 2000 et 2012 ? Cette Nation qui revendique sa souveraineté a retiré tout consentement à l’exploitation forestière sur son territoire. Le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs est directement concerné et doit faire preuve de leadership dans ce dossier.
Au lieu de dépenser de grosses sommes pour tenter de charmer les New York Times et Home Depot de ce monde, le ministre devrait tâcher de protéger nos dernières forêts vierges pendant qu’il est encore temps. Devons-nous lui rappeler que 90% du territoire forestier québécois a déjà été coupé ou fragmenté ?
Il est grand temps que Québec protège adéquatement notre patrimoine forestier et respecte le droit des Premières Nations à un consentement préalable, libre et éclairé. C’est avec des actions concrètes que l’industrie pourra alors se vanter sur les marchés internationaux, pas avec de la propagande gouvernementale. C’est justement le manque d’actions tangibles qui a coûté deux immenses certificats FSC à Résolu après avoir accumulé 13 non-conformités majeures, dont le manque de protection des forêts vierges.
Devons-nous attendre l’annulation de contrats pour que Québec se réveille ?